Bizarrement, je me sens soulagée, puisque je sais qu'à cette heure tardive, ma mère dort bien profondément dans sa chambre. J'arrive dans le salon, après avoir passé le couloir sombre, où je vois la télévision refléter un match de boxe. Je souris, en pensant à nos petites soirées que nous faisions avant, mon petit frère, mon père et moi.

- Je suis désolée, tu sais. Je n'avais pas prévu de rentrer si tôt, mais...

- Pas besoin d'explication ce soir, Lucie. Tu es glacée. Viens donc te réchauffer avec un bon bol de chocolat chaud, et visionner ce match avec ton vieux père, me coupe t-il.

Je suis heureuse d'avoir retrouver la sûreté et les bras aimants de mon père. Ainsi que ces sourires qui vous réchauffent le coeur, en quelques secondes. Sans réfléchir, je m'installe prêt de lui, calant mon corps au sien, de sorte que je puisse poser ma tête sur son épaule. Soudainement, il passe son bras sur mes épaules, pour me serrer contre lui, et déposer ses lèvres sur ma tempe, en un léger baiser.

- Tu m'as manqué, ma petite fille.

- Toi aussi, papa, je lui chuchote tendrement.

Nous restons un moment à regarder le match, dans un silence doux et tendre. Le genre de silence qui nous met tout de suite en confiance, et nous fait sentir serein.

**

Je me réveille en m'étirant lentement, les pieds lourds et endoloris. Lorsque j'ouvre les yeux, j'ai la surprise de voir ma mère, qui me regarde fixement. Mais depuis combien de temps, est-elle ici ? Dans un geste sourd, elle soupire, puis regarde ses mains trembler nerveusement. Je ne sais pas pourquoi, mais je la sens stressée ou contrariée.

- Bonjour, ma puce.

- Bonjour, maman. Je sais que je ne suis pas censée être ici, mais...

- Tu es ici, chez toi. Passe autant de temps que tu veux, en notre compagnie, elle souffle ailleurs.

Décidément, elle n'est pas vraiment elle. Jamais ma mère, n'a été aussi douce, ou alors si gentille. Je ne la qualifie pas non plus d'horrible monstre, mais juste d'une femme à caractère. D'habitude, elle m'aurait d'abord crié dessus pour ma conduite impardonnable ces derniers jours, et ensuite fait la morale. Pour finalement, me prendre dans ses bras. Mais là, elle reste immobile, le regard dénué de toute émotion.

Précipitamment, sans que je ne comprenne pourquoi, elle se lève pour sortir de ma chambre, et refermer la porte derrière elle, sans un mot. L'inquiétude vient alors me dévaster le corps, pendant quelques secondes, avant que la raison revienne à moi. Je prends dans un geste vif, mon peignoir, que j'enfile par dessus ma nuisette.

- Ma chérie, je pensais sortir aux parc, un petit moment. Je reviendrais vite, chuchote mon père à l'autre bout du couloir.

Je fronce des sourcils, en voyant mon père dans tout ses états. En plus de ça, il ne sort plus au parc depuis longtemps. En fait, depuis l'accident de Charlie. Lorsque mon petit frère est décédé, c'est comme si plus rien n'avait de sens pour nous. Les années ont été durs et longues. C'est d'ailleurs pour ça, que je n'ai jamais vraiment eu d'amis à qui me confier. Je n'avais que les livres pour me rassurer, et me faire embarquer dans des mondes parfois meilleurs, ou alors des mondes assez identiques au mien tout compte fait. J'ai finit par oublier cette brûlure constamment entrain de me consumer. Mon père a réussit, lui aussi, à passer à autre chose, en exposant la photo de mon petit frère quand il avait six ans. Tout au contraire, ma mère n'a jamais oublié. Une tourmente qui ne cessera jamais de battre dans son corps, au même rythme que son coeur, malheureusement. D'ailleurs, ce sont les émotions de ma mère que j'ai ressenti pendant l'accident d'hier. J'ai cru que j'allais être marquée à vie, par ce manque, et cette douleur.

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