Chapitre 7

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« Rien.»

Céleste souffle plus doucement à son employeur avant de tourner le dos au noiraud qui a toujours le regard rivé sur le sol. Il ne s'était même pas relevé et il ne comprenait pas comment cela pouvait autant l'atteindre. Pourquoi se sentait-il frustré ? Pourquoi n'était-il pas satisfait ? Pourquoi cherchait-il a briser la glace dans laquelle son âme était enfermée ?

Quelques minutes suffisent à Namjoon pour comprendre ce qu'il s'est passé et il jette un bref regard à son ami avant de rejoindre la remplaçante à son poste d'accueil. C'était quelque chose qui était voué à se produire, inévitablement. Après tout, ils étaient âmes soeurs et même s'ils se détestaient, rien ne pourrait changer ça.

« Céleste, nous devons en parler. Si ce n'est pas avec lui, parlez en avec moi. »

La brune relève le regard de l'écran de l'ordinateur, lèvres enveloppant le bord sa tasse de café plus tellement chaude. Namjoon la confrontait aux faits et elle ne pouvait pas le fuir, pas lui.
Avalant peut-être un peu trop brusquement la gorgée du liquide corsé, elle souffle :

« Il n'y a absolument rien à dire à ce sujet, monsieur Kim. On ne choisit pas sur qui on tombe. »

Les larmes viennent enfin flouer la vue de la brune qui avait jusque là bloqué ses émotions.
Inspirant profondément, elle tente de faire le ménage dans son esprit un peu trop désordonné. Plus rien n'est  dans l'ordre depuis le jour où elle l'a rencontré. Soudainement, les pièces du puzzle s'assemblent.
Il ne s'agit plus d'une coïncidence ; les frissons dans l'ascenseur, la tension lorsqu'ils étaient dans la même pièce. Ce n'était pas un mauvais rêve ni une blague.

« Taehyung est une bonne personne- » Namjoon parle doucement et Céleste laisse échapper un petit rire nerveux, secouant la tête de gauche à droite. Qu'elle était drôle cette blague. « Et avec un peu de patience, vous y arriverez. Vous ne seriez pas là si ce n'était pas le destin. »

L'étudiante en droit ignore les paroles du consultant et prend une nouvelle gorgée de café, bien que celui-ci soit froid. De toutes manières, à cet instant présent, tout était froid. Il n'y avait plus aucune chaleur, son sang était glacé, ses poumons figés dans de la glace et son esprit lui était brouillé par une tempête de neige, bien trop puissante.

« Vous le saviez, n'est-ce pas ? Ce qui explique la réaction de Jimin au restaurant et la raison pour laquelle vous m'avez choisi pour ce remplacement. »

Le ton utilisé pour répondre à son employeur était un peu plus rigide que ce qu'elle voulait, mais elle savait qu'il n'allait pas lui en tenir rigueur. Pas en ce moment, pas aujourd'hui. A sa plus grande surprise, un sourire vient étirer les lèvres du consultant qui se penche sur la banque d'accueil, laissant ses coudes reposer sur le bois noir.

« Oui, je le savais. Le plus amusant est que lorsqu'on apprend à vous connaitre, il n'y a rien d'étonnant au fait que vous soyez son âme soeur. » Il humecte ses lèvres, puis reprend avec un peu plus de sérieux. « Ne pensez pas que vous n'avez pas les capacités requises et que votre statut vous ai fait passer par la voie facile. Vous méritez ce poste, vous avez beaucoup de capacités et d'autant plus de répendant. Continuez. »

Qu'elle était reconnaissante pour lui. Qu'elle était reconnaissante pour ses mots. Se décidant enfin à lui offrir un sourire en dépit de son état émotionnel, Céleste murmure un « Merci, monsieur. » aussi fragile que sincère.

« Voulez-vous rentrer vous reposer ? »

« Non, ca ira. La vie privée n'a pas à interférer dans le travail. Ne vous en faites pas pour moi. Le contrat que vous devez signer cet après-midi avec le PDG de HopeWorld sera sur votre bureau  sera prêt dans une vingtaine de minutes, Je vérifie seulement ses clauses. »

La matinée fut terriblement longue et lorsque l'écran du smartphone de la brune affiche midi, elle s'empresse de prévenir Kim Namjoon qu'elle s'en va en pause avant de prendre son manteau, son sac et de quitter le plus rapidement possible le siège de l'entreprise.

Elle le voit, de partout. Son regard perçant semble refuser de quitter son esprit. Il la hante, encore et encore. Elle cherche à comprendre pourquoi lui et pas un autre. Et que voulait dire Kim Namjoon lorsqu'il disait qu'il n'y avait rien de surprenant dans le fait que Kim Taehyung soit son âme soeur ? En quoi était-elle ne serait-ce que semblable au noiraud ? Ignorant tout sur son passage, elle pousse la porte en verre pour retrouver son havre de paix.

Il était là, lui. Il était là, comme toujours, yeux en croissan de lune et fossettes creusées dans ses joues. Il était là, son remède. Son sourire suffit à lui faire oublier une petite dizaine de seconde les évènements de la matinée.

« Quelqu'un n'a pas l'air d'aller bien.»

Le jeune coréen souffle, ouvrant les bras pour que sa meilleure amie vienne s'y réfugier. La brune ne perd pas de temps et vient enlacer la fine taille de l'homme aux cheveux noirs. Personne ne la connaissait comme lui le faisait. Elle ne pouvait rien lui cacher. Jeongguk remarquait le moindre détail, le moindre changement. Il remarquait toujours la manière dont les étoiles dans son regard s'éteignaient une à une lorsqu'elle était tourmentée, ou encore lorsque son faux sourire ne creusait pas de fossettes dans ses joues. Il remarquait lorsque sa démarche était moins enjouée, lorsqu'elle dégageait moins de confiance en elle.                               

La vie devait continuer. après tout, elle n'était pas seule. Elle l'avait lui. Tout irait bien.

Nez enfoui au creux du cou du brun, elle gardait le silence tandis que d'un geste protecteur, Jeongguk l'enlaçait. Sourcils froncés, lèvres pressées contre le haut de son crâne, sa main libre venait caresser les cheveux de l'étudiante.

« Tu veux me raconter ce qui s'est passé, noona ?»

Plusieurs secondes s'écoulent sans que Céleste ne réponde, privée de sa voix, sa bouche reste entre ouverte sans produire aucun son. Jeongguk se recule, la privant également d'un quelconque refuge. Il la dévoile, l'expose à son regard interrogateur. Ses yeux brillent à nouveau, mais la lueur qui s'y trouve laisse gouter l'amertume d'un jour de pluie.

« Pourquoi lui ? Sur sept milliards de personnes, lui.»

Il n'en fut pas beaucoup à Jeongguk pour comprendre. Il ne voulait pas lui dire que ça irait, il ne voulait pas l'invalider, gommer ses sentiments comme s'ils étaient un simple trait de crayon. Son coeur à lui aussi se compressait en une douleur incompréhensible, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi. Etait-ce pour elle ? Etait-ce pour lui aussi ?

Douce caresse vient faire disparaitre l'unique perle d'eau salée qui a réussi à s'échapper de ses iris. Regard planté dans celui de son meilleur ami, elle semble attendre qu'il vienne la sauver ou au moins apaiser sa peine. Son ange, son pilier, la créature la plus précieuse à ses yeux.  Peu importe combien cela lui faisait mal, peu importe combien prononcer ces mots étaient éprouvant, il le fit.

« Parce que c'est lui, parce que c'est ainsi. » Il souffle « Mais je suis là, toujours. »

Metanoia | KTHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant