S01 - E08 - Trip

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Je règle les commandes de vol et caresse le manche de ma bitza avec amour. Lorsque je mets les gaz, les propulseurs de décollage ronronnent comme des gros matous bien dressés et la poussée me fait prendre des dizaines de pieds en quelques secondes. Je ne balance pas le turbo tout de suite. Je profite de la vue nocturne, rose bonbon. Plein ouest, même dans la nuit, les pitons aurifères sont comme des flammes bien nourries. Ils me rappellent que j'avais prévu un pillage en règle, avant de quitter ce rocher.

J'augmente un peu les gaz et entame un virage léger, pour me diriger tout droit vers les reliefs. Un levier abaissé de plus sur mon tableau de bord, et mon canon phasique montre le bout de son nez. Ses rayons verts percent la couche d'air et viennent frapper le premier pic aurifère, tandis que mon aspirateur de vol récupère les fameuses pépites ; ma jauge de soute grimpe joyeusement. En continuant le minage, je pense aux pépètes que tout ça va me rapporter... Et au copain Pili, qui a disparu avec la cargaison mystère. Est-ce qu'il m'aurait lâché pour toucher en solo la deuxième partie du pactole qu'on nous avait promis ? Ça ne lui ressemble pas, mais tant que je n'en saurais pas plus, c'est une éventualité que je ne pourrais pas écarter.

Il me faut plus de cinq heures pour réduire à néant les trois premiers pitons rocheux. La soute hurle qu'elle n'en acceptera pas un de plus, alors...

Je pointe le nez de ma bitza vers les étoiles et j'enclenche le turbo. La poussée est si forte que je suis collée à mon siège, menton sur la poitrine. Le bruit est infernal, comme toujours, mais il me grise totalement. Les décollages, c'est mon LSD à moi. Tout autour, l'atmosphère d'Onnonaduw passe par plusieurs états : c'est un mille-feuille de fuschia, d'orangés, de jaunes qui se succède... J'adore cette sensation dingue d'être aspirée par le vide tandis que je rentre chez moi, dans l'espace intersidéral.

Et puis le noir complet m'accueille à bras ouverts. Le turbo s'arrête, tout est de nouveau silencieux et calme autour de moi, comme un matin d'Europe sous les premières neiges.

Je m'autorise un dernier regard en arrière. Sayonara, Onnonaduw. Tu ne me manqueras pas. J'espère que tu n'as pas gardé Pili près de toi.

 Cassy - DU. 16-2508 - T°C : 60,8° C (ext.) / 19° C (int.) - Loc. : Onnonaduw, système Oibosolumill (Euclide)  

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