Chapitre 5 : La Corneille Noire

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Je sors de sous mon pull un collier qui m'est très précieux.

— ... Ça.

C'est une rose blanche entourée d'une tige épineuse. Au cœur de ses pétales, il y a une petite pierre rouge qui scintille. Ce bijou m'a été offert à la naissance par ma mère. Elle m'a abandonnée en me laissant ce collier. J'ai grandi avec.

— Laisse-moi le regarder.

— C'est mon porte-bonheur, dis-je réticente.

Ma mère m'a peut-être abandonnée, mais avec ce bijou, j'ai toujours eu l'impression qu'une petite partie d'elle était à mes côtés. Quand j'étais seule et triste, la simple vue de ce collier me réconfortait et me redonnait de l'espoir.

Voyant que le regard de Zack se fait insistant, je détache ma rose et la lui tends. Il la touche délicatement et l'observe finement.

— Pourquoi une mère qui abandonne son enfant lui donnerait des prénoms et une chaîne en or blanc ? murmure-t-il.

— Tu t'y connais en bijoux ?

— Hum. Peut-être.

« Peut-être » ? Mon collier a de la valeur ? Il se moque de moi ? Et comment fait-il pour rester si calme ?

— Nous devons découvrir le X de l'équation, dit-il simplement.

Zack semble décidé à retrouver mes parents. A-t-il une chance d'y parvenir ? J'ai déjà essayé, en vain. Les procédures que j'ai entamées se sont toutes révélées non concluantes. Il a certainement des moyens peu légaux pour arriver à ses fins. Mais à quoi bon passer son temps à chercher des gens qui ne veulent pas être retrouvés ? À vivre dans le passé, on ne peut pas se construire un futur. Et évoquer mon passé a fait resurgir des souvenirs que je préférais garder enfouis. On dit que le temps panse les blessures. Moi, je pense que les blessures restent, le temps nous aide juste à les oublier. J'ai été abandonnée. Mes parents seraient-ils heureux de me voir ? Sont-ils au moins encore en vie ? Je ne peux pas parier sur des inconnus. Zack doit m'en dire plus sur le commanditaire de mon meurtre.

— Oublions un instant mes parents. J'aimerais que tu me parles de la personne avec qui tu as conclu le contrat, demandé-je sans passer par quatre chemins.

— Plus tu en sauras et plus tu seras en danger, répond-il immédiatement.

— Je suis déjà en danger. Malgré les moments difficiles que j'ai vécu, je ne tiens pas à mourir et je suis prête à prendre des risques pour vivre alors, dis-moi ce que tu sais.

Zack fait la sourde oreille.

— Tu l'as dit toi-même : on a conclu un pacte. Je fais ce que tu m'ordonnes même si je ne suis pas franchement emballée donc dis-moi ce que je dois savoir.

Il me toise.

— Zack, s'il te plaît, insisté-je avec détermination.

— Bien.

Un petit sourire victorieux m'échappe. Je bois de bon cœur mon jus de fruit et respire la bonne odeur qui émane de ma tasse de chocolat. Je la porte à mes lèvres et savoure une grande gorgée du liquide chaud. J'essaie de me détendre, prête à écouter les paroles de Zack.

— Pour comprendre ce qui m'a amené à conclure un contrat avec la personne qui veut ta mort, il faut remonter jusqu'à un certain groupement d'individus, dit-il sérieusement en prenant son air impassible. Es-tu prête à entendre cette histoire macabre ?

— Je le suis, dis-je en hochant la tête.

Il semble hésiter. Il observe le fond de sa tasse de café et se décide enfin à parler.

Prisonnière de son cœur [Première partie]Where stories live. Discover now