Chapitre 9 : Ce n'était qu'un rêve

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Je venais de faire le rêve le plus bizarre de toute mon existence. Je ne m'étais pas encore levé, bien trop troublé. C'était donc ça. D'un côté, je me sens mieux maintenant. Je suis ravi d'avoir pu prendre conscience de tout ça de cette manière. Après tout je l'ai fait seul, c'est venu à moi lorsque je dormais.
Lorsque j'étais avec elle, c'est comme si j'essayais de lui dire, que je savais que ce n'était pas réel mais je me suis quand même laissé surprendre par les événements. Je voulais sortir de là, mais voulais également y rester. Je pense que ça a tout changé. Je crois que l'espoir de cette Alice n'était qu'une illusion, enfin que je créais bien trop intensément l'ampleur de celui ci, que l'idée que j'avais en tête de ce qu'elle avait pensé était trop forte. Ça me tracassait tellement, que mon sommeil a décidé pour moi de me faire prendre conscience. Je souris. Et me prépare.

Dans la cuisine pour le déjeuner... Je suis heureux de constater que ma mère n'avait pas une ride de plus et n'avait pas pris 10 ans. Je ris de l'intérieur mais tout ce qu'elle voit est mon malin sourire qui lui dévoile que quelque chose s'est passé.
« What's that ? »
« What do you mean ? » je souffle un rire.
« You look... Different »
« Really ? Maybe that's cause I feel different »
« That's a good thing » me dit-elle en se retournant pour s'occuper de ranger ce qui traînait sur le plan de travail.
« Is it ? »
Elle soupire.
« Well, if you'd stay the same little boy forever... »
Je me mets à la fixer en me pinçant les lèvres comme pour lui dire qu'elle fasse attention à ce qu'elle allait dire. Mais bien sûr je la taquine. Je savais ce qu'elle allait me dire.
« Then... »
« No no, I don't want to hear it » dis-je d'une voix enfantine et en me levant doucement.
Je remets la chaise en place et sors de la pièce.
« Share it with the rest of food »
« But, you haven't eaten that much »
« Well, it seems like I'm hungry for other things... » je lui lançais alors qu'elle me voyait remonter les escaliers.
« What are you gonna eat ? Your bed's sheets huh ? »
« No, I'm gonna write. I'm gonna eat a thousand pieces of paper if it doesn't work at first but I'm gonna do it »
Elle soupire encore. Mais cette fois, parce qu'elle ne savait plus quoi dire.
Je m'assois donc à mon bureau et me mets à penser. Est-ce que ça vient vraiment comme ça ? Est-ce que je dois parler de ma vie ? De celle des autres ? Est-ce que tout doit absolument rimer ? Dès la première minute, un tourbillon de questions m'empêche de formuler ne serait-ce qu'une seule phrase. Je regrette déjà d'avoir pu penser que je pouvais faire ça tout seul. Je me trouve stupide. Elle est où la spontanéité qui devait rythmer ma vie ? Je veux rendre des hommages, que ce soit beau, raconter des histoires mais pour ça je ne dois pas me creuser la tête et c'est pourtant ce que je cherche là maintenant tout de suite, assis comme un idiot et déconcentré par le moindre détail dans ma chambre, comme si je devais faire mes devoirs. Mais ce ne sont pas des devoirs, c'est fini ça. Maintenant il faut que ça vienne de toi, de ton vécu, de ton imaginaire. Puise ton inspiration dans le monde qui t'entoure, même si ce n'est pas toujours joli. Puise là dans ce que tu ressens, même si ce n'est pas toujours joli. Ma conscience était de retour et je crois que cela signifiait le début de longues contraintes. Elle est ma seule équipe.

  
Je descends à toute vitesse, soudainement j'avais vraiment besoin de prendre l'air. Ma mère était partie je ne sais où. Je ferme donc bien la porte et me promets de ne pas être trop long. Y'a du soleil, mais il fait un peu frais, comme toujours, ici à Londres. Je marche dans les rues, fredonne quand il n'y a presque personne, et je me prends un sandwich sur le chemin. Faute d'inspiration, j'ai vraiment faim au sens propre du terme maintenant. Je m'assois sur des marches bien trop nombreuses. J'allais mordre dans mon pain, quand soudain une voix irritante mais dont le souvenir était resté très clair dans ma tête, me fait me retourner. Alice. Elle se promenait avec ses parents. Je souris et me tourne à nouveau comme si je ne l'avais pas vue. Je fronce les sourcils étonnement choqué de moi même. Je mange, et me retourne pour voir qu'elle restait jouer un peu dans le petit parc pas loin, à côté. Je décide alors de finir mon « repas », et de passer lui faire un simple coucou en allant jeter mon sachet à la poubelle.
« Hey Alice ! »
Elle s'était un peu éloignée de ses parents et jouait seule. Ceux ci n'étaient pas inquiets, ils lui faisaient confiance.
« Hey » me répond-t-elle timidement.
Je m'accroupis.
« Tu te souviens de moi ? »
« Oui » me dit-elle avec sa voix de petite fille. Un peu plus douce lorsqu'elle ne faisait que parler.
« Good » je disais, un peu plus pour moi-même.
Je m'assois maintenant par terre. C'est à mon tour de lui prendre les mains.
« Je tenais à te remercier pour la dernière fois. Je sais que je n'avais pas beaucoup parlé mais ça m'a fait très plaisir et j'avais hâte de te revoir »
Elle sourit en riant et me prend dans ses bras, son cri de joie attire l'attention de ses parents. Il s'affolent un peu la voyant dans les bras d'un inconnu, même si bon, c'est pas ma tête de gamin frisé qui va leur faire peur, mais elle s'accrochait littéralement à moi. Et je n'avais pas envie de la repousser.
« Hey on s'est déjà vu ? » me lance sa mère.
« Oui... Oui ! » dis-je en me relevant un peu embarrassé. Je me rends compte que je connais pas ces gens et j'étais pourtant avec leur fille alors que je n'étais en sa compagnie qu'une seule fois. La petite semble murmurer un truc à l'oreille de sa mère et étrangement, elle m'invite à les joindre car elle estime que parler un peu serait sympa.

La conversation avait durée. J'avais beaucoup ri. J'en ai un peu plus appris sur cette mystérieuse Alice. Mais tout ce que je retiens, c'est qu'ils vont déménager bientôt. « Mais ça n'a pas d'importance puisque peu importe où on est, on t'entendra chanter, même si c'est à l'autre bout du monde » m'avait-elle fait gentiment remarquer, devinez qui ? J'en riais, vraiment, ça me paraissait absurde mais bon. Ses parents riaient aussi, mais me regardaient avec des yeux brillants, respectueux presque. Ils n'avaient pas à faire ça, de plus ça me mettait mal à l'aise. M'enfin. Ils allaient déménager... Et j'avais l'impression que quoi qu'il arrive, j'allais recroiser le chemin de cette petite. Je riais. Encore. Quand je sens mon téléphone vibrer. C'était un message de ma mère : « Hey you know, I haven't taken my keys... »
Oups.

PrénomWhere stories live. Discover now