Chapitre 5 : Qu'est-ce que je fais maintenant ?

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Je ne savais pas quoi faire. Plusieurs jours ont passés, dois-je parler à quelqu'un de tout ça ? En parler à ma mère ? Est-ce qu'elle me prendrait au sérieux ? Son fils sait-il chanter ? Je n'ai jamais vraiment chanté d'ailleurs. Et la petite Alice ? Est-ce qu'elle savait ce que ça voulait dire, ce qu'il se passerait pour moi si je « continuais de chanter » comme elle l'espérait ? Probablement pas... Pourtant j'ai bien vu qu'elle y tenait vraiment. Mais devrais-je écouter une petite qui avait l'air égarée ? Je pense que je me pose toutes ces questions car elle est mon seul espoir, la seule qui semble croire en moi. Je n'ai pas rechanté depuis. Devrais-je ? Il n'y a personne chez moi. Je vais essayer de mettre un peu de musique et de suivre la mélodie. Oh aussi, comme j'aurais aimé être musicien. Mais il est trop tard maintenant. Ma conscience me rappelle. Elle n'en sait rien, je n'en sais rien. Je passe mon temps à chercher, et le perds, à trop réfléchir. Je m'étais juré de ne plus être comme ça. Il faut que je me reprenne, et que je me laisse aller encore une fois. S'il y a bien une chose que je savais c'est que ça me rendait heureux et il fallait que je fasse tout pour garder ce qui me rendait heureux. Ça aussi je me le suis promis. Mais, serait-ce des règles ? Je pensais que j'étais mauvais pour m'en fixer. Est-ce que je m'améliore ? Voilà de quoi je parle, vous voyez comme ça empoisonne tout. Tout planifier. J'ouvre ma bouche, et m'évade enfin alors que ça devait être fait il y a dix minutes.
Une heure plus tard. J'avais la gorge sèche. Je voulais descendre pour boire un verre d'eau mais m'arrête en haut des escaliers, sachant que je ne pourrais pas descendre plus de la moitié si je continuais. Ma mère était assise, là, je voyais son dos et devinais combien il était tendu. Il faisait sombre mais je voyais ses mains jointes, ses doigts qui s'entremêlaient machinalement ainsi que ses coudes posés sur ses genoux. Elle semblait s'être évadée alors que le silence était maintenant tout ce qu'elle pouvait entendre. Je savais qu'elle m'avait entendu. Bien, me fait encore remarquer ma conscience. Oui, oui... J'avais laissé la porte grande ouverte, pensant qu'il n'y aurait personne avant la fin de l'après-midi. Je descends les marches disponibles, et m'arrête à l'avant dernière au dessus d'elle. Elle se tourne lentement, juste sa tête, et j'aperçois des larmes sur ses joues, elle pleurait silencieusement durant tout ce temps. J'étais désemparé. Est-ce qu'elle avait mal ? Elle tourne de nouveau la tête et reprend sa position s'origine. Le son de sa voix fait taire mes pensées et me ramène entre ces murs, et je prends de nouveau conscience que je suis chez moi, avec ma mère en pleurs, sur ces pauvres escaliers en bois beaucoup trop cirés.
« Maman... »
« Tu as trouvé »
« Quoi ? »
Je l'entends pleurer distinctement. Je pose ma main sur son épaule gauche, elle l'attrape directement.
« Tu as trouvé... » Sa voix s'étouffe à cause de ses pleurs.
« Mais maman, explique toi »
Sa tête pivote de nouveau et son regard se pose sur ma main. Elle murmure...
« S'il te plaît s'il te plaît, continue de chanter »
Foudroyé par un bonheur sans nom, je souris malicieusement en repensant aux mots de cette Alice, j'entoure les épaules de maman avec mes deux bras et la serre fort, pour la remercier. Tu as maintenant un deuxième avis féminin qui te conforte. Et cette fois, ma conscience me fait sourire. Jusqu'aux oreilles. Tu vas en avoir besoin de celles là maintenant. Elle ne me lâchait décidément pas...

PrénomWhere stories live. Discover now