Prénom

Chapitre 8 : Pourquoi toute cette mise en scène ?

   « Et bien, disons que je suis bonne en matière de théâtre »
« Non mais, pleurer, me faire croire que tu étais morte ? »
« C'était la seule manière d'attirer ton attention. Et puis, tu ne m'aurais pas reconnue. Ma voix, ma taille... Tout- »
« Je n'ai ressenti aucun changement j'ai du mal à comprendre » j'avoue en me frottant les genoux.
« Il n'y a rien à comprendre. Depuis que je t'ai parlé, depuis que tu as pris conscience de tout ça c'est comme si le monde avait avancé pour que ton succès ne soit que plus rapide. Comme si tu devais prendre conscience que le temps ne va pas t'attendre et que si tu ne fais rien, tu vas te réveiller un jour comme ce matin et rencontrer quelqu'un comme moi, qui te dira que nous avons tous grandi sauf toi »
Je soupire.
« J'avais l'intention de le faire. Mais je ne vais pas non plus précipiter les choses. Même pas le quart de ma famille n'a conscience de tout ça »
« Je sais mais- »
« Je ne comprends pas. Tout ça a plutôt l'air d'un avertissement, ça n'a pas l'air réel. Pourtant je me souviens bien m'être levé ce matin et avoir marché jusque ici »
« Oui tu es bien là mais- »
« Et de quoi te sauver ? Et sauver les autres ? Je suis perdu »
Je me relève. Elle me rattrape le poignet :
« Non non surtout pas »
C'était comme si, un seul de mes mouvements briserait cette connexion avec cette fille.
« Okay... »
« Listen »
Je la regarde comme si j'étais peiné.
« C'est ce que tu feras »
« Quoi ? »
« Sauver beaucoup de gens »
« Et ma mère où est-elle... ? Elle aussi elle a... ? »
La vérité est que je ne l'écoutais pas et que je pensais à tout en même temps. Tout et rien. Je me demandais comment je faisais pour encore réussir à penser.
« Hey, tu n'écoutes pas. C'est très sérieux ce que je te dis. Tu n'es pas comme les autres. Tu vas faire de grandes choses »
« Mais comment le sais-tu ? »
« Tu vas apprendre à aimer, et écrire, pendant de longues périodes, tu sauras jouer d'un instrument, tu feras mille concerts et tu seras source d'inspiration »
« Hum... Très poétique mais tu ne réponds pas à ma question »
« Tout va bien. Juste dis moi que tu as compris »
« Je veux rentrer chez moi »
« Alors vas y, réveille toi. Trouve la force de te détacher de moi et de te débrouiller seul. Comprends que tu n'as pas besoin de puiser ton espoir dans celui de quelqu'un d'autre et que tu es le seul qui doit croire en toi pour y arriver. Tu dois t'imposer. Je ne parle pas de cette jeune prestance que tu dégages déjà à ton âge et que tu as naturellement. Tu dois parler... »
Ses mots résonnaient maintenant comme un écho dans mes oreilles. Fort.
« Crier s'il le faut... »
Trop fort.
« Allez allez... »
Je me réveille. En nage.