Chapitre 6 : Alice où es-tu ?

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   Je marchais rapidement, n'importe où, depuis des heures. Je repassais aux mêmes endroits, jetais un coup d'œil aux mêmes recoins. J'inspectais même les cours des maisons, avec ma discrétion bien connue bien sûr.  Je n'étais absolument pas discret et me faisais remarquer par les voisins. Je voulais retrouver cette fille. Lui parler, la remercier, et lui dire que je vais l'écouter, qu'elle avait raison, je me sentais fait pour ça, pour chanter. Mais elle était introuvable. J'étalais mes recherches sur plusieurs jours mais en vain.
   Dimanche. Les rues sont moins pleines, les quartiers sont littéralement vides et il n'y a personne lorsque je repasse devant ce chêne. Je ne peux m'empêcher de sourire. Cette fillette m'avait apporté bien plus de bonheur que je ne le pensais. Je ne sais pas pourquoi je m'accroche autant à cette innocence, mais c'est un fait. Elle croyait en quelque chose et cette manière de croire si fort en moi m'a rappelé comment moi je croyais en d'autres lorsque j'avais son âge. Bon, je n'ai pas beaucoup d'années de plus mais quand même. Ça me fait chaud au cœur de penser que peut-être, je pouvais enfin être le héros de quelqu'un comme je le voulais tant quelques années plus tôt. Si elle en a besoin autant que j'avais besoin des miens, il faut que je la retrouve pour lui annoncer qu'il y a une possibilité.
   17h. Je longe une petite rivière, le soleil est faible et le vent souffle un peu trop, je marche les mains dans les poches quand j'entends comme des sanglots, sur ma gauche. Il n'y avait que de grands arbres, c'était une petite forêt et les rayons du soleil passaient entre les branches. J'en écartais quelques unes, manque de glisser sur les feuilles au sol humides, quand j'aperçois une jeune fille, assise, qui tient ses genoux et qui pleure à chaudes larmes. Elle était définitivement plus vieille qu'Alice et peut-être même un peu plus que moi. Qu'est-ce que je dis ? Je pense trop, je m'avance et elle me regarde comme si elle me connaissait depuis toujours et que j'avais fait quelque chose de mal. Qui est-ce ?
« Who are you ? »
Elle parlait donc anglais ? Hm... Elle ne doit donc pas connaître Alice. Mais, qu'est-ce que tu fais ? Je me parlais à moi-même. Ne vois donc tu pas qu'elle a besoin d'aide ? Arrête deux minutes de tout centrer sur cette pauvre enfant et apporte lui ton soutien. Je m'écoute et vais pour m'agenouiller.
« Don't, who are you ? » répète-t-elle.
« Why ? What's wrong ? »
« Why are you here ? »
« I'm looking for someone »
« Well, too bad you haven't find her before »
De quoi est-ce qu'elle parlait ?
« I'm sorry, I don't understand »
« Who are you ? »
« I'm confused, let me help... »
« NO ! » hurle-t-elle en se levant.
Elle portait une longue robe blanche, avait les yeux rouges, le visage si tendu d'avoir trop pleuré et elle tremblait légèrement. De peine.
« I'm not gonna leave you like that and go like- »
« Go away »
Elle se frottait les coudes les bras croisés et regardait le sol.
« You need help »
« You need help too »
« Yes actually, told you, I'm looking for- »
« You'll never find her, poor boy ! »
Si elle aurait pu me cracher à la figure, elle l'aurait fait. Mais c'est comme si une barrière invisible la retenait de le faire. Son attitude envers moi témoignait un dégoût sans nom mais ses yeux remplis de larmes voulaient de mon aide et eux, me regardaient avec un certain respect mais une certaine peur. Je n'avais jamais vu quelque chose d'aussi mystérieux.
« Why ? And how do you know who I wanna find ? » dis-je, perdant ma patience bien que je trouvais cela fascinant.
« She's dead »
« Who ? »
« Alice » souffle-t-elle.
Je me fige. Tente de comprendre comment, si elle ne sait même pas qui je suis, comment savait-elle pour Alice ? Je me perds entre tristesse et incompréhension et en viens même à penser qu'elle descendait du ciel et qu'elle venait me gronder. Si seulement elle me laissait m'approcher. Je me sentais perdre la tête. Je ne parlais pas. Je ferme les yeux un instant et ma respiration se faisait entendre. J'ouvre les yeux. Elle n'était plus là. Le soleil non plus.

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