Une multitude de sons se superposaient : des chaînes en métal s'entrechoquaient, des poulies montaient et descendaient bruyamment, et de nombreux pistons grinçaient çà et là. Dès qu'il reprit connaissance, la douleur à ses poignets envahit l'esprit de Tobias. Il ouvrit les yeux. On l'avait attaché à une conduite métallique par les poignets. A côté de lui, Cooper s'acharnait déjà à se défaire de ses liens, mais c'était semblait-il peine perdue. Tobias observa l'endroit. Ils se trouvaient dans une salle très spacieuse, extrêmement haute, dans laquelle de grosses machines fonctionnaient en permanence. En face de lui, attaché à une autre conduite se trouvait un des deux hommes qu'il avait poursuivi plus tôt. Le captif était inconscient ou endormi. Tobias tourna la tête vers Cooper et demanda :
— Où sommes-nous ?
— Ils nous ont emmenés dans leur repaire, vraisemblablement. Ce qui implique que nous sommes sous terre.
— Sous terre ! Toute cette installation sous-terraine, d'où vient-elle ? Et qui sont ces gens ?
— Une chose à la fois. La priorité, c'est de regagner notre liberté. Je ne sais pas ce qu'ils nous veulent, mais au vu des attaches qui nous maintiennent captifs, je doute qu'ils soient bien intentionnés.
L'inquiétude de Cooper gagna Tobias et lui aussi essaya de se libérer de ses entraves. C'est alors qu'un claquement résonna dans la salle, suivit de bruit de pas.
— Chut, fit Cooper.
L'Anglais fit semblant d'être encore inconscient, et voyant cela, Tobias l'imita. Les bruits de pas s'intensifièrent et ils sentirent la présence de quelqu'un auprès d'eux. L'homme émit un rire bref et s'accroupit en face de Cooper, avant de dire en anglais :
— Mais oui, c'est bien James Cooper que nous avons là ! Tu es finalement revenu, satané chacal !
L'incompréhension de Tobias grandit encore. Comment était-il possible qu'un de ces indigènes connût Cooper ? A ses côtés, ce dernier était resté immobile.
— Allez, James, réveille-toi ! Ne m'oblige pas à le faire moi-même !
Cooper leva lentement la tête, avec un air étrange. L'homme et lui se regardèrent un instant.
— Tu as l'air en forme, Flint, dit James.
Flint éclata de rire.
— On se revoit après tout ce qui s'est passé et voilà ce que tu dis ! Tu as conservé ton humour en tout cas !
Tobias leva discrètement la tête et observa la scène, encore stupéfait par la situation. Flint reprit la parole :
— Tu sais, quand tu m'as laissé là-bas, j'ai pas tout de suite réalisé la gravité de la situation. Tu as sûrement eu plus de flair que moi, sur ce coup-là. Parce que tu sais, ces gars, ce ne sont pas juste des dingues perdus dans le désert... Ces gars-là, commença-t-il avec un rire étrange, tu sais ce qu'ils mangent ? Ils mangent... des humains ! Oui, comme je te le dis ! Alors, c'est une découverte ça, pas vrai ?
Tobias fut à nouveau envahi par la peur. Où avaient-ils donc atterri ? Cooper ne dit pas un mot, et Flint, avec son air inquiétant, continua.
— Et tu dois bien te demander pourquoi je suis encore vivant, après que tu m'as abandonné à ces cannibales ? Eh bien il semble que la chance ait fini par tourner en ma faveur. Avec un mélange improbable d'anglais, de français et d'arabe, ils m'ont demandé de l'aide pour réparer la machine de ce camp souterrain, le seul moyen de puiser de l'eau potable. Tu te doutes de quel camp il s'agit, n'est-ce pas... En tout cas, c'est ce qui m'a sauvé ! Et à présent, c'est à ton tour d'être entre leurs griffes. Tu savoures l'ironie du moment, j'espère.
Cooper soupira longuement.
— Je suis désolé, Flint... Désolé pour tout. Je suis un lâche, c'est vrai. Mais pourquoi ne t'es-tu pas enfui, après qu'ils t'ont épargné ?
— Tu as vu ces gars, James ? Ils se déplacent plus vite que n'importe qui. Je n'avais aucune chance de leur échapper. Jusqu'à maintenant.
— Jusqu'à maintenant ?
— Oui, tu m'as amené exactement ce dont j'avais besoin pour fuir.
— Tu parles du Reinhardt ? Un des indigènes a tiré dessus, il n'est plus en état de marche ! Tu es condamné à rester ici.
— Plus en état de marche, pour l'instant. J'ai vu les dégâts et je peux le réparer. Tu vois comme la situation s'inverse ? C'est à ton tour d'être abandonné au beau milieu du désert. Et histoire de ne pas te faire attendre plus longtemps, je vais les convaincre de faire de toi leur prochain repas, ça me laissera juste le temps de réparer le Reinhardt.
Flint jeta un regard aux deux captifs, puis se retourna et s'en alla d'un pas rapide. Le claquement de la porte résonna à nouveau dans la salle, et un silence terrifiant s'installa.
ESTÁS LEYENDO
Python
Historia CortaDans un monde dévasté, Tobias aide chaque jour son père, conducteur du Python : un gigantesque transporteur d'acier serpentant entre les dunes du désert. Lorsqu'un jour, Tobias aperçoit un signe de vie humaine au fin fond de cette région aride, il s...
