Cooper, sa gourde pleine d'eau et un morceau d'étoffe blanche dans les mains, grimpa sur le rebord. Tobias avait disparu. Cette constatation rassura l'Anglais : le jeune homme avait probablement fini par comprendre que sa vision impossible n'était qu'une illusion. Il se retourna, prêt à redescendre, quand le souvenir du regard de Tobias lui revint. Cooper songea au pire. Par précaution, il s'accouda à la rambarde et scruta le désert. Etait-il vraiment possible que Tobias ait quitté le Python pour poursuivre ce qu'il avait vu ?
Soudain, il l'aperçut. Tobias avait déjà parcouru une bonne distance et continuait de progresser à un rythme soutenu. Bientôt, le jeune homme échappa à la vision de James et disparut dans le désert. Aussitôt, Cooper quitta le rebord. Il se devait d'informer le père de Tobias. Il entra dans le wagon et entreprit de traverser le véhicule jusqu'au wagon de tête. En arrivant dans la locomotive, Cooper découvrit pour la première fois la machinerie : partout, des pistons, conduites en cuivre et roues dentées. Il était quasiment impossible de se frayer un chemin entre les différentes composantes de la machine et seul quelqu'un d'adroit et de souple pouvait espérer franchir le wagon. La chaleur qui y régnait se révéla rapidement étouffante. James hésita un instant, essaya d'imaginer un chemin pour franchir le wagon, puis se ravisa. Il fit demi-tour, puis, à la jonction entre les deux wagons, grimpa sur le toit. Les nombreuses vibrations et les mouvements sinueux du véhicule rendirent la tâche plus ardue qu'il ne l'avait prévue. En rampant, il progressa avec difficulté le long du toit, puis arriva enfin à la tête du Python. Il se déplaça avec précaution, descendit sur le côté et pénétra à l'intérieur en passant par une large ouverture pratiquée dans le métal et destinée à aérer la pièce où Richard Henry travaillait. Le conducteur s'affairait sur diverses vannes et consultait régulièrement des indicateurs. Cooper le saisit par l'épaule.
— Tobias a sauté du train ! Il est dans le désert !
— Mon Tobias ? Non, c'est pas vrai ! Qu'est-ce qu'il fait ? demanda Richard, affolé.
— On n'a pas le temps. Donnez-moi la clé de la soute.
Sans répliquer, Richard sortit de sa poche une grosse clé en métal sombre et la donna à Cooper. Le caractère extraordinaire de la situation dépassait le conducteur du Python, qui, impuissant, se contenta de faire confiance à Cooper. Une fois en possession de la clé, James se retourna et entreprit d'effectuer le trajet dans l'autre sens. Cette fois, il franchit la locomotive un peu plus rapidement et s'élança à toute vitesse dans les wagons suivants, la soute constituant la queue du Python. Une fois dans la soute, un grand wagon qui contenait les biens les plus imposants des passagers, il inséra la clé dans une serrure pratiquée sur la paroi, tourna la clé puis, dans une série de cliquetis et grincement, la porte de la soute s'ouvrit. Cooper se mit ensuite à la recherche d'un véhicule. Il trouva Reinhardt, un tricycle propulsé à l'aide d'un imposant moteur relié à deux gros réservoirs, l'un contenant du charbon, et l'autre un mélange chimique sophistiqué. Il démarra et fonça vers le trou béant au bout de la soute, où il apercevait déjà le sable doré.
En atterrissant abruptement sur le sable, Cooper réalisa que l'engin n'était pas du tout adapté à ce type de terrain... et que rattraper Tobias ne serait pas aussi simple que prévu. Il se dirigea avec détermination dans la direction du jeune homme.
YOU ARE READING
Python
Short StoryDans un monde dévasté, Tobias aide chaque jour son père, conducteur du Python : un gigantesque transporteur d'acier serpentant entre les dunes du désert. Lorsqu'un jour, Tobias aperçoit un signe de vie humaine au fin fond de cette région aride, il s...
