Partie 4

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Tobias ne pouvait plus courir. Bien qu'habitué à parcourir en long et en large le Python en courant, la poursuite à travers les immenses dunes de sable se révélait bien moins aisée. Cependant, son objectif perdait lui aussi de la vitesse, et il se trouvait régulièrement dans son champ de vision, au gré du relief irrégulier. Le jeune homme avait ainsi pu identifier deux êtres humains, qui avançaient sur le sable avec difficulté. A ce rythme, et si le soleil n'achevait pas de le déshydrater avant, Tobias serait sur eux dans une dizaine de minutes.

Au fur et à mesure, le jeune homme gagna du terrain et put observer plus précisément ceux qu'il poursuivait. L'un des deux hommes semblait lutter et ralentir la progression du premier, qui le forçait difficilement à aller vers l'avant. A quelques reprises, l'un d'eux trébuchait dans le sable, ralentissant encore leur progression.

Lorsqu'il fut à une centaine de mètres d'eux, Tobias pensa à son père et à Cooper. Comment regagnerait-il le Python ? Par ailleurs, cela faisait longtemps qu'il ne pouvait plus entendre le transporteur. Mais il réalisa soudain qu'un autre son lui parvenait. Derrière lui, un étrange bruit de machine gagnait lentement en intensité. Trop impatient de parler à ces gens qu'il poursuivait, Tobias ne se concentra pas sur le bruit et, dans un dernier élan d'énergie, accéléra un peu sa marche.

Les deux hommes gravirent le sommet d'un monticule de sable et disparurent derrière. Tobias, à une trentaine de mètres derrière, les suivit. Au sommet, il s'aperçut que le monticule masquait en réalité une sorte de cratère, une cuvette de sable entourée de dunes. Il parcourut l'endroit des yeux et fit une constatation inquiétante : les deux hommes avaient disparu. Tobias dévala la pente, encore abasourdi par la situation. Ils ne l'avaient précédé que d'une trentaine de secondes, ils devaient forcément être dans les environs. Tobias fit quelques pas dans le sable, à l'affût.

Tout à coup, le sable du monticule l'entourant s'effondra en plusieurs endroits, accompagné par des claquements sourds. Des orifices apparurent dans le sable et de chacun d'eux sortit un individu. Paniqué, Tobias regarda tout autour de lui : cinq personnes l'entourèrent. Il songea un instant à s'enfuir, mais les inconnus pointèrent leurs fusils sur lui. Le jeune homme se figea, confus et la peur au ventre. A cet instant, l'engin de Cooper rugit au sommet de la dune et il dévala la pente en vitesse. Sans hésiter une seconde, l'étranger le plus proche de lui se retourna et tira avec une précision redoutable sur le véhicule de Cooper. Le choc désolidarisa la roue avant du reste et le tricycle se retourna, expédiant violemment l'Anglais sur le sable. Les inconnus resserrèrent un peu le cercle autour d'eux. Reprenant ses esprits, Cooper s'approcha de Tobias, et ils levèrent tous deux les mains au-dessus de leur tête. Les inconnus s'avancèrent encore. Chacun d'eux portait des vêtements d'étoffe terne, surmontés parfois d'équipements de protection en métal. Tous étaient équipés d'épaisses lunettes protégeant leurs yeux.

— Reste calme, Tobias. Tout ira bien, dit calmement James.

Les indigènes firent un pas de plus vers eux, leurs armes toujours pointés sur les deux hommes au centre. Soudain, le vent se leva, et un intense bruissement emplit l'air. Simultanément, les indigènes baissèrent leurs armes et attrapèrent d'un même geste un des objets qui pendaient à leur ceinture. Ils recouvrirent chacun leur visage avec une sorte de masque à gaz, puis restèrent immobile. Tobias ne comprit pas, mais Cooper s'agita.

— C'est le Nuage ! Tobias, protège...

Mais le bruit assourdissant couvrit les derniers mots de Cooper, tandis qu'un nuage de sable et de poussière d'une densité infernale les frappa. Pris dans la tempête et sans défense, Cooper et Tobias se couchèrent sur le sol, essayant tant bien que mal de se protéger du sable et de la poussière qui s'insinuaient partout avec une force presque surnaturelle. Les indigènes, des ombres dans la brume de sable, restèrent stoïques alors que les deux hommes, suffocant, perdaient connaissance.

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