Chapitre 47

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Les prisons des Enfers étaient toujours aussi chaudes et suffocantes. J'avais été ramené ici de force après la disparition de Clémence. Je n'avais même pas eu le temps de prévenir Louise et Drag de ce qu'il s'était passé... Mais ils allaient sûrement l'apprendre bien vite... Ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'un démon ne m'amène à Satan. Je riais silencieusement. Comme c'était nostalgique de me retrouver ici, dans cette cellule moisie où j'ai déjà passé cinq-cent ans. Je pouvais toujours entendre ces cris déchirants, et la chanson enfantine des Nymphes au loin. J'avais de nombreuses fois contemplé ces flammes. Je savais aussi que je pouvais y être jeté à tout moment... Mais la peur n'avait jamais été aussi présente. C'était comme si elle m'enlaçait. Je ne voulais pas mourir... Cette simple idée me glaçait le sang... Je ne pouvais pas quitter ce monde alors que j'avais enfin trouvé une maison, et une famille. C'est vrai... Drag était le père, Louise la mère, Zac le chien, moi l'ado problématique et Clémence... Et Clémence...? Est-ce qu'elle était aussi la fille...? Non, ça ferait d'elle ma sœur... Ou alors il faut reprendre : Drag le grand-père, Louise la grand-mère, Zac le chien, moi le fils, et Clémence ma fille ? Ma couine ? Ma nièce ? Ma... Ma quoi ? Je prenais mon crâne entre mes mains tout en serrant les dents. À chaque fois que j'énonçais un lien de sang avec elle, mon cœur se tordait de douleur. Mais alors qu'est-ce que je voulais qu'elle soit...? Simplement ma protégée...? J'avais beau me tourmenter l'esprit mais je ne trouvais aucune réponse à mes questions. Maintenant que j'y pense... La famille ne s'était-elle pas brisée ? Non... On vit juste une mauvaise passe... Étrangement, je n'en voulais plus à Zac. Au fond de moi, je savais qu'il était assez fort pour protéger Clémence. Et comme c'est un démon, ses sentiments devaient le déstabiliser.


- Vengeur...


Je relevais brusquement la tête. Je venais d'entendre la voix de Zac ? Mais je ne le voyais nul part.


- Oh mon Dieu... Ça y est... Je suis devenu fou au point d'entendre des voix...; gémis-je déconcerté.

- Ton téléphone abrutit.


Je baissais les yeux sur mon jean. Oh. Mon téléphone. Je le prenais en main et attendais silencieusement. Je ne savais pas exactement ce que j'attendais. Mais je ne savais pas quoi lui dire non plus. Le fait qu'il m'appelle prouve qu'il ne s'était pas détaché de nous. Peut-être qu'il regrettait même son geste. J'avais vécu assez longtemps avec lui pour savoir qu'il pouvait être impulsif après avoir retenu ses émotions trop longtemps.


- Je m'attendais à ce que tu me cris dessus ou un truc du genre...; riait faussement le jeune démon.

- À quoi bon ? Tu regrettes non ?


Son silence répondit à ma question. Je savais qu'il n'était pas mauvais.


- Tu as changé Vengeur.


Je pouvais deviner au ton de sa voix qu'il souriait.


- Je ne suis pas le seul !; riais-je.

- Hm... Vous êtes où ?; finit-il par demander.


Ah, en fait peut-être que c'était Zac l'ado à problèmes. Après sa fugue, il appelle désespérément ses parents.

GardienWhere stories live. Discover now