Chapitre 40

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Clémence souffre. Elle souffre à cause de mon incompétence. Le déchu. Le déchu ne m'a pas prévenu. Il ne m'a pas prévenu. D'jaal...? Qu'attend-t-il de ma protégée ?

Je me réveillais en sueur, en ayant poussé un hurlement de terreur. Où étais-je ? Je me redressais brusquement, alors que ma vue était encore floue et que les sons se confondaient dans mes oreilles.


- ...er !; appelait une voix.


Je connaissais cette voix... Je cherchais en vain d'où elle pouvait provenir, quand deux mains froides se plaquèrent sur mes joues, m'incitant à baisser la tête, et par la même occasion les yeux.


- Renger !


Ma vue était brusquement redevenue nette. Les magnifiques iris de ma protégée étaient plongés dans les miens, et un voile d'inquiétude recouvrait son visage. Ses lèvres, entrouvertes, laissaient sortir des bouffées d'air, sûrement dues à un quelconque  essoufflement. Ses cheveux encore emmêlés se relevaient sur sa tête, ce qui lui donnait un air adorable. 


- Est-ce que ça va ?; finit-elle par me demander incertaine.

- Je crois, oui.; répondis-je bêtement sans changer l'expression troublée imprimée sur mon visage.


Ses prunelles cherchaient une explication dans les miennes. Elle finit par me relâcher doucement, rassurée. Elle était levée depuis combien de temps ? Je dis ça parce qu'elle était déjà toute habillée, avec un sac sur le dos. Je tiens à préciser que l'on était Dimanche, en d'autres termes, elle n'avait pas cours. J'haussais un sourcil en la dévisageant. Elle sursauta, baissant ses yeux d'un air gêné. Ses iris fixaient quelque chose derrière moi, et elle semblait se décomposer sur place. Un ennemi ? Je me retournais brusquement, prêt à contre-attaquer; mais tout ce que je vis, c'était la porte de la chambre. Je restais un moment sans comprendre pourquoi il n'y avait personne, avant qu'un bruit fluide n'attire mon attention. Je me retournais vers la fenêtre, où une succession de draps était attachés. Je me précipitais pour voir ce que je craignais : Clémence était déjà en bas et courrait vers la sortie.

Quoi ...? Mais... Sale petite...! Je claquais ma langue sur mon palet, avant de me jeter dans le vide. Et oui, moi je n'avais pas besoin de draps pour atterrir sur mes pieds ! ... Même si ça faisait un mal de chien une fois à terre. J'avais l'impression que tous les os de mes jambes venaient de se broyer un à  un . Mais je n'avais pas le temps pour y prêter la moindre attention : je devais rattraper ma protégée. Avec tous les évènements de la nuit passée, je ne pouvais pas me permettre de la laisser filer entre mes doigts. J'aurais bien aimé en parler à Louise, elle aurait pu m'éclairer sur le sujet. Pourquoi fallait-il que Clémence ne suive jamais ce que je prévoyais ! Elle ne pouvait pas rester bien sagement avec moi ? Non ! Il fallait toujours qu'elle s'éloigne !


- Clémence ! hurlais-je alors qu'elle se retournait vers moi avec une mine surprise.

- Ne me suis pas !; cria-t-elle en retour tout en continuant sa course.

- Pourquoi ?

- J'ai le droit d'avoir des secrets moi aussi !; s'empressa-t-elle de dire tout haut.


Ah ça non, ma belle. Tu n'as pas le droit... Elle se faufila dans un bus, dans lequel je réussis à me hisser avant que les portes ne se referment. Nous nous regardions dans les yeux, essoufflés, les corps courbés à cause de la fatigue. Les gens la regardaient avec mépris, ne comprenant pas à qui elle pouvait bien s'adresser. Mais elle n'avait pas l'air de s'en préoccuper.

GardienWhere stories live. Discover now