Chapitre 8

155 22 4
                                    


Un bruit sourd se fit entendre, le bruit familier d'un corps qui s'effondre sur le sol. Mes yeux, s'étaient enfin habitués à la pénombre. Je pouvais vaguement deviner du sang noir se répandre sur le plancher, s'écoulant avec fluidité dans les étroits espaces entre les planches. Une odeur nauséabonde vint emplir mes narines. J'essayais tant bien que mal de ne pas vomir, en retenant le plus possible ma respiration. Trois silhouettes se tenaient devant moi : La plus petite se confondait avec, ce que je devinais être, celle de la créature nous ayant attaqué il y a quelques minutes; toutes deux gisants sur le sol. La troisième, plus élancée, se tenait debout, le dos tourné. Je pus entendre le frottement métallique d'une lame que l'on range dans son étui. Un éclair vint éclairer le visage de cette mystérieuse femme. Je poussais un soupir de soulagement quand je reconnu Louise. Elle retira l'enfant des griffes de la bête, et afficha un air rassuré quand elle confirma qu'elle était encore en vie. Son visage, en revanche, devint plus sombre quand elle s'avança vers moi. D'un geste de la main, la matière visqueuse qui me retenait lié au sol s'était évaporé.


- Merci Louise ! Je te dois une fière chandelle !; m'exclamais-je en me redressant.


Je n'eus en guise de réponse qu'un regard noir et un silence qui me glaçaient le sang. Elle tourna les talons afin de reprendre l'enfant. Elle était couverte de sang noir, les yeux clos, et des larmes sèches sur ses joues étaient visibles. L'important, c'est qu'elle était en vie. Encore un peu et je retournais en Enfer, moi...


- Louise, tu peux me dire ce qu'est ce truc ?; demandais-je en examinant le cadavre.


Elle resta silencieuse quelques secondes, puis sans même m'adresser un regard, elle me répondit sèchement qu'il s'agissait d'une harpie.


- Les harpies appartiennent à la vaste famille des Djinns, elles ne sortent que lors des temps orageux comme celui-ci.


Djinns. Ce n'étaient donc pas les démons qui viendraient tuer Clémence si je ne respectais pas les règles ? Je rattrapais Louise par l'épaule :


- Attends... c'est quoi exactement un Djinn...; commençais-je avant qu'elle ne retire violemment ma main de son épaule.

- Qui crois-tu être pour me toucher, misérable insecte ?


En mois d'une seconde, je me retrouvais encastré dans le mur qui se trouvait derrière moi, le coude de la démone se pressant sur ma gorge. Elle avait clairement l'intention de me tuer, je pouvais le lire dans ses yeux. Elle n'affichait aucune expression, et pourtant son regard me glaçait le sang. Pas la moindre trace de sueur, pas le moindre rictus : Rien ne semblait la perturber, elle savait ce qu'elle faisait. Ses prunelles avaient tourné au jaune vif, et je pouvais voir deux canines menaçantes sortir de ses lèvres.


- Qu'est-ce qu'il...te prend...Louise...?; articulais-je tout en cherchant le moindre brin d'air que je pouvais encore respirer.


Ses traits se déformèrent, comme si soudainement, elle se transformait en furie. Elle émit un grognement rauque, semblable à celui d'une bête féroce, ce qui me donna des sueurs froides. Je n'osais ni parler, ni respirer.


- Je t'avais dis de ne jamais faire sortir l'enfant ! Son sort te concerne-t-il donc si peu ? ; grogna-t-elle; Pauvre petite larve, tu ne devrais même pas être ici, ta simple présence pollue l'air que je respire... Quand vas-tu grandir ? Parce que la gentille Louise ne seras pas toujours là pour te protéger ! Les Djinns continueront de s'en prendre à ta protégée sans relâche, alors tu ferais mieux de te préparer si tu ne veux pas retourner moisir en Enfer, bien que je pense que tu n'as pas ta place ici.


Après ce flot de paroles méprisantes, je me sentais plus bas que terre. Je ne savais même pas quoi répondre. Elle relâcha la pression qu'exerçait son avant-bras sur ma gorge, puis souleva Clémence.


- Je ne m'attendais pas à ce qu'ils la trouvent si tôt, mais puisque Dieu le veut ainsi, je t'expliquerais tout concernant les Djinns. Mais ça attendra demain. Je ne veux même plus entendre le son de ta voix pour aujourd'hui. ; annonça-t-elle.


Au moins ça méritait d'être clair...

Elle amena Clémence dans la salle de bain, où elle enleva toutes marques de sang noir qui s'étaient imprimées dans sa peau. Elle changea ensuite ses vêtements et déposa l'enfant dans son lit. Après avoir écarté l'une des mèches qui lui venait sur le visage, elle posa ses lèvres sur le front de la jeune fille, comme une mère le ferait pour dire bonne nuit à son enfant. Elle se redressa et traversa la chambre, sans même m'adresser un regard. La porte se referma sans un bruit, et je me retrouvais de nouveau seul avec Clémence. Puis, quelques minutes plus tard, Louise revint dans la chambre avec un carton qu'elle me lança à la figure avant de s'en aller pour de bon. Je rattrapais le carton, le secouant un peu pour deviner ce qu'il contenait. Je le déposais sur le sol afin de l'ouvrir. À l'intérieur se trouvait plusieurs paires de jeans, des pulls, des t-shirts, des sous-vêtements, des chaussettes, et chaussures. Mes vêtements étaient enfin là. Alors pourquoi est-ce que ça ne m'enchantait pas plus que ça ? J'ôtais ma vieille tunique en lin et filais en vitesse dans la douche qui était lié à la chambre. Louise l'avait acheté à l'Inferno-boutique quand je me suis installé ici, donc je pouvais m'en servir. Sentir l'eau ruisseler le long de mon corps me faisait le plus grand bien après avoir été confronté à cette harpie. J'avais encore l'impression d'avoir ce liquide visqueux sur ma peau, c'était insupportable. Je frottais encore et encore avec la fleur de douche, jusqu'à ce que ma peau rougisse. Pourquoi je faisais ça ? Ce liquide était déjà partit. Et ce n'était pas la première fois que je prenais une douche non plus. Alors pourquoi avais-je l'impression d'être aussi sale ? Qu'est-ce que j'essayais de nettoyer ? Mes crimes ? Mon incompétence ? Oui... Je me blâmais de ne pas avoir pu la sauver à ce moment là. Cette scène se répétait en boucle dans ma tête, et ça me rendait malade de me reposer sur les autres. Je coupais l'eau, et enroulais la serviette autour de mes hanches. je passais la main dans mes cheveux afin de les rabattre souplement en arrière.

Je rencontrais mon reflet dans le miroir, et fus moi même surpris. Je n'avais pas vu mon apparence depuis plus de 500 ans, et jamais je n'avais pensé à chercher mon reflet. Je suis mort à 25 ans, et visiblement je n'avais pas pris une ride. J'avais une peau légèrement mate, mes épaules étaient larges, et ma musculature assez développée. Mes cheveux blond cendré, encore humides, ondulaient. Il n'étaient pas vraiment long, mais je ne pouvais pas dire qu'ils étaient courts. En tout cas ils étaient en bataille. Mes prunelles étaient d'un bleu limpide, dont je ne me rappelais absolument pas. Mon physique était plutôt attirant, alors pourquoi est-ce que je le retrouvais si repoussant ...? Je me rhabillais avec un t-shirt blanc, un jean délavé, et des baskets noires.

Une fois face à Clémence, quelque chose se serrait dans ma poitrine. Je passais ma main sur son petit crâne. Elle devait être terrifiée... Elle ne devait plus subir ça. Je jure sur mon honneur, que je te protégerais au péril de ma vie.

...

Comme si je pouvais faire un truc comme ça ! Si je suis là c'est dans mon propre intérêt ! Je sais pas ce qu'il m'a prit, ni d'où venait cet instant sentimental mais il fallait que je me ressaisisse, car visiblement, il y avait encore beaucoup de choses que j'ignorais.

-------------------------------------------------

Voilà pour ce chapitre 8 ! J'espère qu'il vous a plu !

Merci de lire mon histoire !

Et merci à ceux qui votent et qui commentent, ça me fait vraiment très plaisir ! :)

J'espère que la suite de l'histoire vous plaira ! Je vous dis à bientôt !


    

GardienWhere stories live. Discover now