Chapitre 7

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- Vengeur, tes vêtements sont arrivés.; m'annonça Louise depuis l'entrée de l'orphelinat.


Enfin ! Ils étaient enfin arrivés ! Aussi étrange que cela puisse paraître, les Inferno-boutiques  prennent aussi des commandes à domicile...qui mettent plusieurs mois à arriver.  Alors que si nous achetions directement dans leurs boutiques, nous étions servis la minute qui suivait. Les démons devaient sûrement être fainéants. Je m'apprêtais à sortir de la chambre de Clémence quand mes pieds restèrent cloués au sol.

Ah... J'avais oublié. Je ne pouvais pas m'éloigner de Clémence. Je grimaçais en regardant ma toge, encore imprégnée de sueur, puis je criais d'une voix timide :


- Louise ! Ça ne te dérange pas de me les amener s'il-te-plaît ?


Mais je n'eus aucune réponse à ma demande. Je posais les yeux sur mon vêtement en lin et grimaçais.


- Louise !; insistais-je de plus belle.

- Attend !; répondit-elle.


Mais je voulais mes nouveaux vêtement maintenant ! Comment est-ce que je pouvais aller les chercher ? J'examinais les alentours, cherchant une solution à mon problème. Et je m'arrêtais sur Clémence. Mais bien sûr ! Si je ne pouvais pas m'éloigner d'elle, elle n'avait qu'à m'accompagner ! Je m'avançais vers le petit lit dans lequel elle était couchée, puis, doucement, je la secouais.


- Hey, Clémence. Hey !; chuchotais-je.


L'enfant grimaça tout en poussant un long gémissement, signe de son agacement, puis elle roula, me tournant ainsi le dos, et s'enroula dans ses draps. Je commençais à perdre patience. Je la secouais plus vivement, cette fois-ci. La fillette se redressa, et ses pupilles, cachées entres ses mèches de cheveux rebelles, roulèrent pour rencontrer les miennes. Je plaquais la paume de ma main sur ses lèvres quand elle s'apprêtait à parler, et lui fit signe de garder le silence. Ce n'est que quand elle approuva mon idée que je relâchais son visage. C'était une enfant assez docile, je pouvais lui demander n'importe quoi, elle le faisait. Elle était aussi très intelligente pour son âge. Je ne savais pas pourquoi Louise refusait de la faire sortir de sa chambre. Clémence posa ses pieds sur le parquet, et frissonna quand elle prit conscience qu'il était froid. Elle se leva, quelque peu titubante, et se dirigea vers la porte de la chambre. Son bras frêle se tendit de tout son long pour essayer d'atteindre la poignée, mais en vain. Elle soutenu mon regard quelques instants, et je compris qu'elle n'y arriverait pas seule. Quelle plaie. Je maintenais fermement ses jambes, tout en la soulevant afin qu'elle puisse atteindre son objectif. Ses doigts se posèrent sur la poignée, mais elle ne la tourna pas. Elle semblait hésiter. Je suis sûr qu'elle pensait à Louise, qui lui avait toujours dit de rester ici, sauf quand elle venait la chercher pour promener.


- Franchement, tu n'en as pas marre de rester enfermée ici ?; soupirais-je.


Elle m'interrogea du regard, inclina légèrement sa petite tête vers son épaule.


- Laisses tomber, et contente-toi de faire ce que je te demande.; finis-je par murmurer exaspéré.


Ses yeux s'orientèrent de nouveau vers la poignée de la porte, et, à contrecœur, elle la tourna afin d'ouvrir l'accès au couloir. L'orphelinat ressemblait à un vieux château récemment restauré. Les tuiles étaient d'un mauve sombre, et les murs étaient composés de pierres blanches minutieusement ciselées. Le hall d'entrée donnait sur le réfectoire, et la cour qui se trouvait de l'autre côté du monument. À l'étage de cette partie se trouvait les appartements de Louise, je n'y étais jamais entré, mais je pouvais clairement imaginer ce qu'ils abritaient : des bibelots maléfiques en tout genres... Deux ailes étaient reliées à cette partie : L'aile Ouest servait de dortoir pour les garçons, et l'aile Est pour les filles. Nous nous trouvions donc dans l'aile Est, et tous les enfants dormaient à cette heure-ci. Comme des ombres fugitives, nous nous hissions sur la pointe des pieds vers l'escalier donnant sur le hall, tentant bien que mal de ne pas faire craquer le plancher. J'allais enfin pouvoir me changer ! "Attend", qu'elle m'avait dit... Est-ce qu'elle savait ce que c'était de passer plus de 500 ans dans les mêmes vêtements moisis ? J'étais certain qu'elle avait fait ça pour m'énerver ! Et je riais déjà quand je l'imaginais penser qu'elle avait réussit !

...

Bon, elle avait peut-être réussit. Mais je suis sûr qu'elle ne s'attend pas à me voir débarquer dans la hall. Un grognement rauque, et étouffé se fit entendre. Un frisson parcourut ma colonne vertébrale, me donnant des sueurs froide, et laissant en moi l'envie brutale de m'enfuir. Les petits doigts de Clémence se resserraient sur ma toge en lin. Je pouvais l'entendre respirer plus rapidement, et ses yeux semblaient chercher désespérément quelque chose. Visiblement, elle l'avait aussi entendu. Je n'étais pas le seul. Je pensais d'abord à de l'orage, car la pluie battait son plein dehors. Mais ce bâtiment avait un nombre incalculable de fenêtres, et j'aurais vu l'éclair illuminer le couloir si c'était le cas. Un frottement se fit entendre derrière nous, comme si une peau de bête glissait contre le bois du plancher. Instinctivement, j'enroulais mes bras autour de Clémence, et me concentrais sur le moindre son qui pouvait encore se faire entendre. Il y avait quelque chose qui nous observait, mais quoi ?

Cette chose était tapie dans l'obscurité, et mes yeux ne s'étaient pas encore accommodés à celle-ci. Un éclair vint frapper la terre non loin d'ici, cette fois, c'était de l'orage. Il avait produit suffisamment de lumière pour illuminer, l'espace de quelques secondes, le couloir. Mon cœur avait faillit s'arrêter. Ce monstre ressemblait vaguement à une femme, mais à la place des bras, elle avait des ailes de chauve-souris, déchirées par le temps, et sa peau grise était recouverte de poils : Seul son visage n'en était pas recouvert. Ses yeux entièrement rouges nous fixaient au travers d'une longue chevelure noire, tombant en cascade sur le sol. Ses lèvres, entrouvertes, laissaient apparaître des milliers de dents aiguisées comme des lames, encore salies par le sang. Et sa queue de lion s'agitait de gauche à droite, comme si la créature s'amusait à nous terroriser.

La pénombre revint, et le monstre se cacha de nouveau sous l'épais mentaux des ténèbres. Qu'Est-ce que c'est...que ça...?


- Oh Putain Louise !; hurlais-je paniqué tout en serrant Clémence contre moi.


La bête poussa un sifflement strident, signe de sa rage, et chargea sur nous. Je courrais, manquant de trébucher, afin d'esquiver ses attaques. Elle s'encastra dans le mur, et j'eus l'espoir qu'elle se soit assommée. Elle resta immobile quelques seconde avant de frémir. Ses ailes s'appuyèrent contre le mur où sa tête était coincée, et elle força afin de se libérer. Son cou ensanglanté s'était sûrement brisé sous la violence du choc, mais cela ne semblait pas la déranger. Elle rapprocha son corps du sol, ne nous quittant pas des yeux, faisant rouler ses omoplates, tel un félin qui s'apprêtait à bondir sur sa proie. Je n'avais pas mon téléphone. Je l'avais laissé dans la chambre, Merde ! Je ne comprenais pas ce qu'il se passait, je me contentais d'esquiver machinalement, dans l'espoir qu'elle se fatiguerait à un moment ou à un autre. Nous n'étions pas en Enfer, alors pourquoi y avait-il des démons ? Et Satan m'avait pourtant affirmé que ses enfants ne présentaient aucune menace pour les humains ! Et je n'avais encore enfreins aucune des règles !

Je reprenais mes esprits quand je m'effondrais sur le sol, après m'être pris la queue de la créature dans les jambes. La chute m'avait séparé de Clémence, elle se trouvait maintenant à quelques mètres de moi. Elle redressa avec difficulté son visage larmoyant, plongeant ses yeux terrifiés dans les miens. Elle ouvrait ses lèvres pour crier, mais aucun son ne sortit de sa gorge. Je tendais ma main tremblante vers elle, mais elle était trop loin. Il fallait qu'elle fuit... Il ne fallait pas qu'elle succombe à sa peur ! Je lui faisais désespérément le signe de partir, mais l'enfant n'osait pas bouger. Elle se contenter de pousser des gémissement entrecoupés de sanglots. La créature qui se trouvait au dessus de moi s'arrêta, et s'éloigna pour aller dans la direction de ma protégée. Elle l'enroula de ses ailes, et passait sa langue reptilienne sur la joue de Clémence. L'enfant, tétanisée par la peur, n'osait plus bouger, ni même respirer. Le monstre ouvrit sa bouche, et sa mâchoire se décrochait comme pour s'adapter à la taille de la fillette.

Elle allait la dévorer.

Elle allait la dévorer...!

Je me redressais, et glissais pour retomber à terre. Un liquide visqueux m'empêchait de me relever. Je n'allais pas arriver à la sauver à temps... Je criais, dans l'espoir de détourner l'attention de la bête, quand une ombre vint se jeter sur notre assaillant.

   

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