Chapitre 17

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Nous sommes vendredi matin et pour ce dernier jour de la semaine nous nous sommes tous réunis par terre, Bishop compris. Le silence règne, nous permettant d'entendre la ventilation siffler au-dessus de nous. Je ne sais pas si le patron attend quelque chose ou quelqu'un, ou si c'est à nous de prendre la parole, mais une chose est certaine c'est que personne ne sait quoi faire et se concentre sur ses mains. J'aurais volontiers demandé ce que nous attendons, mais le regard du patron m'intimide trop alors je décide de faire comme mes camarades et me taire.

Cela doit sûrement faire un quart d'heure maintenant que nous sommes ici, et Bishop se décide enfin à prendre la parole. Il n'a pas particulièrement l'air emballé par ce qu'il s'apprête à dire, mais il ne semble pas trop avoir le choix.

- Aujourd'hui ne sera pas une journée comme les autres. Ne vous inquiétez pas vous ne verrez pas de couteaux, pas de cordes, pas de dates historiques ou ce que vous voulez. Je vous l'avais dit chaque vendredi sera consacré à la mise en confiance, au partage, à la connaissance des autres. Comprendre autrui et se comprendre.

Bishop ne soupire pas, mais à ses épaules qui s'abaissent je comprends qu'il n'est vraiment, mais vraiment pas à l'aise avec ça. Ce qui me rassure puisque moi aussi je ne suis pas particulièrement fière d'être là. Non pas que je sois déçue de ne pas manipuler d'armes aujourd'hui, mais uniquement le fait que je sens venir le confessionnal à des kilomètres. Et ça, je vous jure, ça je déteste. Parler de soi. Dire ce qu'on aime, ce qu'on déteste. Pourquoi on a fait ça et si on devait faire autrement ce serait comment ? Et dans dix ans tu t'imagines comment ? Je suis déjà assez pudique de nature et non pas uniquement sur le physique, mais rare sont ceux qui me connaissent vraiment.

Le patron continue ses explications :

- Vous allez chacun votre tour vous présenter en précisant votre âge, parler vite fait de votre famille, de vos études et de vos passions. Une fois le tour terminé, vous poserez des questions à la personne de votre choix afin qu'à la fin de la journée vous puissiez partir avec un lien entre vous. Ce lien vous unira, car seul vous cinq connaîtrez ces quelques informations qui vous concernent et permettront aussi la création d'une confiance collective. Nolan tu commence ?

Nolan, écarquille des yeux comme surpris qu'on s'adresse à lui et finit par prendre une grande inspiration.

- Je suis Nolan Rainguez et j'ai 19 ans. J'ai quitté la maison familiale depuis deux ans pour partir dans la capitale. J'ai une sœur du nom de Charlotte, surnommé Chuck, et un demi-frère, Mattéo à qui je ne parle jamais. Je me suis arrêté à un simple Bac, et j'ai pour vocation d'entrer dans l'équipe de rugby des moins de 21 ans. Si je suis là c'est uniquement parce que le coach me l'a conseillé à cause de mon comportement. Il espère que ça me « canalisera », finit-il en mimant les guillemets.

Personne n'ose ouvrir la bouche, tous plus mal à l'aise les uns que les autres. Nolan n'a pas arrêté de fixer le sol et c'est à la fin de sa présentation qu'il lève enfin la tête vers son voisin. Brian enchaîne d'une voix faible.

- Moi c'est Brian Bernard et j'ai 18 ans. Je vis encore chez ma mère avec mes trois sœurs Margot, Romane et Nadia. Ce sont des triplettes, je précise. Pour mon père, il a disparu il y a cinq ans. A la suite de son décès, ma mère a plongé dans l'alcool, du coup c'est moi qui ai élevé mes sœurs. Pour les études j'ai fait un bac S et je suis actuellement en deuxième année dans une école d'informatique, pour en devenir ingénieur. Et oui j'ai sauté une classe. Pour finir j'aime les sciences, les math, la nature et mes sœurs par-dessus tout.

- Pourquoi tu es là ? Demande Amélia.

- Les questions c'est à la fin, reprend le patron.

- Mes sœurs pensent que ça peut m'aider à surmonter ma timidité, répond Brian sans hésitation.

L'Envers du Décor [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant