Jusqu'à ce que tout disparaisse derrière la Lune

✨Chapitre 10 - D'un professeur et d'une alarme

Sa question me coupa le souffle. Quel genre d'interrogatoire était-ce ? C'est mes cernes, c'est ça ?

— Pas très bien, non, avouai-je d'une voix sèche ne sachant trop sur quel terrain glissant je m'engageais.

La sorcière hocha la tête en souriant doucement. Je fronçai les sourcils.

— Et sais-tu pourquoi ? C'est parce que ton pouvoir s'est réveillé en toi mais n'est pas encore... connecté avec le reste de ton corps, si je puis dire.

— Ah, je comprends mieux, mentis-je, préférant passer sous silence mes cauchemars qui remontaient à bien plus loin que mon arrivée au C.I.S.I... 

— Mais dans quelques semaines, tu dormiras comme un bébé, je te le garantis !

J'hochai à nouveau la tête, mal à l'aise.

— Le matin, tous les élèves enchaînent deux heures d'ANP théorique avec mes collègues et moi-même avec deux heures d'astrologie de monsieur Titor et une heure d'ANP pratique. L'après-midi est dévolue à des activités annexes comme les arts et le sport mais comporte une heure d'étude obligatoire. C'est aussi le moment pendant lequel je m'occupe d'élèves en particulier qui nécessitent mon aide comme je vais le faire avec toi. Tous les jours après l'heure d'étude qui a lieu après le déjeuner tu me retrouveras dans cette salle et je prendrais le temps qu'il faudra pour que tu trouves ton harmonie avec ton corps et ton pouvoir de manière à le supporter et t'épanouir en toute sécurité. C'est entendu ?

J'hochai de nouveau la tête, rassurée d'être aussi bien guidée mais terrifiée à l'idée que la sorcière ait découvert mon vrai score ou qu'elle le découvre pendant ces séances de... soutien.

— Si tu n'as pas de questions, tu peux rejoindre ta camarade, me sourit le professeur.

Je lui souris en retour, me levai d'un geste maladroit – je manquai carrément de faire tomber la chaise – et me précipitai dans les escaliers. Arrivée en bas malgré tout sur mes deux jambes, je scannai la salle des yeux avant de repérer la seule table ou des bras s'agitaient dans tous les sens pour me faire signe. Quand Ethel décidait de se faire remarquer, elle parvenait aisément à ses fins. Des paires d'yeux intrigués la dévisageait à la dérobée.

— T'agite pas comme ça, rigolai-je lorsque je me trouvai à sa hauteur, tout le monde te regarde comme si tu venais de tomber du ciel.

— Mais je suis un ange, May, papillonna-t-elle.

Je secouai la tête en me laissant tomber sur la chaise à gauche de mon amie. C'est seulement à ce moment-là que je remarquai les trois épais manuels posés devant moi et le garçon qui s'était adossé au bureau à droite d'Ethel.

— Zed ! m'exclamai-je de surprise.

— Salut May, sourit-il, amusé. Je passais juste pour te déposer les livres dont t'auras besoin pour suivre les cours.

— Merci ! Mais alors... aujourd'hui tu me parles ? remarquai-je tout haut en haussant un sourcil.

Le visage du garçon se referma aussitôt.

— Ouais, heu, désolé pour hier, je... Je dois vous laisser, j'ai des trucs à faire et Kletter va s'acharner sur moi si elle me surprend à « bailler au corneille ». À plus !

Et, sans même nous laisser le temps de lui répondre quoi que ce soit, il était parti.

— Vraiment pas net ce mec, marmonnai-je en prenant le premier livre sur la pile.

— Tu trouves ? s'étonna Ethel. Pas du tout ! À mais oui, non rien. Je... Oublie, décida-t-elle finalement.

Je la regardai sans comprendre. Mais c'était Ethel, on ne pouvait pas tout comprendre avec elle.