Chapitre 13

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De bon matin, Ivella se leva et se dirigea directement chez sa meute. Le voyage fut atrocement fatigant mais magnifique. Bien qu'elle se déplaçât à pied, Ivella se réjouissait des paysages qui s'offraient à elle. Il faisait encore frais et la lune s'effaçait timidement dans le ciel. Seule une lueur verdâtre le long de l'horizon qui s'étendait devant elle indiquait la naissance de l'aube. Alors le ciel se teinta en rouge-orangé, réchauffant un peu l'atmosphère par ces couleurs chaudes. Ivella savourait cette impression de bonheur qui la submergeait à la vue de ce spectacle de couleurs. Elle quitta le territoire des Stiobel pour arriver devant cette cascade toujours glacée, réfléchissant la lumière matinale. Elle arriva non pas avec difficultés à la traverser. Elle alla rejoindre sa meute. Comme à leur habitude, les loups étaient regroupés en deux ou trois pour dormir, offrant une forme presque circulaire à Ivella. Oban, le chef de la meute, était le seul loup éveillé de la tribu. Il se leva alors avec grande souplesse pour sortir de la grotte et rejoindre Ivella.

« Yoon m'a parlé de ta demande, et je veux que tu m'expliques pourquoi veux-tu voir le Sage. Tu as une mission, Ivella, tu dois sauver notre meute.

- Sauver votre meute de quel danger ? Jusqu'à maintenant, il n'est arrivé rien à personne. Cette guerre n'a pas lieu d'être, Oban. Tu te rappelles de ce jour où j'avais, momentanément disparue ? »

Oban la regarda sérieusement et fit signe d'approbation

« Eh bien, continua Ivella avec le même entrain, j'étais enfermée dans une pièce avec Olaï, le Meneur de la tribu ennemie, comme vous dites. On s'est aidé, mutuellement et inconsciemment. D'abord, je ne voulais pas l'aider, mais il y avait quelque chose en moi qui refusait de le laisser proie à ses peurs et à ses cauchemars. Oban, c'était quelque chose d'effroyable. Le retranscrire en mots ne traduit pas l'horreur et la souffrance qu'on a tous deux endurés »

Oban regarda Ivella avec un regard mêlant sévérité et pitié, il renifla longuement pour exprimer sa désapprobation.

- Écoute-moi Ivella, qui peut t'assurer que tout cela n'est qu'un coup de théâtre pour que tu puisses lui faire confiance, et ainsi il pourra t'embobiner plus facilement, hein ? Qui ?

- Oban je comprends parfaitement ta peur d'Olaï, mais je l'ai vu dans un état second comme un mort-vivant. Il m'appelait en aide, et... »

Ivella se tut un instant, ses yeux étaient subitement devenus vitreux et opaques, se rappelant cette nuit où Olaï pleurait, criait, hurlait pour ensuite accourir vers elle, lui demander en aide.

« Je ne sais pas si je lui fais confiance Oban, mais j'ai appris à vivre avec lui dans l'espace de quelques jours. Je suis consciente qu'il me cache énormément de choses, moi aussi je ne suis pas tout à fait ouverte avec lui. Mais on s'est consenti de ne pas faire la guerre dans la forêt. »

Le regard d'Oban changea complètement, son visage se ferma, sa voix devint beaucoup plus menaçante alors qu'il essayait de camoufler sa fureur

« Ivella, est-ce que tu côtoies l'ennemi, tu ne te rends pas compte que tu mets en péril toute la meute, et les Stiobel aussi ? Tu ne te rends pas compte de l'importance de ton pouvoir sur nous tous ? Tu sais très bien que la Ceinture d'Orion empêche tout ennemi d'entrer chez le peuple des Stiobel, alors explique-moi comment cet abruti a-t-il réussi à entrer ? Comment a-t-il violé cette magie puissante, donne-moi une réponse Ivella »

Ivella commença à réaliser la gravité des paroles d'Oban. Il avait raison, Olaï ne pouvait pas vaincre la magie qui formait la Ceinture d'Orion, à moins qu'il serait doté de pouvoirs magiques, cela expliquerait aussi les visions qu'elle avait eues dans la chambre. Oui, c'était cela, Olaï ne pouvait être qu'un magicien. Ivella se trouvait alors naïve d'avoir cru en lui et de l'avoir accepté. Elle devait tirer les choses au clair avec lui, et elle savait comment s'y prendre.

Chaos sauvageWhere stories live. Discover now