— Julie?

Je sors de mes pensées et relève la tête faisant face à cet homme me fixant avec incompréhension.

— Excusez-moi, dis-je en prenant mon verre.

Il acquiesce en hochant la tête et m'observe boire ce fameux virgin mojito qui est, sois dit en passant délicieux. Je pose mes yeux sur lui et me contente de sourire.

— Il faut toujours me faire confiance, dit-il fièrement.

— Je ne fais jamais confiance aux hommes conduisant une mercedes benz.

— C'est malheureux de penser comme ça.

— Vous trouvez? C'est pas moi qui refuse d'être dans une voiture avec une femme au volant, rétorqué-je en ricanant.

Celui-ci me lance un regard remplis de dédain, mais au fond de lui il sait que j'ai raison. Cependant je trouve que cette conversation prend une tournure un peu trop familière. Je me reprends et décide de sortir les dossiers de mon sac afin de travailler. Au final je suis ici pour ça et non pas pour discuter avec un charmant joueur de foot.

— Je vous ennuie? Me demande-t-il en observant mes documents.

Au moment où je m'apprête à lui répondre son téléphone sonne. J'aperçois le prénom Laurie s'afficher sur l'écran qu'il s'empresse de prendre et s'éloigner en direction de la forêt.

Je prends une longue inspiration avant de relire mes notes et de poursuivre sur ce dossier qui me semble vraiment être un petit piège de la part du big boss. Il y a de nombreuses incohérences sur les prix ainsi que sur les lieux. Je souris en indiquant sur ma fiche de bilan que ce contrat est soit un faux soit une arnaque. J'ouvre alors le second qui me semble être plus réel et cohérent.

— Excusez moi, dit-une voix masculine.

Je relève ma tête et le regarde s'installer face à moi. Son visage est plus fermé et la veine près de sa tempe est visible. Il est énervé, je le sens.

— Ce n'est rien, dis-je en me replongeant sur mon dossier.

— Toujours pas de signe de vie de Patrice?

Je me contente de secouer la tête négativement sans lâcher des yeux les papiers sur la table.

— C'est mon contrat?

— Je ne pense pas, dis-je en pensant au rendez-vous du boss.

Au moment où j'empoigne mon verre que je termine je remarque à nouveau son regard sur ma poitrine.

— Soyez discret la prochaine fois, soupiré-je.

— Pourquoi l'être?

— Pourquoi pas?

Il sourit en se frottant le front.

— Cela vous gêne?

— Comment pouvez- vous penser que cela ne me gêne pas?

— D'habitude les femmes sont plutôt flattées, affirme-t-il avant d'hausser les épaules.

— Je ne sais pas quel genre de femme vous côtoyez mais si celles-ci ne sont...

Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase que mon téléphone sonne, c'est le big boss.


— Toujours au Garden?

— Oui monsieur.

— Restez-y et déjeunez avec lui. Mettez ça sur mon compte et ne laissez pas Olivier Payer.

— Très bien. J'ai terminé l'étude des dossiers.

— Dite aux serveuses de vous appelez un coursier et envoyez moi ça à l'adresse que je vous donne par mail tout de suite. De plus, après avoir déjeuner retournez au bureau et faites signer le contrat à Olivier.

— Cela sera fait monsieur.


Bip

Bip

Bip


Il me raccroche à nouveau au nez, je commence à avoir l'habitude. Je pose mon téléphone et sens le regard interrogateur de mon compagnon de table.

— Nous déjeunons ici.

Un sourire en coin se dessine sur son visage.

— Je n'aime pas votre sourire de vainqueur.

— Mon sourire est normal.

— Non il ne l'est pas.


Je soupire en me levant trouver un membre du personnel sensible de m'aider. Une fois le mail reçu et le coursier arrivé je retourne à la table vide. Mes yeux balayent l'horizon à la recherche de notre client, oui notre client. Olivier est un client, je dois être professionnel et garder mon sang froid.

Garder mon sang froid.
Garder mon sang froid.
Garder mon sang froid.


Je m'assieds et profite d'envoyer un message à Sonia:

Bordel de merde Sonia j'ai besoin d'une bouteille de vodka entière pour me calmer. Je suis avec un putain de joueur de foot qui se crois tout permis! Je me retiens de le remettre en place mais je me souviens que je suis en stage et que c'est mon job! Désolé de ce message inutile mais ça me calme. On ce voit demain, je ne serai pas au bureau ce midi. 



Je range mon téléphone et attend que celui-ci daigne se montrer. Une serveuse m'indique qu'il est aller au toilette, je me contente de secouer la tête. Il y est depuis dix minutes, il doit sans doute se branler en pensant à ma poitrine.


—  Nous restons ici alors? 

—  C'est bien ça, dis-je calmement.

— Et ensuite?

—  Nous rentrerons signer votre contrat, Patrice, monsieur Gautier a eu un imprévu.

—  Il vous laisse vous charger de mon contrat?! 

Son regard est surpris, ce qui m'énerve! J'ai quand même un bac +4 bientôt +5  face à son bac -12 et il ose être surpris juste pour une putain de signature que même une secrétaire est capable de faire. Malgré tout, je me retiens de lui dire le fond de ma pensée et me contente d'acquiescer.

— Ne soyez pas vexée je ne disais pas ça dans le sens dont vous l'avez interprétée.

Il prend un temps de pose lorsque la serveuse nous apporte la carte.

— Patrice ne confie jamais un contrat, même pas à son assistante qui travail depuis 10 ans pour lui. Vous n'êtes ici que depuis hier et voilà qu'il vous confie l'un des plus gros contrat du moment.


Je me retiens de sourire et plonge ma tête dans la carte des plats.

À bout de souffle.Where stories live. Discover now