Chapitre 43

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J'ai tout vu, Faolàn, j'ai tout vu : je partageais ta chambre misérable, je travaillais toujours dans les mêmes lieux. J'ai même essayé de te parler mais tu m'as ignoré, froidement !

Même le maître te traitait mieux que moi, aussi horrible qu'il ait pu être avec toi, il était mille fois pire avec moi ! Lorsqu'il m'obligeait à me dénuder, à le toucher et à faire toutes ces choses atroces, il me comparait à toi, Faolàn, que je n'étais pas aussi beau ni aussi doué. Je voulais être toi. Je voulais les mêmes longs cils, la même bouche, la même tête, la même voix ! Et j'ai fini par te haïr. Quand Vila... Quand Vila te prenait dans ses bras et que tu pleurais, je voulais que tu disparaisses de cette planète !

Alors un jour, prenant mon courage à demain, je suis allé voir le maître. Je lui ai dit pour Vila. Je lui ai tout dit et la nuit d'après, on entendait tes cris jusqu'au village prochain. Le maître m'a félicité et m'a promis la liberté en échange : pourtant, c'est toi qui l'a eu plus tôt que moi, lorsqu'il t'a vendu à Vam. Encore toi ! Il aurait dû te faire souffrir encore plus ! », Erohel inspire profondément avant de reprendre, « Quand tu es parti, Vila n'arrêtait pas de pleurer. Elle t'a aimé jusqu'à la fin, si ça peut te faire plaisir... En tous cas, j'ai essayé de la consoler, d'être tendre et aimant. Je l'ai épousé lorsque ton père m'a libéré - une femme du village plus loin, ma mère que tu connais - s'est occupé de moi avant, m'a éduqué. Mais la Vila d'avant était partie : elle était devenue froide et stoïque, sans émotions. Et puis un jour, elle s'est jetée dans la rivière et est morte sans un bruit. Une âme qui passe... »

Faolàn est incapable de parler.

« Tu es... », sa gorge se noue. Les souvenirs virevoltent dans sa tête lorsqu'il se remémore brusquement du visage d'Erohel. Un petit garçon maigre et silencieux. Il se souvient qu'Erohel l'avait rassuré aux débuts, qu'ils se tenaient compagnie lorsque le froid de l'hiver s'infiltrait sur leurs paillasses. Un sentiment de culpabilité lui ronge l'estomac, accompagner de colère. Erohel est celui qui a parlé au maître de lui et Vila, c'est de sa faute qu'on l'a marqué au fer, c'est de sa faute... « Comment as-tu pu faire une chose pareille, Erohel ! Tu savais ce qui m'arriverais si tu- »

« Bien sûr que je le savais ! Tu le méritais ! Tu méritais toutes ces souffrances ! Tu m'as tout pris ! Tout ! Tu mérites de crever ! »

Faolàn pâlit et Erohel commence à le frapper au visage. Il se baisse, ramasse de la neige, lui met sur le visage, Faolàn grogne, se défend du mieux qu'il peut, en tournant la tête de droite à gauche, Erohel ramasse un bâton et commence à lui assener des coups, la tête de Faolàn se met à tourner.

« Assez ! », s'exclame-t-il, la voix brisée, « Assez ! Je t'en prie ! » Mais Erohel ne cesse pas, des larmes coulent sur son beau visage.

« Je te hais ! Je te hais ! Je te- »

Il tombe en avant en poussant un gémissement d'animal blessé avant que sa voix ne se coupe. Du sang teinte la neige autour de sa tête et Faolàn lève lentement les yeux. Freyja. Telle une déesse, elle se tient droite, les cheveux bruns au vent, la tunique blanche tâchée, une hache sanglante à la main. Elle tremble de tout son corps et laisse tomber l'arme dans la neige avant de brusquement s'agenouiller à côté d'Erohel. Elle tend une main vers sa tête, parcourue de frissons.

« Par tous les dieux... Non... J'ai tué un homme ! J'ai tué un homme ! Non ! Non ! »

Elle retourne Erohel, hystérique, ses yeux sans vie la fixe, elle se met à sangloter, secoue son corps, elle a du sang sur les mains, du sang sur son visage.

« Freyja », murmure Faolàn, toujours attacher, « Freyja ! »

Lentement, elle tourne la tête vers lui. Il tente de lui sourire, tente de contenir ses émotions et brusquement, la jeune fille se lève et court vers lui, se serre contre lui, enfouis sa tête dans le creux de sa nuque et Faolàn ferme les yeux.

« Je suis désolée... Désolée... Je ne voulais pas dormir avec Erohel mais je me doutais qu'il cachait quelque chose et je voulais savoir quoi... Je n'ai pas pris de plaisir, je suis désolée, désolée... Je n'aurais pas dû m'enfuir, te jeter tout ça à la tête... »

Faolàn est incapable de parler, de bouger, ouvre la bouche, la referme.

« Pourrais-tu...me détacher ? », finit-il par murmurer et d'une main tremblante, Freyja prend les clés autour de la taille d'Erohel. Une à une, les chaînes tombent à terre et lorsqu'il peut enfin bouger ses bras, Faolàn tire Freyja contre son torse tandis qu'elle enroule les siens autour de sa taille. Elle pleure sans retenu, désespérée.

« Ça va aller », souffle-t-il, « Ça va aller, arrête de pleurer, je suis là, ça va aller. »

Il la berce doucement, comme s'il avait peur de la briser et Freyja s'accroche à lui. Il la soulève, elle ne réagit même pas et rentre dans la maison. Il l'allonge dans le lit, lui caresse les cheveux, elle se laisse faire, il continue à la bercer. Finalement, elle arrête de pleurer et fixe stoïquement le plafond, les joues pâles, les yeux rougis. Faolàn la lâche sans la brusquer.

« Je vais m'occuper du corps », souffle-t-il et elle hoche tristement la tête, une larme échappant à son œil.

Faolàn sort. Il ferme les yeux d'Erohel. Il replie ses bras et se serre du bois coupé pour lui fabriquer un lit de mort. Il le prend délicatement dans ses bras et l'allonge dessus avant de le recouvrir d'un tissu.

« Repose en paix. », dit-il, « Je suis désolé pour tout ce que j'ai pu te faire. Si désolé. On aurait mérité mieux tous les deux. » Faolàn redécouvre rapidement la chevelure et coupe une mèche de cheveux qu'il enroule et empoche.

« Pour ne pas t'oublier et ne pas oublier ce que la haine fait des hommes. », murmure-t-il avant de se relever et rejoindre Freyja à l'intérieur. Il inspire profondément et soulève son corps vidé de toute énergie.

« On y va. », lui dit-il, et sort de la maison, s'éloigne dans la forêt, incertain vers où il va, incertain du futur, le cœur lourd.



Vénus a froidTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang