Chapitre 45

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« Vila ? », murmure Faolàn. Il a 8 ans. Il lui manque deux dents devant, ses cheveux sont un peu trop longs alors il secoue sa petite tête pour les enlever de ses yeux, « Vila ? ». Cette fois, il parle un peu plus fort. Devant lui, sur une prairie, au milieu de la forêt, une petite fille se retourne. Elle a de longues nattes blondes et de grands yeux entourés de longs cils, des petites taches de rousseur se baladent sur sa figure où des fossettes lui creusent les joues. Faolàn aime bien ses fossettes. Des fois, lorsqu'ils sont allongés ensemble, il les touche d'un doigt et Vila rit. Vila a la voix claire et la peau douce. Elle sent le savon et les violettes, elle porte toujours des jolies robes blanches qui tourbillonnent autour d'elle lorsqu'elle tourne sur elle-même. Vila aime bien marcher pieds - nus, aussi.

« Fao ! », s'exclame la petite fille, elle fait un bond en avant et prend Faolàn dans ses bras. Il rit : cela fait longtemps qu'il ne riait plus. Il a un peu faim et est un peu sale mais il s'est nettoyé du mieux qu'il peut pour la fille en face de lui. Sa voix est un peu cassée : il était malade la semaine dernière. Vila s'écarte de lui et prend son visage à deux mains, un regard triste dans les yeux.

« Qu'est-ce qu'il t'a fait encore... », murmure-t-elle et Faolàn baisse un peu les yeux. Il a honte que Vila le voit dans son état déplorable.

« Fao... »

Elle le serre dans ses bras et le petit garçon cache son visage dans sa nuque qui sent si bon.

« Ça va aller... », souffle-t-elle, « Je suis là... Je suis là... »

Faolàn se rend compte qu'il pleure mais il s'en fiche. Vila ne le juge pas, elle le serre dans ses bras, lui caresse les cheveux en bordel, lui répète que tout va bien se passer. Il s'accroche désespérément à elle, il n'a qu'elle, il n'a qu'elle dans cet enfer, il a peur, il a faim, Vila est chaude, elle sent bon, elle est si gentille, Vila, si gentille...

« Je-Je t'aime. », dit-il entre deux sanglots, « Je t'aime. »

La petite fille rit et secoue ses longues nattes.

« Je t'aime aussi, Faolàn », murmure-t-elle. Elle s'écarte un peu de lui et lui prend la main. Ensuite, elle s'approche un peu de son visage. Faolàn écarquille les yeux, ne sachant pas ce qu'elle fait.

« Maman et papa », dit-elle, « De temps en temps, ils se font des bisous parce qu'ils s'aiment aussi. »

« Des...Bisous ? »

Faolàn rougit jusqu'aux oreilles. Vila rit de nouveau et doucement pose ses lèvres sur les siennes. Faolàn n'ose pas bouger. C'est un sentiment étrange. Son cœur bat rapidement dans sa petite poitrine. Les lèvres de Vila sont toutes douces, elles ont un gout de beurre et de miel. La petite fille s'écarte, les joues écarlates. Elle sourit de toutes ses dents et garde la main de Faolàn dans la sienne.

« Tu me fais un bisou aussi ? », demande-t-elle innocemment.

« Sur-Sur la bouche ? »

Vila hoche la tête et il se met sur la pointe des pieds. Il avance son visage et pose maladroitement sa bouche sur celle de Vila. Elle sourit. Vila sourit toujours. Un sentiment de bonheur emplit le petit ventre du garçon. Il est heureux, heureux, heureux. Il n'est plus seul. Il prend Vila dans ses bras et ferme les yeux.

« Je t'aime pour toujours », dit-il et sourit.

~***~

U

n coup dans les côtes réveille Faolàn.

« Debout ! Debout ! Mais qu'est-ce que vous foutez là ! », hurle un homme tandis que Faolàn ouvre lentement les yeux, le visage souriant de Vila encore devant les yeux...

Vénus a froidOnde histórias criam vida. Descubra agora