Ce jour-là, dans la chambre interdite, avec Marlon, je me sentis comme la plus grande assassine des USA. Je venais de tuer mon amitié avec Jayne, ma confiance en elle, je venais de détruire l'idéal dont j'enrobais Marlon tous les jours, dont je le décorais comme un chevalier rentrant du combat. Je venais d'assassiner une partie de moi-même aussi, par la même occasion. Celle de la fille gentille, folle amoureuse d'un gars dont elle ne comprenait finalement rien. Mes premiers crimes... en quelque sorte. Je ne tenais vraiment pas à récidiver. Sauf si l'on m'y forçait comme il venait de le faire en me faisant entrer ici, et en me séquestrant presque avec lui puisqu'il avait jeté la clé par la fenêtre.
- Tu sais que tu es un des pires idiots que je connaisse ? Lui demandais-je tout à coup, sans même le regarder.
- Tu en connais beaucoup ?
- Assez pour savoir que tu es un des pires.
- Ah. Et pourquoi suis-je dans le palmarès ?
- Parce que tu as jeté la clé par la fenêtre. Et si Jayne reviens, elle pourra nous trouver ici sans que nous ayons pu nous échapper avant qu'elle ne débarque.
- Pas con ta réflexion, mais c'est justement pour la piéger à son propre piège.
- Je ne comprends plus rien, tu m'embrouilles.
Marlon rit. Cela faisait un moment que je ne l'avais plus entendu rire comme ça. C'était quelque chose de vrai. Pas un rire moqueur, ni compatissant, un vrai rire qui rit réellement. Ça faisait du bien de l'entendre ainsi, après sa crise d'un peu plus tôt. Mais ça me dérangeait particulièrement parce que ça n'avait rien de drôle. Je le regardai comme s'il était vraiment stupide. Il me sourit juste avant de m'attirer à lui pour m'embrasser sur les lèvres.
