XVIII

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Peut-être que nous n'aurions pas dû les obliger à quitter la voiture. Ainsi, ça ne serait peut-être pas arrivé. Lenny venait de vomir sur les tapis. Marlon est entré dans un accès de colère soudain. Il en avait marre que les mecs se bourrent la gueule et gerbent dans sa voiture après chaque soirée. Je le comprenais, mais je ne disais rien. Les regards suppliants et malades de Lenny et Phil me faisaient mal au cœur. D'un geste sec, Marlon est sorti de la voiture, a ouvert toutes les portières, a jeté les tapis dehors en même temps que les garçons, en vociférant des syllabes incompréhensibles, puis il m'a attrapée par le bras, m'a fait monter dans la voiture. Et nous sommes partis, laissant nos deux acolytes sur le bord de la route, entourés de tapis salis de vomi.

- Marlon... le suppliais-je pour lui faire faire demi-tour.

Je savais très bien qu'il ne voulait rien entendre dans ce genre de situation. Il détestait qu'on le contredise. Même ne serait-ce qu'une seule fois.

La voiture filait à travers les bois, à l'opposé d'où nous devions aller normalement. Nous prenions la direction de chez Jayne. Il gara la voiture dans la pelouse devant chez elle, écrasant ses tulipes au passage. Mais il n'en avait rien à faire.

- Descend. M'ordonna-t-il sèchement.

Je m'exécutai, sans vraiment savoir pourquoi car je n'en avais aucune envie. J'étais même morte de peur, à vrai dire. Il était imprévisible. Il ne valait mieux pas être ou essayer de se mettre sur son chemin quand il était comme ça. Il fit le tour de la voiture, ouvrit la porte arrière et me poussa dedans. Il entra avec moi, referma la portière derrière lui. J'avais peur. Mon estomac n'était plus qu'une boule, ma gorge était serrée. Si on ne sortait pas rapidement, j'allais commettre le même crime que Lenny et Phil, mais les tapis ne seraient pas les victimes. Ça serait ses sièges directement. Et il voudrait me tuer. Il s'approcha de moi, à genoux, et me serra dans ses bras. Je ne comprenais rien et j'avais encore plus peur que deux minutes auparavant.

- Qu'est-ce que tu fais ? Demandais-je la voix tremblante.

- Je n'en sais rien... murmura-t-il sans me lâcher.

Il finit par desserrer son étreinte autour de moi et me dit :

- Viens.

Nous sortîmes du véhicule et remontâmes la pelouse de chez Jayne. Elle n'était pas chez elle. Nous entrâmes. Donovan était endormi devant la télévision qui diffusait une émission sur les volcans. Marlon me prit par la main et nous montâmes à l'étage. Il ouvrit une porte sur la droite. Cette porte était toujours fermée à double tour, je n'avais jamais mis les pieds dans la pièce que Jayne tenait secrète de l'autre côté. Marlon en avait la clé dans la poche de son jeans. Il ouvrit.

Les MagnoliasKde žijí příběhy. Začni objevovat