VI

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                Je lui ai proposé d'aller discuter dehors. La musique allait trop fort, on ne s'entendait pas. Il a accepté, un sourire aux lèvres, et m'a suivi hors de la salle. Nous avons marché un peu au milieu de la route, côte à côte, sans rien dire. Mes oreilles bourdonnaient, une odeur de bière et de fumée de cigarette restait dans mes narines. N'osant pas me tourner vers lui, je regardais mes pieds tout en marchant, mes converses grises avançant à tour de rôle sur le tarmac trempé par la pluie d'orage qui venait de tomber pendant que nous étions à l'intérieur. Sans le voir, je sentais son regard insistant sur moi. Nous nous sommes arrêtés et nous sommes retrouvés face à face. La musique résonnait à travers la nuit depuis la salle, à une bonne cinquantaine de mètres de nous. J'ai levé les yeux vers lui et ai mordu ma lèvre inférieure. Il a souri, amusé.

                - Alors ? M'a-t-il demandé comme s'il essayait de me piéger à mon propre jeu alors que je ne jouais à rien.

                J'ai pris une profonde inspiration, je me suis approchée encore un peu plus de lui, et ai dit :

                - Est-ce que tu as trop bu ?

                - Peut-être un peu.

                - Est-ce que tu m'aimes ?

                - Peut-être un peu.

                - Sincèrement ?

                - Avec beaucoup d'alcool ?

                J'ai ri en rejetant mes cheveux en arrière. Il a sorti une cigarette du paquet qu'il avait dans la poche arrière de son jeans, ainsi qu'un briquet.

                - Non, sans. Ai-je gentiment souri en essayant de plonger mon regard au fond de ses yeux bleus azurin.

                - Pas vraiment.

                - Je ne comprends pas...

                - J'ai juste envie de toi.

                - Mais tu m'aimes ?

                - Oui mais pas de la manière que tu le penses.

                - C'est compliqué. Ai-je fais remarquer.

                - Ouais, désolé.

                Il s'est penché vers moi et m'a embrassée sur les lèvres. Je l'ai regardé, à la fois très heureuse, très surprise et très horrifiée. Il s'est caché du vent pour allumer sa cigarette. Amusé par la tête que je faisais, il m'a demandé :

                - Alors, quoi ?

                La petite flamme a jaillit de son briquet après trois petits craquements dans le vide. La fumée s'est échappée. Il a inspiré, sans me quitter du regard.

                - Tu as perdu ta langue ?

                J'ai secoué négativement la tête.

                - Si tu ne m'aimes pas, pourquoi m'embrasses-tu ?

                - J'avais envie.

                - C'est possible une relation comme ça ?

                - Comment ?

                - Juste d'envie ?

                - J'en sais rien.

                Malgré tout ce qu'il me disait, il a passé un bras autour de mes épaules pour m'attirer à lui et ma serrer contre son corps. Ma joue contre sa chemise à minuscules carreaux bleus clairs et blancs. Il a doucement caressé mes cheveux. Je sentais sa main glisser lentement à l'arrière de ma tête, le long de mon oreille, son pouce frôler ma joue. Nous sommes restés ainsi de longues minutes, le temps qu'il fume sa cigarette. Dès qu'il a eu fini, j'ai fait mine de vouloir m'écarter de lui, mais il m'a retenue. Je l'ai regardé manière de dire pourquoi est-ce que tu veux me garder plus longtemps. Il en a profité pour m'embrasser une seconde fois après avoir lancé son mégot un peu plus loin, avant de me serrer encore un peu plus et de me dire :

                - Je suis désolé d'être trop bourré pour dire quelque chose de censé.

Les MagnoliasWhere stories live. Discover now