25. Délivrance.

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  I Don't Think You Know - John West

J'ai l'impression d'être un glaçon vivant. Le vent frais s'introduit dans mon blouson, ce qui me fait frissonner de froid. Je marche en soufflant sur mes mains pour les réchauffer au minimum. Quelle idée de ne pas mettre de bonnet ni de gants. Sans exagérer, il doit faire dans les -10°. Ce qui est vraiment froid pour mon petit corps pas habitué.

Je continue d'avancer. À vrai dire, je crois m'être perdu. Enfin ceci depuis un bon bout de temps. J'espérais peut-être que après avoir marché pendant de nombreuses minutes interminables, j'aurais finis par retrouver mon chemin. Je pensais abandonner l'idée de enfin trouver ce que je cherchais et me laisser mourir dans la neige, quand mes yeux se posèrent sur ces mots. Ces putains de mots, cette putain d'enseigne qui indique ce putain de bâtiment que je cherche depuis des heures. Le Langham Chicago hôtel.

-

L'ascenseur monte. Doucement. Plus il monte, plus je me dis que je fais bien. Parce que, combien de temps met-on pour oublier l'odeur de celui qu'on a aimé ? Combien de temps avant de l'oublier entièrement ? J'étais juste fatigué. Pourtant je ne faisais rien, je regardais juste ma vie défilé devant moi. Mais j'étais fatigué de ne pouvoir rien faire. Rien. Jusqu'à en oublier de vivre.

Alors quand les portes de l'ascenseur s'ouvre, je n'ai même pas une once d'hésitation à les franchir.

Je marche jusqu'à la porte que la secrétaire à l'accueille m'a indiqué. Je fixe le numéro de sa porte. 231. Bordel je tremble mais je ne serais incapable de dire si s'est causé par la température ou mon stress. Je coupe ma respiration, tend ma main à hauteur de la porte et toque. Trois coups. J'espère qu'il est là. Parce que bordel si il est pas là ça voudrait dire que j'ai traversé l'océan pour me retrouver devant une porte qui...

Fuck.

Ses yeux. Ses cheveux en batailles. Ses lèvres qui s'agrandissent sous la surprise. J'entends même sa respiration qui se coupe. Une chaleur s'installe dans mon ventre et je sens mon cœur battre à toute vitesse contre la poitrine. Tout m'a tellement manqué. Bordel je réalise que je suis vraiment dans la merde maintenant que je suis dépendant de lui. Vous pensez qu'il accepte les gars comme moi en désintox ? Où alors peut-être qu'il suffirai que j'arrête de fixer ses yeux. Mais c'est impossible. Le silence qui s'est installé entre nous n'est pas vraiment gênant. Je pense qu'il nous aide à réalisé que nous sommes vraiment l'un en face de l'autre. Tous mes putains de membres tremblent. Je fourre mes mains dans les poches pour ne pas qu'il le remarque et je baisse les yeux. Je n'en pouvais plus de subir son regard dur sur moi.

Il s'écarte de la porte et raclant sa gorge et je comprends qu'il m'invite à entrer. Il me gifle pas ? Il ne me gueule pas dessus ?

Je rentre en regardant autour de moi. C'est assez grand. Même trop grand pour qu'il vive seul mais je garde mes commentaires pour moi. Après presque un moi et demi loin de lui, sans le voir ni lui parler, il est là. C'est tellement irréel que dans ce genre de situation d'autres se seraient pincés pour vérifier qu'ils soient bien éveillés. Mais pour ma part il me suffit de regarder ses yeux. Ses putains d'yeux et la réalité me frappe. Harry n'a aucun réaction. Ou alors il ne montre rien. J'aurais voulu qu'il me cri dessus, qu'il me crache à la gueule tout ce qu'il ressent. Mais au lieu de ça, il se tient devant l'entrée me fixant de ses prunelles vertes et bien trop envoûtantes.

- Tu portes mon pull.

Bordel. Je pourrais m'assommer avec une casserole pour avoir sorti ça mais ce sont les seuls mots qui ont franchis mes lèvres. Il baisse le regard sur le haut qu'il porte pour constater que il porte bien mon pull. Putain de merde il porte mon pull. Mon pull préféré que j'ai oublié de prendre en partant. Je l'ai abandonné, je suis parti mais il porte mon pull. Je sens une chaleur se former dans mon ventre. Mais lui, il hausse simplement les épaules. Je soupire parce que je comprends qu'il ne me pardonnera jamais. J'ai réussi à le percer, à le découvrir comme il est vraiment mais je l'ai trahi. Plus jamais il pourra me faire confiance à nouveau. Mais il m'a quand même laissé entrer, moi qui pensais que il m'aurait fermer la porte au nez, j'ai peut-être un espoir.

Silence. [réécriture.]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant