— Décidément, elles perçoivent beaucoup de potentiel en toi.

— Il n'y a bien qu'elles qui le remarquent, malheureusement.

Pensive, Nela s'écroula dans l'herbe, observant les étoiles.

— Allez ne t'en fais pas, la nature ne se trompe jamais, la rassura le blondinet, s'allongeant près d'elle.

— Jack... ?

— Oui ?

— Je peux te poser une question, lui demanda-t-elle en se redressant, nerveuse.

— Évidemment, tu es déjà en train de le faire de toute façon, je t'écoute, lui répondit-il curieux, se redressant à son tour.

— On n'en a jamais vraiment reparlé... mais je t'avoue que ça me hante, j'y pense tout le temps alors j'aimerais savoir. Pourquoi es-tu venu vers moi le soir du bal ?

Les mains tremblantes, jouant avec une de ses longues mèches brunes, Nela fixait Jack intensément, elle ne voulait pas savoir, elle avait besoin de le savoir. Besoin de savoir si son mentor ressentait un quelconque sentiment à son égard.

D'un geste lent, Jack caressa du bout des doigts la joue de sa petite protégée, lui adressant un sourire nostalgique au souvenir de ce moment avec elle.

— Parce que tu étais triste, et c'est mon rôle d'être là pour toi, et même de veiller sur toi, lui confia-t-il, plaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille.

Perdue dans l'intensité du vert émeraude des iris de son mentor, Nela osa une autre question.

— Mais alors, pourquoi avoir frappé Mattéo ?

Déconcerté, Jack se releva précipitamment, coupant tout contact visuel avec Nela. Il faisait les cents pas, tirant ses boucles blondes en arrière.

— Parce que je suis stupide, voilà tout. Il est temps de rentrer maintenant, le couvre-feu est dans moins de vingt minutes.

Confuse, Nela l'observa d'un mauvais œil. Il lui tendit la main pour l'aider à se relever, mais elle refusa, le regard plein d'amertume. Son mentor la saisit alors par la taille et sans un mot, il la reconduit à la plage où attendaient Diego et Peter.

— Je ne te comprends plus Jack, lui lança-t-elle avant de courir rejoindre ses deux amis.

Jurant, le garçon de seconde année s'envola.

Le lendemain, c'est en colère que Nela se réveilla, elle en voulait toujours à Jack, il lui faisait tourner la tête dans tous les sens, elle ne savait plus quoi penser. Elle avait l'impression de se faire manipuler ; il avait l'air de l'apprécier et la seconde suivante, il semblait la détester. Comment pouvait-on être aussi bipolaire ? Elle voulait comprendre la raison de ce comportement si étrange. Que voulait-il cacher ?

Lorsqu'elle descendit prendre son petit-déjeuner, il n'y avait que Mattéo et Fleure autour de leur table. Dans un soupir de mécontentement, elle vint s'installer près d'eux.

— Qu'est-ce qu'il t'arrive ? demanda gentiment, Matt.

— Rien, laisse-moi, lui répondit-elle sèchement.

— Eh ! Je t'ai rien fait moi, tu pourrais être un peu plus aimable.

— Je suis désolée Matt, je n'ai pas très envie de parler ce matin.

— Tu devrais pourtant, ça te ferait du bien.

— Je ne pense pas non, ça ne ferait que rouvrir de vieilles cicatrices.

— Je m'en fiche de Jack, Nela. C'est du passé pour moi tout ça. Tout ce qui compte, c'est toi, que tu sois heureuse. Et à ce que je vois, c'est pas le cas... Je suis sûr que c'est à cause de lui.

Sans trop comprendre pourquoi, Nela commença à trembler, elle savait que son ami disait vrai, mais elle ne voulait pas lui donner raison, car avouer que Jack lui faisait du mal, c'était avouer qu'il comptait pour elle plus qu'elle ne le voulait. La conversation lui coupait la faim. Elle jura et monta dans sa chambre. Sans vraiment savoir pourquoi, la colère montait en elle. Nela ne pensait pas que ce sujet pût avoir un si grand impact sur elle. Ses membres se contractaient, ses veines ressortaient, prêtes à exploser. Elle hurla, faisant voler dans la pièce ses affaires posées sur son bureau. Elle se laissa tomber au sol, transpirante, explosant en sanglots, elle n'avait plus d'énergie. Elle resta un long moment assise par terre avant de reprendre ses esprits doucement. Elle ne voulait pas penser à ce qu'il venait de se passer, elle n'avait jamais été colérique, ce n'était pas son tempérament, jamais non plus elle n'avait fait de crise de nerfs. Que lui arrivait-il ?

Une fois calmée, et très en retard, elle se rendit à son premier cours de la journée où le professeur de sciences surnaturelles la laissa entrer sans problème. Nela s'approcha alors timidement de la table d'Alice.

— Je peux ?

— Bien sûr.

Johanna et Fleure, assises au premier rang se tournèrent vers elle.

— Tu lui as fait de la peine ce matin, tu sais. Tu devrais aller le voir pour discuter, lui suggéra Alice, pointant Mattéo d'un signe de tête.

— Il t'aime beaucoup, ne gâche pas votre amitié pour un garçon, renchérit Johanna.

Soupirant, Nela observa son ami à l'autre bout de la salle de classe. Il était vrai que si elle ne voulait pas le perdre, elle devait aller le voir pour s'expliquer avec lui.

Après les tests, plus sereine, Nela partit rejoindre Mattéo à la bibliothèque. Elle s'assit face à lui sans qu'il y prêtât attention ; le garçon restait concentré sur ce qu'il écrivait.

— Je ne savais pas que la philosophie de l'Homme t'intéressait tant, commença maladroitement Nela.

Mattéo resta silencieux.

— Freud n'a pas chômé sur ce sujet, on dirait, rétorqua-t-elle, voyant la tonne de livres posée sur la petite table.

Son ami garda le silence.

— Je n'ai jamais trop aimé la philosophie moi. Quoique... c'est toujours mieux que les mathématiques.

Gênée, Nela regarda autour d'elle, les lèvres pincées, elle ne savait plus quoi dire. Matéo finit par poser son crayon et l'observa, occupée à balayer la salle du regard, jouant avec une mèche de ses cheveux. Il ne put s'empêcher de sourire.

— Qu'est-ce que tu veux Nela ? dit-il enfin.

— Me faire pardonner. Je m'en veux, je suis vraiment désolée. En ce moment, je... j'ai du mal à maîtriser ma colère. Je n'aurais pas dû réagir comme ça ce matin, ni au bal d'ailleurs... pardonne-moi, s'il te plaît.

L'analysant un moment, Mattéo ne répondit rien, laissant le visage de Nela se décomposer un peu plus au fil des secondes. Il finit alors par rire.

— Ça veut dire oui ? Tu me pardonnes ?

— Bien sûr Nela, même si je le voulais, je ne pourrais pas t'en vouloir...

Les deux amis se firent une accolade de réconciliation avant de rejoindre les autres qui s'étaient installés plus loin.

***

Le jour du verdict arrivé, legroupe d'amis était réuni au parc. Chacun contemplait son enveloppe d'un air inquiet,se lançant quelques regards furtifs. Tous avaient une pointe de crainte visibledans leur regard et le ventre noué. Personne ne parlait. Ils allaient enfin savoir s'ilsavaient fait leurs preuves, s'ils avaient gagné leur place à l'école. Tous ensemble, ils déchirèrent précipitammentl'enveloppe, prêts à découvrir leurs résultats. Brisant ce silence anxieux,Diego fut le premier à annoncer ses notes.

Maudite, Reine de la rose noire.             [Tome 1]Where stories live. Discover now