S'éloigner

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Cela faisait une semaine qu'elle ne l'avait vu, et cela lui semblait une éternité. Elle lui avait laissé des messages sur son téléphone, sans réponse de sa part. Il était parti en mission un matin, et n'avait plus donné de nouvelles. Elle-même avait été bien accaparée par son travail. Mais à chaque jour grandissait son inquiétude. Devait-elle appeler son équipe ? Elle ne les connaissait même pas, si ce n'est le nom de son responsable, Hotchner et de Morgan dont il lui avait parlé une fois. Et pour leur demander quoi ? Est-ce que vous êtes bien rentrés de votre mission inconnue ? Savez-vous si Spencer ne veut tout simplement plus me voir ? Ou est-il juste trop fatigué et a besoin de repos ? Elle se doutait que l'équipe ne soupçonnait même pas son existence. Et ça lui convenait avant. Mais plus aujourd'hui.

Elle finit par faire quelque chose qu'elle se détestait de faire en temps normal. Ce ne fut que quand elle frappa à sa porte qu'elle se rendit compte que ses pas avaient fini par franchir cette fameuse limite. Il était tard, il devait être chez lui. Elle n'obtint pour autant aucune réponse. Elle finit par tendre l'oreille, pour capter un bruit, une preuve qu'il était bien chez lui. La rassurer, au moins en partie. Elle resta ainsi, stoïque pendant plusieurs minutes. Partir ? Insister ? Lui glisser un message sous la porte ? Elle se remémora la crise de panique qu'il avait faite un soir chez elle, et se dit que la mission qui l'avait éloigné cette fois-ci avait pu augmenter l'angoisse du jeune homme qu'il essayait de lui cacher. Qu'il était fragile surtout en ce moment avec sa mère...

« Spencer ? » demanda-t-elle d'une voix qu'elle voulut forte.

Pas de réponse. En soupirant, elle finit par décider de partir. Elle aurait pu manquer ce bruit. Elle aurait pu passer à côté et s'en aller. Mais ce ne fut pas le cas. Quelque chose venait de tomber dans l'appartement de Reid. Un livre peut-être. Elle en était certaine, même si le bruit avait été étouffé par le tapis qui ornait le sol du salon de Spencer. Le cœur battant, elle revint à la charge. La raison venait de la quitter, seule la peur la commanda quand elle reprit la parole.

« Spencer ouvre-moi ! J'ai essayé de t'appeler, je t'ai laissé des messages, et me voilà devant ta porte à tambouriner comme une désespérée ! ».

Pendant un temps, aucun bruit même infime ne se fit entendre. En avait-elle trop fait ? C'est alors que la porte s'ouvrit sur un Spencer débraillé et ébouriffé en restant diablement sexy. Mais lorsque le regard de la jeune femme se posa sur son visage, elle déchanta. Les traits tirés, le visage pâle, il évitait de croiser son regard.

« Mais enfin qu'est-ce qui se passe Spenc ? » demanda-t-elle d'une voix troublée.

Elle ne sut combien de temps ils restèrent ainsi à se faire face sans se regarder dans les yeux. Des secondes, des minutes, des heures. Le temps s'était figé dans ce couloir, comme s'ils étaient les seuls acteurs d'une pièce dramatique dont ils ne saisissaient pas le sens.

« Je suis désolé, j'aurais dû te répondre, mais j'ai besoin d'un peu de temps, je te rappellerais, je te promets » finit par lui répondre le jeune homme, d'une voix éteinte.

Il commença à refermer la porte sur la jeune femme. Sauf qu'elle ne se laissa pas faire. Pas après l'avoir vu ainsi. Parce ce qu'elle l'aimait.

« Je ne vais pas te laisser comme ça ! » rétorqua-t-elle.

Elle chercha à rencontrer son regard mais ne tomba que sur un mur. Cela faisait partie de son caractère. Quand Spencer souffrait, il se renfermait, même aux personnes qu'il aimait le plus.

« S'il te plaît, dit-il en haussant la voix, je veux que tu partes...pour le moment. »

Elle ne sut quoi répondre. Il finit par refermer la porte sur elle, et peut-être sur leur histoire.

Une vie à deux - Esprits CriminelsWhere stories live. Discover now