Chapitre 8

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Je prends tout mon temps dans la douche. J'ai besoin d'évacuer toute cette... tension de mon corps. Cette tension ? Cette excitation serait plus juste, grogne ma conscience. Oui, bon, c'est à peu près pareil, non ? Quoi qu'il en soit, j'ai besoin de ce moment d'intimité en faisant abstraction d'Alex qui se trouve à quelques mètres, en train d'échafauder des plans pour terminer ma véranda. Eh ouais, parce que ces cons qui étaient censés me la faire se sont tirés avec leurs plans. Je pense plutôt à Kelly et me demande où elle est en ce moment. Est-elle en train d'aider une mère à donner naissance à son bébé ? J'ai un réel respect pour ce métier. Ce doit être magnifique d'assister à toutes ces naissances, à prendre soin de ces bébés durant les premières minutes de leurs vies. Il faut avoir le cœur accroché aussi. Kelly m'a raconté que, parfois, tout ne se passe pas comme prévu. Elle a dû prendre beaucoup sur elle quand elle m'a raconté cet accouchement qui s'annonçait plutôt bien mais qui est vite tourné au drame lorsque le cœur du nouveau-né s'est subitement arrêté. Elle est restée vingt minutes à tenter le tout pour le tout afin de faire revenir l'enfant à la vie et ses collègues ont dû l'obliger à arrêter. Ça a dû être horrible pour les parents, mais aussi pour ma copine. Nous n'étions pas encore ensemble mais elle m'a expliqué à quel point les jours suivants ont été dur pour elle. Je n'ose pas imaginer la douleur. Ce sont les risques du métier. Je sais que j'aurais été incapable d'exercer ce travail, mais Kelly est forte et courageuse. Elle gère les choses avec beaucoup de professionnalisme.

Elle me manque, putain. J'ai l'impression qu'une partie de moi est partie en Afrique avec elle. Il faut que je l'appelle, j'ai un besoin viscéral d'entendre sa voix. Je sors de la cabine de douche, me sèche et m'habille avant d'enlever la serviette de bain qui cache le miroir. Oh putain j'ai une sale tête. Comment ai-je osé me pointer devant Alex comme ça ? Mais qu'est-ce qui me prend de penser ça ? Je m'en fout de ressembler à Frankenstein, ce mec ne m'intéresse nullement. Je me sèche les cheveux à la va-vite avant de sortir de la salle de bains. Je m'arrête un instant dans le couloir. Non, ça ne va pas. Après tout, un peu de maquillage ne me fera pas de mal.

- Vous êtes bien sur le portable de Kelly Harrison, je ne suis pas là pour le moment...

Je raccroche avant la fin du message d'accueil de sa boite vocale. Merde, elle est sûrement en intervention. J'ai toujours détester laisser des messages vocaux, j'ai l'impression de me parler toute seule. Je préfère lui envoyer un texto.

Coucou ma chérie. Encore une journée sans toi. J'espère que tout se passe bien. Tu me manques, je t'aime.

La facture aurait été sacrément salée si nous n'avions pas anticipé en prenant un forfait international, ce qui nous permet de nous parler sans avoir à transporter nos ordinateurs. Je m'empare de mon cahier dans lequel je note toutes les informations dont j'ai besoin sur la vie de mes clients et le sujet à traiter ainsi qu'un stylo avant d'aller m'installer près d'Alex.

- Il me faut des infos sur vous, lui dis-je tandis qu'il est occupé à prendre des mesures.

La pseudo véranda étant ouverte sur mon jardin, j'ai enfilé mon blouson avant de le rejoindre. Lui ne porte que son gros pull que je lui ai lavé hier qui a tendance à se soulever légèrement quand il tend les bras pour mesurer les poutres du haut, révélant un peu de son anatomie. Je chasse les pensées gênantes qui me traversent l'esprit, soudain. Alex se tourne vers moi en souriant.

- Il n'y a pas grand chose à faire, décrète-t-il. J'en ai pour un mois, un mois et demi tout au plus.

Le soulagement m'envahit. Je n'aurais donc pas besoin de me triturer l'esprit sur la façon dont je devrais annoncer la nouvelle à Kelly. Non que je veuille lui cacher, mais je ne veut pas qu'elle se fasse des films, il faut absolument qu'elle se concentre sur sa mission bénévole. Cependant, une petite pointe de déception me tiraille le ventre. Pourquoi ? Je l'ignore. Un mois, c'est long comme ça peut être très court. Long quand la personne que vous aimez est loin de vous, mais très court lorsque vous avez un spécimen aussi sexy que ce fameux Alex sous votre toit. Une chaleur intense m'incendie le bas-ventre. Il faut à tout prix que j'arrête de divaguer ou il va finir par remarquer quelque chose.

Juste une nuitWhere stories live. Discover now