Chapitre 2

5.7K 347 24
                                    

- Ce que l'accusé refuse de nous dire, Votre Honneur, c'est qu'il n'a pas étranglé Julie Stampton parce qu'il craignait qu'elle dénonce leur liaison à sa femme, mais parce qu'elle attendait son bébé et qu'elle refusait d'avorter.

- Objection Votre Honneur ! Ceci est une accusation sans fondement.

Je lui souris

- J'ai ici les résultats des examens gynécologique de la victime et il s'avère que la victime était enceinte de six semaines. Non seulement la date de conception correspond parfaitement avec la période pendant laquelle vous avez fréquenter mademoiselle Stampton, mais en plus, votre femme a engagé un détective privé, Monsieur Newton ici présent, qui vous a photographié en flagrant délit d'adultère ce même jour, réponds-je.

- Objection rejetée. Maitre Jenkins, veuillez me faire parvenir vos preuves.

 Je me dirige vers mon pupitre pour y prendre le rapport du médecin légiste que j'ai reçu ce matin ainsi que les photos compromettantes sur lesquelles figurent la date que Newton m'a confié et les donne au policier qui se charge de le transmettre au juge de la cour. Celui ci l'examine attentivement et j'en profite pour lancer un regard en coin à mon adversaire, Maitre Logan Jameson. Un connard de première, celui-là. A la barre, Patrick Bauer me fusille du regard. Je me retiens de lui faire un doigt d'honneur. S'il croit qu'il me fait peur...

- Très bien, je retiens cette preuve, annonce le juge avant de faire parvenir le rapport aux jurés.

- Votre Honneur, mon client est gynécologue, il est plus que normal qu'il touche les parties intimes de ses patientes et ces photos ne prouvent rien, elles ont très bien pu être truquées, défend Jameson.

Je lève les yeux au ciel. Quel avocat merdique ! Tu m'étonne qu'il a été commis d'office. 

- Je savais que vous diriez cela, Maitre Jameson. Alors j'ai fait venir l'experte en informatique que j'ai sollicité afin de vérifier l'authenticité des photos de Monsieur Newton, répliqué-je en désignant Chloé Monroe.

Celle-ci est finalement appelée à la barre et confirme mes dires. Les clichés sont bel et biens vrais. L'audience dure encore environ une heure et demi avant d'être suspendue pour que les jurés puissent délibérer. J'en profite pour aller me prendre un gobelet d'eau à la fontaine.

- Tu ne vas pas t'en sortir comme ça, Jenkins.

Je me tourne vers Logan en buvant une gorgée.

- On parie ?

- Dans cinq ans il est libre, s'entête-t-il.

- Et tu auras la mort d'une autre de ses conquêtes sur la conscience. Mais je vais te rendre service, je vais lui faire prendre la peine maximale.

Je jette mon gobelet vide à la poubelle et Jameson me lance alors que je me dirige vers la salle pour reprendre l'audience.

- C'est bon, il a dérapé une fois.

Son comportement laxiste et désinvolte face à la gravité de la chose me met instantanément hors de moi. Serrant les poings, je me retourne face à lui.

- Au début on dérape. Ensuite on se rend compte que ce n'est pas si désagrable que ça. Et enfin on en devient accro, faire du mal devient notre passe-temps favori. On aime frapper, encore et encore et...

Je me tais en me rendant compte que je ne parle plus de l'affaire mais de mon vécu personnel. Un vécu dont je ne veux plus jamais me souvenir. Un vécu dont personne ne connait l'existence.

- Il n'y a jamais de dernière fois, Jameson. Mets toi ça dans le crâne.

Puis je tourne les talons en luttant contre les larmes qui menacent de tomber à ces souvenirs plus que douloureux. Je déteste repenser à cette période de ma vie. Je déteste me souvenir de son visage. Je déteste que l'on me contredise. Je déteste ces foutus avocats qui pensent qu'il peuvent s'en tirer à si bon compte.


Juste une nuitWhere stories live. Discover now