Chapitre 5

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  Ma tête me fait affreusement mal, comme si elle pesait une tonne. Mais ce n'est rien comparé à la douleur en moi que ce gros pervers a fait remonter à la surface. Je n'ai jamais pu oublier toutes ces années emprisonnée auprès de Max. J'essaie seulement de vivre avec. Cinq putains d'années d'enfer. Heureusement, avec Kelly j'essaie peu à peu de me reconstruire, cette femme si douce et attentionnée qui me pousse à aller de l'avant. Dire que ce salopard vient tout remettre en question. J'ai beau tenté de me souvenir, tout ce qui me revient à l'esprit, c'est seulement cette haleine puante et ces grosses pattes poilues qui s'immiscent partout sur moi sans aucune gêne et surtout sans mon consentement. 

  La douleur est vive,comme une migraine, mais puissance mille. Ce serait tellement plus simple de me laisser aller dans les profondeurs des ténèbres qui m'appellent... Je sais que si je lâche prise maintenant, je serais enfin libérée de toute cette merde. Pourtant, une voix me donne envie de me raccrocher, de repousser ses ombres qui planent autour de moi comme des charognards autour d'une bête crevée. Cette voix, je l'ai entendue pendant que cet homme essayait de me violer. Pour une raison que j'ignore encore, elle me rassurait. Ce qui me terrifie le plus, en fait, est de ne pas savoir si cet enfoiré a réussi à aller jusqu'au bout de son opération. Je n'arrive plus à penser, c'est beaucoup trop dur, je me laisse une nouvelle fois partir dans cet abîme qui se dresse entre moi et le monde des vivants sans savoir si j'ai été à nouveau salie. 

 Cet endroit est sombre et je me sens glacée, mais pourtant je m'y sens bien. C'est comme si mon esprit était enfin libéré de mon corps que je déteste tant et que je pouvais à nouveau respirer. 

  –Bébé, il faut que tu te réveilles, maintenant. Fait un effort, s'il te plait. 

C'est la voix de Kelly que j'entends au loin, elle résonne en écho dans ma tête. 

  –Lana, essaye d'ouvrir les yeux, je t'en prie, me supplie-t-elle à présent.

 Sa voix est cassée par la tristesse. Je peux ressentir tout l'espoir qu'elle met dans sa demande et j'ai beau essayé d'ouvrir les yeux, mes paupières refusent de coopérer, je n'y arrive pas. Pourtant, je sais que si je pouvais ne serais-ce qu'apercevoir ses yeux, je trouverais la force qu'il me manque. Quand je cherche son visage dans mes souvenirs, je n'y parviens pas non plus. À la place, ce sont des images que je voudrais enterrer à tout jamais qui me reviennent. Des horreurs à la hauteur de la souffrance que j'ai ressentie. Comme si on prenait une poupée de chiffon et qu'on la secouait dans tous les sens telle une vulgaire merde. Voilà ce qu'il a fait de moi. Il m'a réduite en un stupide déchet. Je peux même ressentir mon corps craquer à plusieurs endroits sous ses coups, sous sa bite qu'il introduit en moi sans que je ne lui en donne la permission... Je sens que je sombre une nouvelle fois. C'est plus profond que les précédentes, je suis attirée vers le bas sans que je ne puisse réagir. Soudain, je sens un poids sur ma poitrine, comme des à-coups. Des décharges électriques me parcourent également le corps mais je les ressens à peine. Une nouvelle fois, c'est la voix de Kelly que j'entends, au loin. Elle a l'air affolé                     

 –Bon sang, faites quelque chose, je vous en prie, sauvez-là ! Bébé, tu ne peux pas me laisser, je t'aime. 

Elle pleure, beaucoup. Je l'entends dans ses paroles. J'aimerais tellement la consoler, mais je ne peux rien faire, je ne peux pas lutter. Je suis vraiment désolé, lui dis-je silencieusement. 

 –On la perd, elle est en état de choc. Chargez à 300.

Nouvelle décharge. Je voudrais tellement remonter à la surface, mais je me noie dans mes propres souvenirs. Ils me happent, je n'arrive pas à m'en défaire. Pourquoi j'ai si mal ? Je suis si fatiguée... je me laisse aller encore une fois. 

Juste une nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant