Le Secret des Highlands {en Cours D'écriture}

Chapitre 1

Perdue dans ses pensées et accompagnée de son incroyable sens de l'orientation, Kenna s'était évidemment encore perdue. Elle ne s'était pas encore habituée au chemin pour aller de son école à chez elle ? Elle ne s'était toujours pas habituée non plus à appeler la maison où elle logeait son « chez elle ». Techniquement c'était maintenant son domicile, enfin, sur papier. Mais pour la jeune fille, sa maison avait toujours été et serait toujours à Carrebridge. La ville où elle avait grandi et vécu pendant plus de seize ans, là où elle avait vécu tant dhistoires. Aujourd'hui elle devait vivre à Édimbourg. En pleine capitale. Elle avait toujours rêvé de vivre dans une grande ville. Mais maintenant quelle devait y vivre, quelle y était obligée, elle voyait tout ce quelle avait imaginé dun autre il. Les rues animées et les citadens étaient devenus pour elle une foule oppressante et bruyante tandis que la campagne ennuyeuse quelle avait fui était devenue un havre de paix. Son rêve sétait transformé en cauchemar. Elle devait faire se qu'on lui disait, ne pas rechigner et obéir simplement à celui qui était devenu son tuteur, Micheal. Il n'était pas sévère, savait rigoler, était compréhensif et elle avait appris à laimer avec le temps. Il faut dire quil fut la seule épaule sur laquelle pleurer à la portée de Kenna. Evidemment, tout nétait pas toujours rose. Parfois ils se disputaient sur lun ou lautre sujet sur lesquels ils nétaient pas daccord. Cétait souvent à causes de petits caprices, elle le savait. Il faisait juste respecter les règles qu'il imposait. Quatre règles simples : ne pas sortir en semaine, ne pas quitter la maison sans le prévenir, ne pas séloigner trop loin du chemin maison- école et rentrer pour dix-sept heures maximum. Il était 16:56 Ca sannonçait compliqué, elle ne savait même pas où elle était et son GSM était plat, pour changer. Elle regarda autour d'elle, espérant une aide inopinée mais cétait inutile. Elle était dans un parc. Tout petit avec quelques bancs et deux jolies rangées d'arbres sur les côtés. Un petit étang ou s'étaient installés des canards et des cygnes était en son milieu mais il n'y avait personne malgré le soleil et la fin des cours. Peut-être à cause du froid ? Kenna ne craignait pas le froid, elle préférait même ça à la chaleur des pays du sud. En retard pour en retard, elle décida de s'attarder un peu dans cet endroit bucolique et s'installa, sur un banc de bois vernis, à l'ombre d'un arbre. Le vent faisait se balancer les longues branches des conifères avoisinants et danser des ombres difformes sur le sol poussiéreux. Le calme rendait le moment agréable et seuls les bruits des oiseaux venaient agréablement le troubler.

Kenna sortit un livre abîmé de son sac à dos et commença à le feuilleter un léger sourire sur les lèvres. Elle adorait la lecture. Ça lui avait pris d'un coup. Petite, elle navait jamais suscité dintérêt particulier pour les livres et à ses treize ans, elle en avait dévoré plus d'une soixantaine en une année. Pour la plupart, des livres fantastiques. Les récits policiers et factuels l'endormaient, alors que ceux-là la faisaient rêver. Elle tenait ça de son père qui, lui, aimait aussi écrire. Cétait dailleurs lui qui lui avait offert un livre qui était vite devenu son préféré et qui avait déclenché sa passion. Son sourire sélargit en repensant à ça et elle commença à lire, laissant tomber la réalité qui lentourait. Plus rien ne lui parvenait à part le son des sabots de Murmure qui frappaient le sol, le cheval de lhéroïne de son livre quelle suivait en pensée. Elle esquissa de nouveau un sourire quand ladite héroïne sortit une réplique cinglante à son interlocuteur en armure. Le livre quelle lisait était lun de ses préférés et on pouvait le deviner à létat de sa couverture qui partait un peu en lambeaux. Il fallait dire quelle lavait déjà lu quelques fois et emmené à bon nombre dendroits. Elle lut quelques chapitres, captivée par lhistoire, avant de se faire arrêter par un petit écureuil qui était grimpé dun bond sur le banc ou elle était assise. C'était rare de voir un écureuil de si près. Il n'avait pas peur et se rapprocha d'elle, curieux. Il était fin et avait un pelage feu avec le bout de la queue blanche. L'animal se rapprocha encore. Il se rapprochait tellement d'elle que Kenna crut qu'il allait grimper sur ses genoux.

-Salut toi.

Elle tendit la main pour le caresser mais, vif comme l'éclaire, il la mordit. Elle poussa un petit cri de surprise et regarda son doigt ou perlait une goutte de sang écarlate en fronçant les sourcils. Elle sétait levée et remarqua que lécureuil avait disparut, sûrement apeuré.

-Bon débarras !

Dit-elle tout haut en mettant son doigt en bouche. Elle regarda sa montre et jura dans son écharpe quand elle remarqua qu'il était 17:43, Micheal avait beau être gentil, cette fois, il allait la tuer !

Kenna prit son sac et partit en trombe par là où elle était arrivée. Elle avait vite réfléchi. Si elle faisait le chemin quelle avait pris pour arriver jusquau parc à lenvers, elle tomberait forcément sur un endroit qu'elle connaissait, elle pourrait alors retrouver le chemin jusquà la maison. Enfin, techniquement Comment avait-elle fait pour rester si longtemps sans regarder l'heure ? Elle n'avait quand même pas lu pendant une demi-heure ?! Si ? Cest vrai que quand elle lisait, cétait comme si le temps sarrêtait. Elle réfléchissait tout en marchant, accéléra le pas après avoir regardé, une énième fois, sa montre et s'arrêta net quand elle reconnut un lieu quelle connaissait. Un carrefour. Il y avait quatre routes ; celle pour aller à son école, celle d'où elle venait, donc pour aller au parc, et deux autres. L'une d'elle menait à chez elle. Mais laquelle ? Micheal lui avait bien expliqué le chemin quand ils avaient emménagé mais elle ne l'avait pas écouté. Elle n'avait pas voulu écouter et s'était contentée de hocher la tête machinalement, en regardant ses chaussures. Et là, elle le regrettait. Elle chercha de laide du regard mais la rue était toute aussi déserte que le parc quelle avait quitté. Après une longue hésitation, sautant dun pied à lautre, elle décida de prendre la route de gauche. Elle allait sy engager quand elle remarqua, sur l'autre chemin, que quelque chose bougeait dans un tas de feuilles mortes. Elle s'avança, prise dune grande curiosité malgré le temps qui lui manquait, et lécureuil en sortit. Il la regarda de ses petits yeux noirs malicieux et partit par le chemin qu'elle n'avait pas choisi. Sans réfléchir, elle se mit à le suivre. Il allait vite mais de temps à autre, comme s'il l'attendait, il s'arrêtait et se retournait pour la regarder, et quand elle arrivait à moins dun mètre de lui, il reprenait sa course. Elle courait depuis deux ou trois minutes qui lui avaient parues durer des heures quand elle perdit l'animal du regard après qu'il ait tourné à un coin de rue. Elle courut jusque-là et s'arrêta net, haletante, quand elle vit qu'elle était dans sa rue. Elle regarda autour d'elle, les mains posées sur les genoux et le souffle court. L'écureuil avait disparu.