chapitre 1

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1 septembre, 17 ans

     Bon, est-ce que je tue ce mudak (connard) ? Ou alors j'attends encore un peu. Je dis bien un peu parce qu'une balle peut très  vite partir. Je n'ai aucune patience et ce mec se fou de ma gueule. Ce dont j'ai horreur en passant. De plus je suis agacée et pas de bonne humeur. Il est quatre heures moins le quart et j'ai eu une longue journée. Tout ce que je souhaite c'est rentrer chez moi, être dans mon lit bien au chaud et sombrer dans un très long sommeil. De plus, le vent frais qui entre dans le hangar me gèle les jambes. Je déteste travailler aussi tard.
     Mais je ne peux pas à cause de cet abruti ! Mon sang bout dans mes veines d'énervement. Mon arme est coincée entre le haut de mon pantalon dans le creux de mon dos. Et s'il ne se décide pas très vite, ce magnifique bijou qui me sert d'arme va se retrouver contre son front, mon doigt sur la gâchette prêt à tirer.

- Tu te décides ? Je te signale que j'ai autre chose à foutre de ma nuit moi, je lance sèchement.

- Tu es sûre du prix que tu vends ta drogue et cette arme ? insiste-t-il

     Je lève les yeux au ciel et lui répond de plus en plus agacer par son comportement :

- Oui j'en suis sûre, on a convenu du prix par téléphone avant de venir. Maintenant si tu n'as pas le fric barres-toi et laisse-moi rentrer chez moi. Je ne perds pas mon temps avec des branleurs dans ton genre, c'est clair ?

- Limpide. Mais ...

     Il commence à bouger, de droite à gauche en faisant les cent pas. Je suis de près ses mouvements. Je suis constamment sur mes gardes, et ce mudac  ( connard ) à une idée derrière la tête. Mais pas celle de me payer et de se casser avec la marchandise comme convenu. Je le sens mal. Pour lui.

- Je ne suis pas du genre à payer ...

      Il lève ces lunettes de soleil dévoilant des yeux gris marqués de défi. Nos lunettes protègent partiellement notre identité, s'il les retire c'est qu'il est sûr de son coup. Alors il me fixe droit dans les yeux. Du moins à travers mes lunettes opaques. Impression confirmée, il veut me tuer.

- Tu es seule contre deux de mes hommes et moi-même ...

     Cette fois c'est trop. Patience épuisée.

- Tu payes ou tu meurs, c'est le deal maintenant blondinet, je le défie d'un ton froid, menaçant.

     Moi aussi je suis sûre de moi. Et ce n'est pas ces trois types qui mettront fin à ma vie. Je suis seule à décider du moment où elle s'éteindra.

- Tu es seule, mon choix est facile, rétorque-t-il avec un petit sourire en coin.

     Hé bien il gagne le jackpot le blondinet ! Je lui fais un petit sourire moqueur et une fois certaine qu'il s'en aperçoit, je sors mon arme et descend ses deux " gardes du corps ". Il se retrouve seul face à mon arme et mon regard de glace qu'il perçoit malgré mes lunettes.

- Tu sais, c'est regrettable tout ça. Tu as choisi un moment tard pendant la nuit, des gorilles qui ne servent à rien, et tu m'as fait transporter la marchandise. Et tu sais quoi ? Tous ces trucs ont le don de me foutre en rogne quand je vois que tu n'es qu'un con qui voulait me voler. Alors bravo de m'avoir sincèrement énervé au point que ce sont maintenant les dernières secondes de ta misérable vie, je termine avec hargne.

     La balle part dans la milliseconde qui suit mes dernières paroles. Je m'approche de son corps et regarde s'il n'a pas un peu de fric. Et bien non, il est à sec, rien, nada, vide de chez vide. Et merde, voilà que je vais devoir repartir sans rien. Fait chié. Noch'der'ma ( nuit de merde ).
     Je remballe mon arme dans mon dos et la marchandise que j'ai amené plus tôt en enfournant tout ça dans le coffre de ma voiture. Je prends la route, quitte ce hangar désaffecté et rentre chez moi. Seule.
                                                                                                         ***
     Un son strident me réveille d'un sommeil profond. Je me suis couchée tard la veille. Tout ça parce que l'autre crétin n'avait pas le fric pour la drogue qu'il m'a commandée. J'ai bien fait de lui régler son compte à ce mudak (connard). Je vous jure.
     Le son horripilant continue sans cesse. Je le fracasse d'un coup de poing. Merde, il commence sérieusement à me faire chier, lui ! Je me lève en râlant. Saleté !
     Je prends mon téléphone posé sur mon bureau et regarde l'heure. 6 heures 30 ! Mais pourquoi j'ai mis mon réveil si tôt ? Je n'ai aucune commande, aucune livraison d'armes ou de drogues et aucune personne à tuer : donc aucune raison de me lever. Alors pourquoi ? J'observe la date. 2 septembre. Ah merde ! La rentrée !
     Je peux toujours sécher les cours. Ouais nan. Je me suis promis de toujours être présente le jour de rentrée. Bon je vais être sûrement en retard mais aucune importance. Je prends ma douche, sans me presser. Je m'habille d'un slim noir déchiré aux genoux, d'un t-shirt arrivant au-dessus de mon nombril, tatoué d'un signe de l'infini traversé par le mot : vengeance, de même couleur que le slim avec un écriteau blanc. Par-dessus mon éternelle veste en cuir noire prêt du corps et j'enfile mes baskets. J'attache mes longs cheveux noirs et ondulés en une tresse africaine. J'inspecte mon visage et décide de me passer de maquillage pour mes yeux bleus et mes lèvres légèrement pulpeuses.
     Je prends un rapide petit dej' et part de ma villa en enfourchant ma moto.
     Je gare ma moto devant ce lycée un peu pourri, style ancien château mais transformé en école, avec grille et tout le reste. Et bien entendu j'arrive en retard. Comme prévu et comme d'habitude. La gardienne me laisse entrer et marque je ne sais quoi sur son carnet. J'arrive devant la salle 220, matière : mathématiques. Heureusement que j'aime bien ça. Je regarde le nom de la prof, je ne connais pas. Donc soit c'est une nouvelle prof, soit j'ai été trop absente l'année dernière.
     Je toque et entre sans attendre de réponse. J'ai toqué quand même ! J'inspecte la classe pour trouver ma place habituelle. Qu'il y ait quelqu'un ou non, c'est ma place. Bon heureusement pour l'éventuelle personne qui se serait installé, la place est libre. Je prends place toujours sous le regard attentif de la prof. Une petite brune, cheveux courts, un peu ronde, le regard sévère.

Le Coeur De Glace : Bad Girl (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant