Chapitre 17: mission 007

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Point de vue de Lucas :

« Aucun contact n'est toléré, s'il est autre que d'ordre professionnel, entre une personne de race Noire et une personne de race Blanche, dans le cas contraire la peine de mort est la seule réponse à ce délit ».

C'est comme ça que c'est écrit dans notre constitution. Par contre, ils n'ont pas précisé que ce sont surtout nous, les Blancs, qui payons le prix fort. Parce que évidemment, c'est toujours notre faute. Si je me rappelle bien, la sentence est de 30 coups de fouet, l'humiliation publique à base de promenade à poil dans la ville et pour finir on vous coupe la tête. Si on meurt avant que la hache ait touché notre cou, un membre de notre famille doit subir le même sort. Et pour les rares Noirs qui l'ont vécu j'ai entendu dire qu'ils étaient juste pendu. Ils appellent ça « la corde du traitre ». Je dis « juste » parce que comparé à nous ce qu'ils ont ce n'est rien.

En quelques secondes je viens de foutre ma vie en l'air.

Putain de merde.

Même si j'ai mal aux jointures, je passe mes doigts dans mes cheveux parce que je viens de me rendre compte de la taille de la connerie que je viens de faire. J'ai frappé un putain de noir pour en protéger une autre. Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de penser que je n'ai pas protégé n'importe quelle noire.

C'était elle.

Je ne regrette pas de l'avoir frappé. Absolument pas. En fait, rien que d'y penser ça me remet en colère. La manière dont il lui parlait, quand il l'a frappé et étranglé. J'ai vu tout rouge. Pendant quelques secondes j'avais l'impression que ce n'était plus moi qui dirigeait mon corps. La colère me contrôlait. Ce n'était même pas de la colère c'était plus que ça.

C'était de la rage.

De la rage à l'état pure.

Quand j'ai vu qu'elle ne respirait plus, j'ai cru devenir fou. Quand je l'ai vu fermer les yeux comme si elle était prête à laisser tomber, c'est comme si une force invisible m'avait donné de la force pour la sauver. Pendant quelques secondes j'ai cru la voir mourir devant mes yeux. Et là maintenant elle va bien, enfin au moins elle respire.

Je la regarde tourner en rond pour essayer de trouver une solution au problème. Jason vient d'avouer qu'il allait prévenir les autorités ce qui veut dire que je passe directement à la case « mort » sans moyen d'en échapper. Je vois les rouages bouger rapidement dans sa tête mais je sais déjà qu'elle ne peut rien faire pour me sauver. Il est trop tard.

Je vois déjà la police venir me chercher chez moi, et ma sœur pleurant qui me demande ce qui se passe. Je sais qu'elle va essayer de me discréditer et dire qu'ils se sont trompé de personne. Je me voie déjà sortir de chez moi les mains dans le dos, la tête baissée entre deux policiers, au milieu d'une foule rempli d'amis et de voisins. Je sais que d'une certaine manière ils seraient tous fière de moi parce que j'aurais à leurs yeux résister à la domination noire. Mais ce n'est pas la vérité. Et malgré moi une part de moi a honte de cette vérité. S'ils savaient ce qu'ils s'étaient réellement passé ils m'auraient rejeté. Ils m'auraient sans doute tué eux-mêmes. Je ne leur en veux pas, si ça s'était passé à quelqu'un d'autres j'aurais réagis comme eux. Ma famille est censée être le représentant de la lutte anti-noir. Je suis là pour les représenté, les défendre et les protéger.

Qui pourrait comprendre cette situation ? Ni même ma sœur ne saurait quoi faire.

« Ne t'inquiète pas, je vais arranger le problème » me dit-elle doucement en essayant clairement de me rassurer. Elle se retourne et commence à regarder un peu partout à terre puis ramasse son sac tombé quelques mètres plus loin. Elle commence à chercher quelque chose à l'intérieur. Elle sort son téléphone puis compose un numéro. Ses mains tremblent si forts que son téléphone est à deux doigts de tomber. Je sais qu'elle a encore peur.

OrkayaWhere stories live. Discover now