Chapitre 14

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Point de vue de Shana:

Je suis là, assise depuis quelques minutes dans mon endroit préféré. Je suis assise par terre adossée à un mur granuleux, pourtant c'est là que je me sens bien. Je suis au même endroit tous les mardis à 17h30. Je ferme les yeux et je me sens bien. J'ai mon appareil photo serré entre mes mains. J'aime énormément prendre des photos. J'aime cette impression de pouvoir arrêter et capturer le temps, et par la suite d'avoir une preuve d'un évènement qu'il ne se reproduira plus jamais. Même si tout à l'air de se ressembler, ce n'est qu'une illusion. Le temps passe et tout évolue.

Souvent, j'ai peur de ne pas me souvenir des petits détails qui font de la vie ce qu'elle est. De la forme des nuages, ou du chant des oiseaux. Je sais que c'est bête, que ce ne sont que des détails, mais ça reste important pour moi. Je ne veux pas faire partie de ces gens qui passent leur temps à dire « je n'ai pas le temps », et qui perde ce qu'il y a de plus précieux dans la vie. Je sais que dans quelques mois ma vie changera, et que malheureusement je ferais partie de ces personnes.

Mes quelques minutes de paix intérieur sont gâchés par la sonnerie de mon téléphone. Je ne bouge même pas, car je sais déjà qui s'est.

Jason.

Depuis mercredi dernier, il n'a pas arrêté de m'appeler pour s'excuser et me demander une autre chance. Et bien évidemment, je n'ai pas répondu. J'ai dit que je ne voulais plus le revoir de toute ma vie, et je ne mentais pas. Je n'allais donc pas craquer en répondant au téléphone.

Depuis ce notre rupture, je les ai croisés (Béa et lui) plusieurs fois. Je n'ai pas essayé de les fuir, mais je changeais très vite de direction quand l'un deux se dirigeait vers moi, enfin surtout Jason. J'ai même demandé de changer de casier. Avec du recul, je viens de remarquer que au final, Béa n'avait pas l'air de trop regretter. Elle avait l'air même d'en être fière. Pendant quelques temps j'ai été triste, mais j'ai compris que pleurer ou même simplement penser à elle ce serait lui donner beaucoup trop d'importance, plus qu'elle ne le méritait.

Ça y est, le téléphone ne sonne plus. Enfin !

Depuis une semaine, je passe mes journées avec Louis. Après mon petit discours, j'ai avoué à Louis ce qui s'était passé. Sa première réaction a été l'agressivité. Je ne l'avais jamais vu aussi en colère de toute ma vie. À croire que c'était lui qui était la victime. Et bizarrement, c'est moi qui aie dû le calmer. Après, il m'a réconforté et m'a fait jurer de ne plus traîner avec eux (une promesse pas très difficile à tenir), en retour il m'a juré de ne plus jamais me quitter.

Concernant les autres élèves, la rumeur s'est très vite répandue concernant notre séparation. Mais personne ne savait vraiment pourquoi. Heureusement d'ailleurs. Mais mon répit n'a duré qu'une journée puisque le lendemain certaines photos se sont diffusées. On aurait pu croire que cette dévoilement de notre vie privée aurait pu changer l'image que les gens avaient de nous. En fait ça a changé, mais pas dans la façon que vous croyez. Voyant que Jason est (enfin) libre, les filles se sont littéralement jetées dans ses bras. Et certains garçons se sont rapproché de Béa (vu ses prouesses sexuelles). Moi de mon côté je ne peux rien dire car Louis s'est donné pour mission de les éloigner de moi. Et ce ne me dérange point du tout.

Merci Louis.

Je cherche mes écouteurs dans les poches de mon manteau pour écouter de la musique. Je cherche dans ma playlist, une musique qui irait avec mon humeur. Ah j'ai trouvé mon bonheur : Dream d'Imagine Dragons. Je referme mes yeux et prend une grande inspiration.

Je commence à chanter quand je sens une présence à côté de moi. Je retire tout de suite mes écouteurs et ouvre mes yeux. Et devinez qui est en train de sourire ?

OrkayaWhere stories live. Discover now