Épilogue

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CADENCE

Le regars fixé vers l'horizon, je contemple le soleil décliner dans une traînée de nuance clair et rosé. Eros ronfle dans le pick-up où nous nous trouvons, Anamé serré contre lui. La petite fille gigote dans les bras de son père et je dois me faire violence pour ne pas la border, je n'ai pas envie de la réveiller en l'extirpant de son nid.
Nous sommes en été, et pour une fois, Eros et moi avons décidé de ne pas louer d'hôtel. Nous avions ce rêve fou depuis l'époque du lycée de parcourir les endroits qui nous donnerais envie et de dormir dans un pick-up, au clair de lune.
La seule chose qu'aucun de nous n'avait prévu, c'était que nous deviendront parents avant la fin de nos études.
Anamé s'est imposée , c'était une surprise, quelque chose que nous ne désirons pas.
Quand Eros était rentré de la faculté, il m'avait trouvé sur le canapé, l'air hagard et le visage blême. Je n'avais, alors, même pas sentis ses lèvres s'écraser sur les miennes et son éternel 《Salut, Caddy》 résonner dans mes oreilles. À la simple de vue du test de grossesse positive , il s'était assis face à moi -sur la table basse- et avait enfermé sa tête dans ses grandes mains, à la recherche d'une phrase de circonstance.

"Félicitations ? Nous avons gâché notre vie" Enfin, pour lui, j'avais déjà bousillé la mienne avec Amelia.
Cependant, il s'était vite repris et alors qu'il plongeait ses yeux rassurant dans les miens, il m'a dit que tout irait bien. Il est vrai que quand elle est née, nous en avions peu faire de nos précédentes résolutions. Elle était là, avec des cheveux blond et des yeux aussi noirs que la chevelure de son père. C'était le plus beau rayon de soleil qu'il m'avait été permis de contempler et je pleurais parfois en la regardant, elle était la source d'amour infini que j'avais toujours cherché.
Maintenant, alors qu'elle vient tous juste d'atteindre ses trois ans et qu'elle commence à peine à parler correctement, je me dis que c'est bien plus que ce que j'espérais.
La vie m'a détruite parfois, elle m'a brisé et m'a poussé à n'avoir confiance qu'en moi même. Elle m'a dégoûté au poin de placer en moi le désespoir que je n'aurais jamais dû accepter. Elle m'a montré que même votre propre mère est une figure d'inconnu, et qu'il est impératif de connaître les gens avant de pouvoir leur faire confiance.
Mais si elle m'a tué, elle m'a aussi apprise une chose:
Même si tu es déçu et blessé, tu dois pardonner car la seule façon de guérir, d'aimer et de faire confiance à nouveau.
Ne te ferme pas et apprends, même lentement, à aimer encore.
《Chérie ?》Eros positionne Anamé de façon à ce qu'elle arrête de bouger et passe son châle sur ses épaules. Les étincelles que je distingue dans ses yeux ne sont qu'amour et dévouement.
《Oui ?》Il se défait de l'emprise de notre fille et se place devant moi, à cause de sa grande taille, je ne peux plus observer le couché de soleil et je me désole avant de me laisser aller dans ses bras. Son étreinte chaude suffit seule à me faire sourire.
《À quoi tu penses, Caddy ?》
J'essaie de me rappeler le rire d'Amelia de temps à autre, mais après toutes ces années, mes souvenirs d'elle se sont dissipés, floutés, envolés.
《Je pense au Jeudi 21, quand tu m'as dit que tu m'aimais devant ton père alors qu'il t'avait demandé de me laisser parce que j'étais une fille maigre et incapable. Et à ma mère, celle que j'aurai dû avoir, Molly, qui s'occupe d'un Parker qui ne connaîtra jamais son père. À notre père, qui est une ordure, et à ma mère que je ne pourrai jamais pardonner》
Son expression ne change pas, ses sourcils ne se froncent pas, et alors que je m'apprête à rigoler de ma vulnérabilité, il m'embrasse et dans son baiser je distingue ces mots:
《Je t'aime》

AmeliaWhere stories live. Discover now