19

36 4 0
                                    

MOLLY

Je contemple le bleu des murs vides. La pièce résonne quand Parker, mon fils, gémit dans mes bras. Lors de l'arrestation de Frank, j'ai appris que j'étais tombée enceinte. L'avortement a été un choix évident, j'avais quarante ans, et j'étais seule désormais, je portais encore en moi le deuil de ma petite fille assassinée: je ne pouvais pas garder cet enfant.
Mais au fil des jours l'idée à germée en moi que je pourrais peut être l'aimer. Il me permettait une nouvelle vie, un nouveau départ, alors j'ai décidé de vendre la maison et de quitter Fargue.
Plus loin, j'ai trouvé un petit appartement , un boulot convenable au horaire modulable, et un salaire correcte. Le plus dur dans cette histoire a été de pardonner. De comprendre Ella et de soutenir Cadence. J'ai demandé le divorce et j'ai assisté au procès de mon mari. Quinze étudiantes, c'est le nombre de filles dont il a abusé. L'image de la petite famille parfaite a explosé avec lui , la déchéance étant le mot le plus approprié pour la qualifier désormais.
Les petits doigts de mon fils se sont refermés sur une mèche lâche tombant devant mes yeux, il a tiré dessus, ses petits yeux semblaient obnubilés par la teinte qu'elle arborait. Il avait un nez beaucoup plus fins que celui d'Amelia, et ses cheveux étaient châtains, pas blond. Rien en lui ne ressemblait à ma fille, où à Frank, c'était comme si il était le fruit d'un gêne inconnu.
Autour de moi, le bureau vide accueillait les rayons cru du soleil levant, la pièce était baigné d'une lumière d'espoir que je n'avais plus vu depuis longtemps.
Cadence devait me rendre visite aujourd'hui, mais elle m'a appelé pour me dire qu'elle devait annuler, elle avait des partiels.
J'ai ressasser toutes les scènes dans ma tête, les fois où Amelia et elle s'étaient mise à jouer ensemble dans le fond du jardin après l'école, et les goûters qu'elles préparaient ensemble le jour de la fête des mères. Les tee-shirt d'Amelia maculés de larmes claires alors qu'elle avait été le seule point de réconfort de sa meilleure amie.
Elle aimait Cadence, elle aimait ses défauts et ses crises d'angoisses, son rire et ses états d'âmes complexes, elle était prête à tout affronter pour la rendre heureuse, même si cela signifiait briser sa famille. Je ne pouvais pas la détester , même après avoir appris toutes les choses horribles qu'elle avait commises.
Plusieurs fois, au poste de police, les agents m'ont fait part de ses nombreuses contraventions pour alcool au volant , elle avait pris un autre nom.
Et à l'église, le prêtre m'a informé qu'elle n'était même plus chaste, qu'elle avait souillé les principes du Christ, je l'ai giflé et ma foi s'est éteinte.
Maintenant, tous va mieux, je pense à elle quand les choses commencent à tourner mal, et il m'arrive parfois d'hurler son nom dans l'appartement pour lui dire qu'elle allait être en retard, mais alors, les vagissement de Parker me réveille de ma transe et je tatonne la table basse à la recherche d'un biberon .
Amelia aurait adoré son petit frère, elle aurait passé ses journées à le regarder dormir et à s'extasier sur la couleur de ses yeux -verts- comme jamais on en avait vus dans la famille. Les nombreuses heures de libres qu'elle aurait eu, aurait été destinés à l'apprentissage de l'alphabet de Parker, et un beau jour, à l'aube de son diplôme, elle m'aurait présenté sa petite amie.
J'ai appris que Eros et Cadence s'étaient installés ensemble, chaque fois que nous nous voyons, elle insiste pour qu'il ne l'accompagne pas, quand nous venons à en parler, elle me dit souvent qu'elle songe à me le présenter mais dans d'autres circonstances.
Elle semble heureuse avec lui, ses yeux s'illuminent chaque fois que le bruit de son klaxon retentit devant, l'informant qu'il est l'heure de partir.
Pourtant, la tristesse émane d'elle en abondance, elle sourit mais la signification de ce dernier ne suffit pas à cacher sa peine.
Les fissures qui l'a parcourent entaille son esprit, me permet de regarder la lumière à travers elle, et alors je sais.

Je sais que désormais, le bonheur n'est qu'une question de temps pour elle, et pour tous le monde.
Je sais qu'il me reste beaucoup de chose à vivre. Je sais que Amelia ne mourra jamais réellement tant que nous serons en vie pour garder son souvenir.

AmeliaWhere stories live. Discover now