Chapitre 18

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-Madame, je viens vous porter votre petit-déjeuner. Voulez-vous que je nettoie votre chambre ?

Molly s'assit dans son lit au son de la voix d'Alex.

-Oui Alex. Aujourd'hui tu fais ma chambre, tu vas chercher ma robe chez la modiste, tu t'occupes des chevaux dans l'écurie et tu ranges le grand hangar où les diligences des invités seront rangées.

-Avec tout ça, pensa la jeune fille, j'ai intérêt de me dépêcher pour trouver ce que je cherche...

-Il faut aussi qu'on te trouve quelque chose de correct à porter pour demain.

De stupeur, Alex faillit lâcher le plateau lourdement chargé du petit-déjeuner.

-A moi ?

-Oui. La famille doit être présente au grand complet et comme je n'ai pas le choix et que je ne veux pas qu'on croie que je te maltraite...

-C'est vrai, ne donnons pas de fausses idées aux gens, ironisa intérieurement la jeune servante.

-Tu iras chez la modiste pour lui demander quelque chose de peu voyant. Je te donne cette bourse –Molly étendit la main jusqu'à son chevet et donna un petit sac à Alex-. Tu devrais être habillée correctement mais pas assez luxueusement pour que ton cher Jeffrey te remarque. Et il ne verra que ma Jane !

Alex prit l'argent avec déférence. Effectivement, il y avait peu de chose ! Mais cette minuscule déception n'était rien par rapport à l'excitation qu'elle ressentait. Elle allait enfin découvrir la vérité.

Sitôt Molly partie, Alex se précipita vers l'armoire. Des robes, des robes... Aucun coffret. Pas davantage sur les étagères. Elle ne trouva rien dans la table de chevet. Une immense déception s'empara d'elle. Où était-ce donc ?

Avec tristesse, s'empêchant avec peine de pleurer, Alex commença à faire le lit de sa belle-mère. Ses doigts rencontrèrent soudain quelque chose de froid, de métallique, sous le matelas. C'était la boîte que Molly avait emportée la veille.

-Youpi !

Elle ouvrit précipitamment la boîte. Acte de décès, rapport officiel du médecin... une lettre du médecin aussi : Alex la parcourut rapidement. Quelques mots, au milieu des formules de condoléances, attirèrent son attention. « ...triste obligation de constater que votre mari a été empoisonné à l'arsenic ».

Alex feuilleta fébrilement les autres papiers. Elle y trouva une ordonnance pour récupérer un flacon d'arsenic chez le pharmacien et une lettre du médecin qui jurait que jamais il ne divulguerait ce qu'il avait découvert. Enfin, un testament indiquait que la propriété de la mine d'or Brown appartiendrait non à Alex Daisy Brown, mais à Jane ou Rachel, selon celle qui se marierait en premier.

Tout était clair à présent. Molly s'était arrangée pour déshériter Alex et empoisonner son père ; ainsi, Jane devenait en même temps très riche et princesse !

Alex rangea les papiers et fourra de nouveau la boîte sous le matelas. Il était trop dangereux de les garder sur elle.

Elle savait exactement ce qu'elle allait faire le lendemain...

En milieu de journée, Alex se rendit chez la modiste. Récupérer la robe de Molly ne fut pas difficile, mais expliquer à la boutiquière qu'elle avait besoin d'une robe simple fut plus compliqué. Cette femme avait toujours été très bonne pour Alex et elle éprouvait un vif déplaisir à l'idée d'habiller la jeune fille pauvrement.

-Comment ? Mais si c'est pour un mariage, il vous faut quelque chose de beau ! Vous ne pouvez pas vous habiller comme une pauvresse, ma petite ! s'exclama cette femme adorable sans écouter les explications embarrassées d'Alex. Venez par là...

-Molly va me tuer, constata Alex en ressortant de la boutique. Ou me séquestrer au saloon en prétendant que je suis malade. Elle ne me laissera jamais aller à l'église de la ville ainsi...

Alors ? Tu as trouvé ? cria Molly lorsqu'elle entra dans le saloon.

-Oui, madame.

-Mets le paquet dans ma chambre et retourne à tes travaux.

Cendrillon (mais pas trop) [Terminé]Where stories live. Discover now