16. Te retrouver

Depuis le début
                                    

Je n'arrive pas à dormir, je dois la retrouver avant qu'on ne lui fasse du mal sinon... Sinon... Sinon, j'aurai sa souffrance sur la conscience, voire sa mort, et je ne me sens pas vraiment de traîner cela jusqu'à la fin de mes jours. Oui, c'est certainement de là que vient ma peur. Après tout, c'est Granger, je n'en ai rien à faire d'elle... Je dois véritablement arrêter de juger les gens... Yaxley a raison dans le fond. Rogue me manque un peu finalement, il était un véritable maître des potions. Les femmes sont décidemment la source de tous mes problèmes ! Entre ma mère, McGonagall, Yaxley, Andromeda, Nymphadora, et Granger. Mais bordel qu'est-ce que Granger fait dans cette liste ? J'ai la forte impression qu'elle accapare mes pensées depuis un certain temps, ce qui est mauvais, très mauvais pour moi.

Je me lève silencieusement, résolu à quitter la pièce. Je dois la retrouver, et arrêter de penser à elle. Où se cachent les Drew ? Je devrai essayer le manoir des Yaxley, et puis je dois m'assurer que ma mère et ma tante sont en sécurité. Je passe une main dans mes cheveux tout en quittant la pièce. Il fait si chaud...

J'arpente les couloirs sans direction fixe, jusqu'à arriver à cette fameuse intersection, cet endroit où je l'ai vu pour la dernière fois. A cet instant je comprends que je ne devrais pas ressentir ce que je ressens présentement. Je ne devrai pas être triste, ni être animé d'une telle rage. Je frappe le mur violemment et vois mes vieux démons revenir. Je ne dois pas frapper dans ce mur. J'y assène pourtant un autre coup, puis un autre, et me laisse glisser sur le sol, enragé, martelant de mes poings les pierres tachées de sang.

Je me lève dans un grognement de douleur, et me dirige vers la tour d'astronomie. Cette fille ne mérite pas ce qui lui arrive, pas après ce qu'elle a vécu avec le binoclard et Weasmoche. Après avoir failli se faire violer dans un couloir le soir du bal de Noël, après avoir été larguée par le rouquin pour Miss Brown... Non, elle ne mérite pas d'être torturée par les Drew... Je serre les poings, me lève brusquement et rejoins le hall. J'y croise McGonagall, accompagnée de deux aurors, de ma tante, et de ma mère. Je cache mes mains dans un acte désespéré, et affiche un sourire de façade.

- Drago que fais-tu là ? Demande cette dernière.

- Je... Je venais vous attendre. Je suis content que vous soyez toutes les deux arrivées saines et sauves !

- Moi aussi ! Clame la voix de ma cousine dans mon dos.

Nymphadora enlace sa mère, puis embrasse la mienne.

- Je vais vous présenter vos chambres, si vous voulez bien, les informe la directrice.

Les trois femmes nous quittent donc, après nous avoir souhaité bonne nuit.

- Drago Malefoy ! J'espère que tu as une bonne raison d'être dehors à cette heure tardive ! Crie ma cousine, sa chevelure virant du châtain clair au rouge écarlate.

- Mais je venais seulement accueillir ma famille et m'assurer de leur sécurité, dis-je d'un air innocent.

- Je me ferais donc un plaisir de t'escorter jusque dans ta salle commune, étant donné que tu es dans l'interdiction de sortir après le couvre feu, répond-elle, souriante, entrant dans mon jeu et mon mensonge.

Je suis pris au piège. Elle est trop intelligente pour moi. Je souris et la remercie, tentant de me désister en vain. Il n'y a rien à faire. Elle me raccompagne donc aux cachots, éclairants les couloirs à l'aide de sa baguette. Je prononce le mot de passe une fois arrivé devant l'entrée, et elle me regarde rentrer, affichant un large sourire vainqueur.

D'un coup de baguette j'allume le feu dans la cheminée, et observe les fonds du lac, pensif. Comment sortir de cette école sans me faire repérer ? C'est impossible, et je soupçonne même ma cousine de camper devant l'entrée. Elle est maligne, elle aurait presque pu aller à Serpentard... Mais elle est bien trop adorable pour cela.

Songeur, je me mets à lister les récents évènements. Zabini, Parkinson,  Crabbe et Goyle ne sont pas revenus, ou sont décédés, ou disparus. Après tout, je comprends leur choix, nous sommes des mangemorts. Nous l'avons été, nous le resteront, du moins aux yeux des autres. J'en viens à me demander si revenir ici cette année était une bonne idée. Evidemment, cela m'a apporté du bon, comme le rapprochement entre ma mère et sa sœur, le rencontre avec ma cousine et son fils, le changement. Mais également une foule de mauvais sentiments, ingérables, incontrôlables, inconnus. Je soupire. Je dois arrêter de réfléchir désormais. Ce qui est fait est fait et il m'est impossible de revenir en arrière. Je dois avancer désormais, agir.

J'éteins le feu d'un coup de baguette, me lève, et sors de la salle commune. A mon plus grand soulagement ma cousine ne m'attends pas au tournant. Je quitte donc l'enceinte de l'école en longeant les murs, aussi discrètement que possible. Une fois hors des limites de transplanage, je me rends chez moi, au manoir de ma famille. J'effectue une ronde, et ne repérant rien de suspects ainsi qu'aucune présence humaine, je quitte les lieux.

Je transplane ensuite au  manoir des Drew. Il fait nuit noire, et seul quelques rayons de lune éclairent les alentours. La bâtisse se dresse au centre de vastes jardins dignes d'un roi. Toutes les lumières semblent éteintes, mais je reste sur mes gardes. Les Drew sont intelligents. Je m'approche le plus discrètement possible, mais fait face à un grand portail fermé. J'essaye le simple "Alohomora" mais échoue. Quelle stupide idée. Je fais donc le tour de la demeure, et finis par me résoudre à passer dans les buissons. Evidemment, des sorts protègent le manoir. J'en fais d'ailleurs l'expérience en me heurtant à la barrière magique, me brûlant la main. Comme si elle n'était pas déjà assez éméchée ! Je me souviens alors du sort que Rogue utilisait pour pénétrer chez nous. Ce dernier consiste à rendre translucide l'objet désiré. J'essaye donc à de nombreuse reprises, et finis par réussir.

Je m'infiltre donc sur le terrain, traversant rapidement les buissons devenus temporairement immatériels. Je cours doucement et m'appuie contre un mur, sous une fenêtre. Je me concentre et tente d'entendre des voix, de sentir une présence, mais rien. Je longe les murs, et remarque une grille menant aux sous sols. D'un simple sort je la pulvérise, et glisse à l'intérieur de la bâtisse. Je m'accroupis dans un coin, retient ma respiration, et cherche de nouveau des signes de vie autour de moi, mais rien. Je me relève, et avance à tâtons dans le couloirs sombre. Je percute du pied une marche d'escaliers que je gravis lentement juste après avoir étouffé un grognement.

J'arrive dans une grande pièce qui semble être un salon, tout y est froid. Soudain, j'entends un grincement à l'étage. Un frisson parcourt mon dos, et je me laisse glisser derrière un canapé. Les marches de l'escalier en bois grincent à chaque lourd pas que fais la personne descendant. Je me mords la joue, et tente de ne pas bouger.

- Amos, que devons nous faire de la fille ? Demande une voix féminine.

- Gardez la vivante, elle est en relation avec Potter. Il doit mourir, elle est notre monnaie d'échange, il n'hésitera pas une seconde pour elle. Je te laisse l'honneur de t'entraîner à ton Doloris sur elle. Tâche aussi de retrouvez Cissy... Elle me manque... Terriblement, répond Amos Drew en articulant particulièrement le dernier mot de sa voix grave.

Cissy... C'est le surnom de ma mère... J'écarquille les yeux. Je dois la protéger. Tout mon corps tremble, je retiens tant bien que mal ma respiration, me faisant tout petit, espérant ne pas me faire remarquer. La femme rit sadiquement, un rire digne de celui de ma très chère tante Bellatrix. Ses pas légers s'éloignent, et je l'entends descendre un autre escalier, à l'opposé de celui que j'ai emprunté plus tôt. Le silence est alors pesant, je ne cesse de trembler, et je sens la présence d'Amos non loin de moi. Il guette la moindre respiration le moindre mouvement. Il se doute de quelque chose. Je continue de mordre l'intérieur de ma joue, le goût métallique du sang s'accentue lentement, je ferme les yeux. Il ne doit pas me voir, sinon je ne pourrai jamais la sortir de là, et je ne pourrai pas protéger ma famille. Il ne dois pas me voir... Je sens les pas de l'homme se rapprocher, le son d'une main frôlant le canapé me fait frissonner, puis le silence pesant s'abat sur moi. Plus personne ne bouge, Je ne dois pas bouger. Mon corps entier se crispe, ma mâchoire se resserre, mes mains moites s'agrippent au sol. Soudain, un cri strident déchire la nuit, me faisant tressaillir.

Aime Moi - Dramione -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant