La Dernière Femme - Tome 1

Chapitre 9

Ses yeux s'ouvrirent alors que la porte de la salle de bain claqua férocement et qu'un coup, venant de ce qu'elle suppose être un pied, lui percute le dos. L'envie de grogner lui vient, mais elle se rappela dans quelles circonstances elle se trouvait.

« Debout gamin. C'est l'heure de bouger, dit une voix rauque et grave derrière elle.»

Toujours face à mur, elle s'assit sur le coussin qui n'avait pas bougé, et fit en sorte de ne pas être visible, puis retira le lambeau du t-shirt qui lui servait de masque, tout en fouillant une bouteille d'eau dans son sac. Elle retira le bouchon avec du mal, puis prit de grande goulée d'eau fraîche qu'elle accueillit avec plaisir. Elle remarqua également qu'elle n'avait pas un goût très différent que celle du puits de leur domaine, et en fut satisfaite.

« Tu fous quoi ? l'interrogea cette même personne qui semblait s'approcher.»

Précipitamment, Erin éloigna le goulot de ses lèvres, et remit maladroitement son masque, réveillant la douleur à son nez au passage. Elle eut à peine le temps de l'arranger qu'une pression sur son épaule l'obligea à se retourner en grimaçant. Là aussi, elle avait mal.

Le vert de ses yeux croisa le bleu glacé de son interlocuteur. Les sourcils froncés, Kad l'observait avec méfiance, alors que son regard vacilla en direction de la bouteille d'eau. La jeune femme en profita pour se détourner et se mettre debout, avant de lui laisser l'occasion d'en voir plus que permis. Elle bouchonna la bouteille puis la coinça sous son bras pour réajuster son masque, prenant soin de tout couvrir, avant de s'emparer de son sac. Néanmoins, elle tendit la bouteille vers l'homme qui scrutait ses moindres faits et gestes, les yeux plissés.

Il se releva de toute sa hauteur et regarda le petit de haut. C'était à ce moment qu'il remarqua que le gamin était plus grand qu'il en avait l'air, mais il ne doutait pas que derrière cette masse de vêtements se trouvait un corps maigre et frêle. Il vit également que sa gorge était à découvert car l'écharpe avait été remplacée par un tissu qui faisait le tour de sa tête. Il sourit intérieurement. Décidément, ce gosse ne savait rien. Kad pouvait facilement l'égorger, l'étrangler, ou encore lui briser la nuque, même si un tissu de plus n'aurait pas changé grand chose, il ne savait sûrement pas se défendre. Il identifia également un bandage qui dépassait du tissu. Si lui avait pris la peine de se soigner, le jeune homme, lui, n'avait pas fait attention aux petites égratignures: elles faisaient partie de son quotidien, il en avait des pires d'habitudes. Lorsqu'il croisa un regard verdâtre, il cru presque qu'il était menaçant. Ça lui donnait envie de rire. C'était alors avec un sourire moqueur qu'il s'empara de la bouteille, et but plusieurs gorgées d'eau, sans détourner les yeux.

« J'accepte, déclara-t-il en reprenant son souffle et écrasant le plastique de sa grande main, parce que moi, je ne suis pas qu'un gamin capricieux. Maintenant, on bouge.»

Il lui lança le plastique écrasé sur le visage, puis se détourna vers la porte d'entrée. Juste avant de sortit, il lui lança un dernier avertissement.

« Si tu veux te soulager, c'est maintenant. Et dépêche toi: avec ou sans toi, je démarre.»

Sur ces paroles, il sortit de la petit chambre, lui laissant juste le temps de remarquer que la nuit planait encore, et qu'un maigre filet des rayons du soleil se détachait, signifiant qu'il fera bientôt jour. Elle se demandait pourquoi ils devaient s'en aller aussi vite, à moins qu'il craignait une nouvelle attaque. Oui, c'était sûrement ça.

Elle suivit son conseil tout en prenant son temps. Qu'il s'en aille sans elle ne lui faisait rien, elle avait bien avancé et peut être que son frère était dans cette ville.

Néanmoins, elle découvrit le véhicule à la même place, avec l'autre jeune homme avec ces drôles de cylindres nocif à la santé. Elle resta là, à une distance assez raisonnable pour qu'il remarque sa présence, et assez éloignée pour qu'elle ne sente pas cette abominable odeur. Quitte à être la dernière femme sur Terre, autant limiter les chances de mourir.