Chapitre 18

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Pourquoi le si sympathique Wilfrid n'était pas apprécié ? Elle ne s'y attendait pas du tout, elle qui trouvait l'homme au cheveux rouges appréciable. Lui et Kad avaient semé des indices dans leurs discussions, seulement auxquelles elle avait assisté, mais jamais il n'avait été question de cela. Le grand brun lui avait même proposé de venir à base. Peut-être qu'il avait refusé pour ces raisons là ? En tout cas, pour eux, il était mort, c'était une certitude.

Une autre hypothèse se glissa dans son esprit. Et si son accompagnateur lui avait ordonné de réserver le carnet pour lui seul parce qu'il avait peur qu'elle divulgue ce genre d'informations ? Ça voudrait donc dire que ses alliés n'auraient pas totalement confiance en lui, et elle voulait découvrir la raison. Ils respectaient ses décisions, mais pour se qui est de ses actes, c'était autre chose. Bien qu'ils avaient l'air proche, un mur les tenait à l'écart. Fin, mais bien présent.

À présent, ils roulaient en direction de Sacramento, enfin, après une second arrêt dans une ville qu'elle ne connaissait pas. L'ambiance était plus détendue, et c'était avec surprise que Mason avait fait comme si de rien n'était. Son comportement lui laissa un goût amer, mais elle n'en fit rien, et se comporta comme elle l'avait toujours fait. Un sujet fit alors surface.

« Comment tu sais que Francesco compte s'allier aux autres ? commença Gavin.»

« Je vous l'ai dit. J'ai mes sources, répondit Kad, implacable, Mais s'il tombe sur nous, c'est foutu.»

« Et pas que nous, lança le chef, toujours à l'avant, Reese a lancé plusieurs autres équipes pour faire le tour du pays. Il savait que quelque chose se préparait. Tout était calme, beaucoup trop calme.»

« Pourquoi a-t-il fait ça ?»

« Il voulait s'assurer que les relations tenaient le coup. Les attaques font rage, et nombreux sont les manipulateurs.»

« Ils veulent détruire les alliances, devina Kad en soupirant.»

Le crâne rasé acquiesça. Toujours plus de danger, où qu'ils aillent. La jeune femme comprenait mieux leur méfiance. Elle aurait très pu faire partie des leurs. Sa place devait se mériter, mais elle a réussi à y accéder facilement. Il faut dire qu'ils n'avaient vraiment pas peur d'un adolescent de quinze ans. Ce qu'elle n'était pas.

« Ouais, encore, souffla à son tour Tyson, mais pourquoi ils réussiraient cette fois ?»

« Les temps changent, le monde pourrit, et la vie devient de plus en plus précieuse, reprit le chef,  Avec toutes ces attaques, trop d'hommes perdent la vie. Non seulement le nombre de combattants diminue, mais en plus, la fin approche.»

« Mais il y a une rumeur comme quoi les scientifiques seraient entrain de développer un moyen de créer la vie sans avoir recours aux femmes, déclara Gavin confus.»

Elle fronça les sourcils à cette phrase. Les femmes ne servaient à procréer, pour eux ? Où était-ce réellement le cas ? La jeune femme sait, en tout cas, qu'elle n'aurait jamais voulu vivre dans un monde où la femme en était réduite à si peu. Cette réplique n'avait qu'un sens, pour elle. S'ils trouvaient un autre moyen de créer une vie humaine, ils n'auraient plus besoin d'elles, c'était ça ? Elle remercia mentalement le vieil homme pour son avertissement. Sans lui, elle se serait lancée dans ce monde sans protections, sans connaissances, complètement perdue et naïve, déjà qu'elle l'était encore. Son ignorance allait la tuer.

Ce fut à Dirt de ricaner, l'air amer. Lui qui semblait toujours calme, la tristesse l'accablait à vu d'œil.

« Cinq ans, commença-t-il, Cinq ans que les femmes ont disparues de la surface de la Terre. Et même avant, quand ils ont vu que ça allait dégénérer, ils ont cherché, cherché et encore cherché un moyen pour que l'humanité persiste. Pendant cinq ans, mille huit cent vingt-cinq jours, quarante-trois mille huit cent heures, ils n'ont fait que nous donner de faux espoirs. Et quand cette nouvelle est sortie, les hommes se sont mis en colère, et ont tout détruit. Peut-être qu'autre part persiste un espoir, mais ici, c'est terminé. Alors ouais, il hocha la tête inlassablement, le regard dans le vide, On est foutus.»

La Dernière Femme - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant