➳ Chapitre 12 : Yoran

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Parfois, cela m'arrive de repenser à mes parents. Rarement, mais ça m'arrive. Mon père était ce genre d'homme qui défendait ses idées et son opinion avec ferveur. Ma mère était son catalyseur, elle l'empêchait de frapper la première personne qui contestait un peu trop fort son point de vu. Ils allaient vraiment bien ensemble, se complétaient à la perfection. Personne n'aurait pu dire le contraire.

Depuis leur mort dont la raison reste assez flou, j'ai rejoint la Secte. Au début, elle n'était qu'une échappatoire pour éviter de rejoindre l'armée, où étaient envoyés tous les orphelins. Mais finalement, je me suis vite rendu compte que le mode de vie de ces gens, leurs valeurs ainsi que leurs idées me correspondaient tout à fait. Mon grand-père a tenté de me récupérer. Selon la loi, la famille se constitue des parents et des enfants. Ainsi, à partir du moment où les enfants fondent leur propre foyer, leurs parents ne sont plus vraiment de leur famille. Mon grand-père n'avait donc aucun droit sur moi.

Cette loi a été créée il y a plusieurs siècles, lorsque nos dirigeants ont décrété que la famille était une faiblesse et non une force. Aujourd'hui, nous continuons de la respecter davantage par tradition que par conviction.

Malgré tout, mon grand-père a tenté de m'enlever. Par la suite, des gardes l'ont arrêté et depuis ce jour je ne l'ai plus jamais revu. Je me suis déjà demandé ce qu'aurait été ma vie s'il avait réussi à m'emmener avec lui, mais jamais cette hypothèse ne m'a paru meilleure que ma condition actuelle.

Dans notre société, l'armée a le pouvoir, et cela, depuis au moins deux-mille ans. Il n'y a pas de dirigeants élus par le peuple ou qui acquiert le commandement d'un territoire par droit du sang comme chez les humains. D'ailleurs, je n'ai jamais compris le système hiérarchique des humains. Pour nous, les armes détiennent le pouvoir et le pouvoir détient les armes, je me demande parfois comment ils ont fait pour que leur civilisation tienne debout. En y réfléchissant bien, je dirais que c'est peut-être grâce à la manipulation : au nom de grandes idées, de grandes promesses... Tout ça pour faire miroiter le paradis à des êtres crédules.

Bon, les humains n'ont toutefois pas que des défauts. Ils sont notamment plus doués que n'importe quelle espèce de ma connaissance pour les arts. A part ça, j'ai beau chercher, je ne trouve rien d'autre. Il est bon de préciser que les seuls humains que j'ai vus dans ma vie étaient morts... Sauf cette fille que j'ai hypnotisée.

Je me demande si Unere a trouvé le camp de réfugiés humains. Je sais qu'il était déjà au courant qu'il était situé dans la forêt amazonienne, mais qu'il voulait connaître la position exacte pour pouvoir organiser une opération d'extermination des plus efficace. De toute façon, qu'il obtienne cette information ou non ne changera rien : il finira par trouver ce camp et le rasera de la surface de la Terre, comme il l'a fait pour une bonne douzaine d'autres.

- Je peux entrer ? demande une petite voix derrière la porte de ma chambre.

- Oui, vas-y.

    Seya entre en fermant la porte derrière elle.

- Décidément, tu passes de plus en plus de temps à m'embêter toi, dis-je en esquissant un léger sourire.

    Elle me le rend et vient s'asseoir à côté de moi sur mon lit. Quelque chose la tracasse, je peux le lire sur ses traits. Tout comme moi, Seya est orpheline, sauf que pour son cas, c'est la Secte qui est venue la chercher et non l'inverse, au moment où elle allait entrer dans l'armée. A ce moment là, elle n'avait que quarante ans, ce qui correspond encore à l'enfance chez nous. Effectivement, les cellules de notre organisme vieillissent beaucoup plus lentement que celles des humains. Notre espérance de vie est de trois cents ans, sans prise de médicaments dits « d'immortalité ».

Aeternam GalaxiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant