➳Chapitre 66 : Jennifer

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Il me faut plusieurs minutes avant que je ne parvienne à me calmer. La respiration encore saccadée, je fixe mes pieds en reniflant. Je me sens très fatiguée, complètement vidée d'énergie. Mes pensées sont confuses et incohérentes, je peine à relier les évènements des dernières heures ensemble, je les déforme et ai l'impression d'en oublier des fragments.

- Dors. Nous parlerons de tous ça demain, fait une voix masculine.

Je relève lentement la tête et croise le regard de Yoran. J'avais oublié sa présence. Il retire son manteau et le roule en boule sur le sol. Il tape l'oreiller de fortune de la main, m'incitant à m'allonger. Le sentiment d'insécurité qui m'étreint le cœur se dissipe peu à peu et, en confiance, je fais ce qu'il me demande sans la moindre hésitation. Arès vient se coucher tout près de moi. Je passe alors un bras par-dessus son corps et le sers contre le mien, avant d'enfouir mon visage dans son cou.

                                                                                 *   *   *

Je me réveille lentement le lendemain matin. Les rayons du soleil passent à travers les fissures de la porte et inondent la pièce d'une douce lueur dorée. Je me sens sereine, pour la première fois depuis longtemps. Mais cela est de courte durée. Tout ce qui s'est passé hier me revient en vagues successives et douloureuses. L'angoisse m'étreint la gorge et je commence à manquer d'air. Je me redresse en position assise et porte instinctivement ma main à mon cou. Je remarque alors que je suis seule dans la maisonnette. Yoran et Arès ne sont plus là. L'espace d'un instant, je crains de ne jamais les avoir vraiment retrouvés, que ce n'était qu'un rêve. Pendant cinq minutes, je marche de long en large dans la pièce en tentant de remettre de l'ordre dans mes pensées. Finalement, la porte grince, me faisant sursauter, et Arès pointe le bout de sa truffe à l'intérieur, suivit de près par Yoran.

- Désolé de t'avoir laissé seul, je n'étais pas très loin, m'informe-t-il. J'ai remarqué que tu n'avais plus ton sac à dos de provision, alors je suis parti chasser avec Arès.

Il lève le bras, deux lapins dans la main, puis me tend un couteau que je reconnais comme étant celui que Christophe m'a donné.

- C'était mieux pour chasser. Le pistolet aurait fait trop de bruit et les balles sont précieuses.

Je prends le couteau. Il ne présente aucune trace de sang. Yoran a dû le rincer dans la rivière que je me souviens vaguement avoir traversé hier.

- Tu dois être un habile lanceur pour avoir eu ces lapins avec un couteau, le complimenté-je.

- En fait, j'ai grimpé en haut d'un arbre et je leur suis tombé dessus.

Je hoche la tête et me laisse glisser de nouveau sur le sol.

- Il est tôt, je vais faire cuire les lapins tout de suite dans la cheminée. Avec un peu de chance, nos traqueurs ne sont pas encore réveillés.

- Peut-être qu'ils n'ont même pas dormi et qu'ils nous cherchent encore.

Yoran me lance un petit sourire triste.

- S'ils nous traquent, c'est principalement pour se venger et par orgueil. Ils ne nous considèrent pas comme une menace sérieuse. Crois-moi, ils prennent le temps de dormir.

Je ne réponds pas. Je sais qu'il a raison. Nous ne sommes rien de plus que des animaux pour les Amoqs Haeras. Des lions au mieux, mais des animaux quand même, bons uniquement à être chassés voire exposés comme trophées. Yoran me tourne le dos pour aller s'occuper du repas.

- Tu peux me redonner ton couteau pour que je les vide, s'il te plaît ?

Je le lui tends et l'observe préparer les lapins.

Aeternam GalaxiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant