LONDON TATTOOS - H.S

CHAPITRE VINGT

Je raclais les tréfonds de ma gorge pour lui faire signe de ma présence, étant bien trop absorbée par les courbes de ses esquisses. Il releva instinctivement le visage avant de me fixer surpris. Sa main gauche quitta le corps de son crayon de papier pour s'aventurer à travers ses longues boucles.

- Bonjour. Susurrai-je amusée
- Hi. Se contenta-t-il de répondre en me regardant attendri

Je déposais avec précaution mon verre de jus contre la surface d'un petite table d'angle brune avant de le rejoindre à l'opposé. Il semblait beaucoup plus reposé que la veille et j'aimais croire que le mal s'était évaporé, mais bien sûre je n'étais pas si naïve. Je m'appuyais légèrement contre le rebord de son plan de travail avant d'observer minutieusement ses dessins.

- C'est beau, Harry. Le complimentai-je

Il se contenta de me sourire faisant naître une fossette au creux de sa joue droite. Probablement encore sous le choc de ses émotions, il détourna lentement le regard pour continuer de fixer ses dessins.

- Tu sais, je n'abandonnerai pas, je vais te tatouer. Relançai-je malicieusement
- Je sais, Jade. Susurra-t-il calmement

Un court silence s'installa entre nous avant que je n'épie l'intégralité de son studio de tatouage. C'était vraiment lui, son univers. D'une certaine façon, je me trouvais chanceuse de pouvoir l'approcher de plus près.

- Montre-moi. Ordonnai-je sur un ton sérieux
- De ? Repris le bouclé en haussant un sourcil
- Montre-moi comment tatouer. Conclus-je en le fixant

Les iris du bouclé s'ancrèrent aux miennes et un long frisson me parcouru la colonne vertébrale. Mon cœur battait presque douloureusement à l'idée d'enfin passer à l'action. Harry joua nerveusement avec ses phalanges avant de m'offrir un sourire rempli de gêne.

- Tu ne sais même pas dessiner un bonhomme correctement Jade. Se moqua-t-il en souriant

- Tu m'as dit de croire en ce que je voulais faire, et bien, je veux tatouer, genre maintenant. M'emballai-je surexcitée

- Okay. Accepta-t-il sans broncher

Je haussais un sourcil surprise par sa réponse. Je m'attendais à devoir me battre pour le convaincre, mais il avait finalement décidé de me donner ma chance. Il remballa d'un coup de main aussitôt ses nombreuses esquisses en les rangeant soigneusement. Il fit virevolter le tabouret sur le sol pour se retourner jusqu'à un autre plan de travail réservé à ses machines et ses encres. Il ouvrit promptement un tiroir et commença à fouiller à l'intérieur. Ses sourcils étaient froncés comme si ils cherchaient le graal. Lorsque je le vis sortir une petite machine métallisée, je sentis mon cœur s'emballer.

- Viens. M'ordonna-t-il.

Il tapota le renflement de ses mains contre ses cuisses pour m'indiquer ses intentions. Aussitôt, sans hésiter je pris place sur ses genoux. Cette soudaine proximité me colora les joues d'un rose bonbon. Son avant-bras droit encercla fermement ma taille pour me maintenir sur place alors qu'il fouilla à nouveau à travers son petit tiroir. Il en sortit une paire d'aiguilles sous filme ainsi que deux petits pots d'encres. De la force de ses cuisses, il poussa le tabouret qui supportait nos poids respectifs pour rejoindre l'autre plan de travail. Mes mains s'accrochèrent innocemment contre son avant-bras.