N°40

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Locaux de la Mafia Portuaire. 00h32.

Chûya Nakahara jeta un coup d'oeil à l'horloge murale et laissa échapper un long soupir en constatant qu'il était déjà minuit passée. Il avait espéré rentrer chez lui tôt pour une fois, mais c'était sans compter sur les Lézards Noirs et leur grosse prise de la journée : Yukio Mishima.

Un gros nom de la Mafia Tokyoïte et l'un des plus grands assassins que la Pègre japonaise ait connu. Sa capture était un tel miracle qu'il valait bien de faire quelques heures supplémentaires pour l'interroger. Enfin... Si seulement, leur victime daignait parler.

Ils y étaient depuis quatre heures et rien n'y faisait. Malgré son jeune âge, (dix-sept ans), sa vie entière passée au milieu du sang, de la violence et de la torture, le rendait extrêmement résistant à la douleur.

Le pire là-dedans, c'est Chûya ne servait à rien. Il n'était que l'ultime recours que Mori utiliserait quand il aurait marre de n'obtenir aucune information croustillante sur la Mafia rivale. Le petit roux ne savait même pas en quoi il pouvait être considéré comme une arme fatale. Ce n'était certainement pas son pouvoir qui aurait un quelconque effet sur ce gamin. Et à juste titre : Mishima risquait bien plus à parler qu'à se taire.

- Rien à faire, lâcha Mori en revenant de la pièce où ils retenaient leur prisonnier. Les coups de scalpels n'ont pas le moindre effet. Ce type est rôdé, au possible.

- Étonnant.

C'était sarcastique. Mais à cette heure de la soirée, Chûya n'avait plus que ça pour rester éveillé. Mori ne s'en formalisa pas et se contenta de soupirer en essuyant une tâche de sang sur sa joue d'un revers de manche.

- Vas-y.

- Pardon ?

- Foutu pour foutu, autant jouer toutes nos cartes.

- Que voulez-vous que je fasse de plus que vous ?

- Il est jeune. Vous avez presque le même âge, peut-être que...

- Si vous pensez que ça suffira à lui faire cracher quoi que ce soit, vous pouvez tout aussi bien vous scalper vous-même.

- Tu as mieux à faire ?

Chûya aurait bien aimé répondre que oui, mais ça aurait été mentir. Il n'était même pas sûr d'avoir encore de quoi manger dans son réfrigérateur. Et ce n'était pas comme si quelqu'un attendait son retour à l'appartement.

Forcé d'admettre que son patron avait raison, il grogna brièvement avant de se résoudre à rejoindre leur salle d'interrogatoire slash torture.

Mishima se tenait assis sur une chaise en métal rouillé, le corps visiblement épuisé et un large filet de sang sur la tempe. De multiple ecchymoses se dessinaient sur son visage et des coupures fraîches suintaient sur sa peau, çà et là. Malgré son état pitoyable, le jeune garçon souriait, moqueur et loin de se soucier de sa captivité.

Typiquement le genre d'individu avec lequel il est impossible de discuter.

Chûya soupira d'avance et s'installer nonchalamment sur la chaise qui lui faisait face, sans chercher à masquer son ennui.

- J'imagine qu'il n'y a pas moyen que tu me rendes service en crachant gentiment tout ce que tu sais pour que je puisse rentrer chez moi ?

Tout ce que le jeune "cracha", ce fut du sang, résidus des coups qu'il avait dû recevoir dans le ventre. Chûya ignora pourquoi, mais il se reconnut un peu dans ce garçon. Jeune, en cavale, sans foyer et couverts de bleus parce que la violence est parfois le seul moyen qu'on a de survivre.

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⏰ Last updated: May 12 ⏰

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Double Ancrage || SoukokuWhere stories live. Discover now