N°33 (PARTIE I)

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PREMIÈRE PARTIE

Appartement de Chûya Nakahara. 23h12.

- Non.

- Oh, allez ma limace, s'il te plaît.

- J'ai dit non.

Chûya s'apprêta à refermer la porte à la face de son ancien coéquipier mais c'était mal connaître le côté borné et infatigable de la personne. D'un pied et d'une main stratégiquement calés dans l'embrasure, Dazai parvint à empêcher son interlocuteur de le fuir. Hors de question qu'il abandonne maintenant.

- Merde, Chûya ! J'ai dit « s'il te plaît ». Ça ne signifie donc rien pour toi ?

Si Dazai espérait le faire craquer avec ce genre de discours et cette moue exagéré, il pouvait se mettre le doigt dans l'œil. Ce n'était pas quelques formules de politesses et un regard de chien battu qui allait le faire changer d'avis.

Sans même prendre la peine de répondre, Chûya força davantage de son côté pour refermer la porte, espérant secrètement écraser les doigts de cet abruti de maquereau dans la foulée. Mais la force de ce dernier restait difficile à contrer, et le bois ne fit que crisser de quelques centimètres à peine.

Chûya ravala un juron et leva les yeux au ciel.

- Tu sais très bien que je ne quitterai pas ce palier tant que tu ne m'auras pas dit oui.

Ce n'était pas une menace implicite mais un simple état de fait. Dazai avait parfaitement conscience d'être insupportable au possible et l'utilisait en sa faveur. Il était impossible que Chûya gagne ce débat, déjà stérile. Même s'il préférait croire le contraire.

Le déni lui permettait de mieux dormir.

Le petit roux laissa un léger silence s'écouler et finit par soupirer. Il rouvrit la porte en prenant bien soin de garder les yeux rivés sur le sol. Plutôt crever que d'avoir à affronter le sourire fier de la momie ambulante.

Il finit par se redresser et se racla la gorge avant de parler :

- À genoux.

Dazai fronça les sourcils à cette déclaration.

- Je te demande pardon ?

- Tu m'as très bien compris. À genoux.

Évidemment qu'il avait compris mais Chûya ne pouvait pas être sérieux. Ou peut-être que si, à en juger par ses bras croisés sur sa poitrine et son regard déterminé. 

Il lâcha un rire jaune.

- Arrête de te foutre de moi, tu-

- Je ne le répèterai pas une troisième fois.

- OK, OK, fit Dazai. Ça va, je vais le faire.

À contrecoeur mais toujours dans cette approche théâtrale dont lui seul avait le secret, il déposa un genou à terre et s'efforça d'avoir l'air le plus convaincant possible.

- Je ne savais pas friand de ce genre de jeu mon Chûya.

Il n'avait pas pu s'en empêcher. Aussi fort avait-il envie de le convaincre, Dazai restait Dazai, qu'il soit en position de faiblesse ou pas. C'était d'ailleurs étrange de se retrouver à observer son petit porte-chapeau sous cet angle. C'était donc ainsi qu'il voyait le monde.

- Ma limace, me ferais-tu l'insigne honneur de me rendre ce service ?

Le mafieux afficha un sourire satisfait, visiblement content de voir son ex-partenaire ainsi soumis.

Double Ancrage || SoukokuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant