Chapitre 20

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Ses mains se détachent des miennes et je regrette ce mouvement de recul.

— Il est tard, je devrais te ramener chez toi.

Je lâche un soupir de frustration et je m'étonne de ne pas cacher ce sentiment-là.
— Marchons dehors.
— À cette heure ?
— Il n'y a pas d'heure pour faire une promenade, je dis en souriant bien qu'il ne me voit probablement pas.

Il m'informe qu'il a apporté mes talons et je les enfile en toute vitesse avant de rencontrer l'air doux qui m'embrasse joyeusement.

Je ne lui ai pas demandé comment s'est passé la dernière heure. Je n'ai aucune idée de comment il s'en est pris pour rendre Reese à son père et encore moins dans quel état Dave Smith se trouve.

S'il y en a bien une qui sera étonnée de ma rencontre avec sa star préférée, c'est bien Ivana.

— Il n'y a une chose que tu ne m'as pas demandé, je lui rappelle en essayant de synchroniser nos pas.
— Quoi donc ?
— Ma vérité.

Nous nous sommes rapprochés dans un coin éclairé de la ville, la vie semble encore animée dans ces quartiers à cette heure. Peut-être bien parce que c'est un endroit touristique.
— Je ne te demanderais jamais quelque chose dont tu ne voudrais pas parler, me rassure t-il.
— Veux-tu savoir ou pas ?

Il me lance un regard de défi auquel je réponds aussitôt.
— À t'entendre on dirait que tu t'apprêtes m'annoncer que tu es la fille d'un agent du FBI ou pire encore, que tu en fais partie.

Je rigole à sa plaisanterie et lui incite de reprendre notre marche.
— Pas vraiment. Ma vérité est bateau.
— Et quelle est-elle ?
— Eh bien, j'ai toujours détesté l'école, je n'étais pas une très bonne élève lorsque j'étais enfant.
— Voilà qui m'étonnes.
— Au collège et au lycée je détestais la pression inutile que les enseignants nous apportaient, je suis tombée dans leur piège de réussite scolaire et je suis même parvenue à sauter une classe. Vu mon niveau plus que médiocre, j'ai dû sacrifier tellement de nuits et c'est ce qui m'a valu plusieurs des visites à l'hôpital. Enfin bref, j'ai horreur de cet esprit compétitif. Cette haine que l'on ressent chacun envers l'autre. Au fil des années j'ai alors réfléchi et j'ai compris.

— C'est le moment où je suis censé te demander quel est le fruit de ta réflexion ?
— Exact !
— Alors dis moi, Allyson Dawson, que t'as apporté cette réflexion existentielle ?
— Merci de poser la question, très cher Eden. La réponse est que le problème est enfoui plus profondément encore.
— C'est-à-dire ?
— Cette pression est instaurée subtilement dès l'école primaire, c'est pourquoi le système scolaire est aussi traumatisant. À aucun moment l'enfant ne s'épanouit.

Il me regarde, attentif. J'aime ce regard qui semble m'offrir toute l'attention du monde.
— J'ai décidé de devenir maîtresse pour y remédier, voilà tout.
— C'est donc cela la chute ? Elle est si évidente.
— Je ne t'autorise pas à te moquer de ma vérité !
— Jamais, jure t-il avec un sourire charmeur.

Je lui tends mon téléphone et mes clés afin de détacher ma robe qui s'est retenue à mon talon. La tâche se révèle être plus rude qu'elle n'y paraît.
— Oh, vingt appels manqués d'Evans. Je me disais bien que tu étais du genre à faire la désirée, se moque Eden en allumant l'écran de mon téléphone.

Je manque de m'étouffer avec ma propre salive.
— Qu'est-ce que tu fais ? Je ne t'ai pas demandé de vérifier mon téléphone !
— Petite dispute de couple, c'est ça ? Il est au courant qu'en ce moment même tu es avec un autre homme ?
— Ne dis pas ça comme ça.
— Comment ?

À Travers Nos CœursDove le storie prendono vita. Scoprilo ora