Chapitre 9

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Deux jours.

Deux foutus jours sans l'avoir vu. Quatre si je prends en compte le week-end.

 Aucune nouvelle de lui.

Mon estomac se noue à l'idée de le revoir une nouvelle fois. Demain. Demain on se reverra finalement. Je prie intérieurement pour avoir les réponses à mes questions. Je dois comprendre, je dois savoir et clôturer cette affaire. La terminer, tourner la page. Toutefois, ce n'est pas ce que mon cœur souhaite. Le connaitre ne m'est plus suffisant, il me faut le comprendre. La complexité de ma requête provoque en moi une chaleur déconcertante. 

- Je pense que tu ne devrais pas retourner travailler insiste Liam au téléphone.

Je maintiens mon téléphone à une distance inutile, effrayée qu'il puisse entendre mes pensées. Ces pensées qui ne doivent jamais sortir de mon esprit. Des pensées qui me brûlent tant elles me semblent inavouables, interdites, tentatrices.

- Je reviendrais demain, je vais bien. Je dois reprendre le programme, tu sais bien que l'éducation nationale est en manque d'enseignants, Liam. Je ne veux pas être une source de problème pour les enfants. Ils ont besoin de moi.

Et moi j'ai terriblement besoin de lui. 

Je pique un fard et mon esprit s'alourdit une nouvelle fois. Depuis combien de temps me suis-je mise à penser à lui de la sorte ? Depuis quand suis-je autant dépendante de lui ?

La réponse à ma question m'enflamme entièrement puisqu'elle est si évidente qu'elle me percute en pleine face : depuis toujours. Dès l'instant ou cet homme a captivé mes yeux dans les siens, je me suis rendue compte de sa personnalité énigmatique. De sa personnalité mystérieuse et affreusement tentante. Les palpitations s'intensifient et de nouvelles questions s'immiscent en mon être.

Je ne suis pas amoureuse. Non. Je suis envoutée par cet homme, intéressée, captivée. Avide.

- Monsieur Green est venu déposer Thomas, aujourd'hui ? Je demande la voix faible.

Liam prend plusieurs inspirations avant de répondre et j'espère follement qu'il me réponde par l'affirmatif. Son ton est hésitant, étonné et surtout méfiant.

- Oui. Comme toujours, Allyson. Tu veux lui passer un message ?

- Non. Non, non, enfin. Non.

Je reviens sur une autre question concernant les élèves, de peur que Liam se pose des questions qui n'auraient pas lieu d'être.

Je ne suis pas amoureuse ni même un putain de détective qui cherche à découvrir la vie d'un homme que je ne connais pas. Je ne suis rien de tout ça. 

Rien de tout ça, oui. Ou peut-être bien que je me mens à moi-même.

Peut-être que je le suis bien ce foutu détective.

Et que j'adore l'être autant que ce danger qui me laisse interdite.

***

Le choc était plus sévère que les conséquences. Mon corps n'a gardé pratiquement aucune séquelle de l'événement. Mon esprit cependant... 

Je ne suis ni traumatisée ni même apeurée comme le prétendent mes parents. Au contraire, je me porte parfaitement bien, peut-être même trop bien. Sûrement que je ne suis que trop prête pour le revoir. Je regarde le pansement en forme de dinosaure qui cache une de mes légères plaies, sur la main. Des souvenirs de mon enfance me font sourire. Je rêve de faire en sorte que l'enfance de mes élèves soit la plus belle période de leur vie. Sans regret, sans peur ni crainte. Une douce période dans laquelle ils peuvent se sentir libre de se reposer sur l'épaule d'un adulte digne de confiance.

À Travers Nos CœursWhere stories live. Discover now