Chapitre 6 Réécriture : Le Vrai Visage Du Jeune Homme Mystérieux

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En sortant du confessionnal, mon esprit embrumé continue de me contrarier. Le visage déformé par la haine et la colère de cet homme me hante, jour après jour, jusque dans mes songes. 

Comment peut-on haïr à ce point la chair de sa chair, le sang de son sang ? pensé-je. 

Plusieurs jours après ce sinistre spectacle, je reste profondément marquée par cette tragédie. Je cherche à comprendre une réalité qui m'est totalement inconnue. Ma vie familiale est comparable à un cocon d'amour et d'affection, l'extrême opposé de celle d'Enzo. Pour pouvoir tourner cette triste page, il me faut des réponses. Ma quête de compréhension m'embarque dans une longue discussion avec mes parents, mais sans explications pouvant calmer mon esprit tourmenté. Je peux entendre que certains événements dans une vie peuvent briser une personne, mais je ne comprends pas que cela puisse engendrer ce genre d'actes envers ses proches.

Naturellement, je me tourne vers Dieu, mais là encore un écueil supplémentaire, “le bien ne peut exister sans le mal”. 

Voilà ! La phrase miracle de notre chère église face aux maux qui rongent notre société actuelle. Voilà ! La phrase magique qui justifie toute la misère et la cruauté du monde. 

Je poursuis mon chemin pensive, seule sur cette allée. Le chant des oiseaux, de cette fin d'après-midi, ne parvient pas à adoucir mon esprit devenu revêche. Le son lancinant des cigales m’agace un peu. Les cris des enfants jouant au parc me semblent lointains et sans importance. Je fulmine intérieurement, quand je m'écroule sur l'assise de la balançoire. Dans cette pseudo chute, je laisse échapper un soupir, témoin éphémère du poids de mes tracas. Je me balance légèrement au gré de la brise estivale qui se faufile dans ma crinière châtain, faisant danser quelques mèches sur mes épaules. Mes orbes noisettes perdus dans l'immensité du ciel qui perce à travers la toison verdoyante des arbres du parc. 

– Tu as l'air perdu dans tes pensées, me chuchote une voix masculine. 

Je me lève d’un bond de la balançoire, surprise par cette tirade, pour me retrouver nez à nez avec Enzo. Il m'observe avec son air rieur habituel. Depuis le drame je ne l'avais pas revu, il était resté à l'hôpital plusieurs jours des suites des multiples blessures qu'il avait eu. 

– Et toi, tu as l'air en forme, plaisanté-je. Tu es sorti quand de l'hôpital ? continué-je 

Il me prend la main pour me tirer contre lui avec une grande douceur. Il m'enlace avec délicatesse dans ses bras. Je sens la chaleur de son corps sur le mien. Ses mains glissent le long de mon dos, son étreinte se resserre. Je dissimule mon visage contre son torse pour cacher mon trouble. Mon cœur bat bien trop vite, je suis collée à lui, n’espérant qu'une chose qu'il ne sent pas le tambourinement de ma poitrine. Nous restons ainsi silencieux. Je présume que sa sortie de l'hôpital est récente, car il porte encore sur lui l’odeur de désinfectant typique du milieu médical. 

– Ah super tu es revenu ! s'exclame mon frère qui nous a rejoints pour saluer Enzo. Elle va arrêter d'être bizarre maintenant, rajoute-t-il en s'éloignant pour retourner s'amuser sans me laisser le temps de l'attraper pour l'étriper. 

Je repousse légèrement Enzo, la honte s'invitant sans gêne sur mon visage. Il rigole à gorge déployée de l'audace de mon cadet. Je  ne sais pas comment réagir, je me sens très bête sur le moment, David adore me jouer ce genre de petit tour embarrassant. 

– Ne… Ne l'écoute pas il raconte n'importe quoi, arrivé-je à articuler.

Il est vrai que ces derniers jours je me suis mise à l'écart, mais c'est dû au traumatisme de cette soirée. Il pose sur moi un regard très tendre après avoir repris son sérieux. 

Métérise En Réécriture Where stories live. Discover now