6. Libertés éphémères

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Apercevoir cette grande quantité de sang me fait paniquer. Mélangé à la migraine qui me torture depuis plusieurs heures, je décide d'ignorer Alex et Faustino. Je continue mon chemin en direction de l'armoire et trouve plusieurs calmants. Je récupère une boîte et fais demi-tour vers la sortie.

- Qu'est-ce que t'as pris dans l'armoire ? me demande Alex en essayant de stopper le sang ruisselant le long de l'épaule de son partenaire d'affaires.

- J'ai pris des anti-douleurs, lui répondais-je évitant toute vue du sang.

Mon regard croise alors celui de Faustino qui se durcit instantanément. Je détourne le regard, feignant l'indifférence.

- Prend ton cachet et dépose la boîte. Va me chercher une pince et des compresses dans l'armoire, dépêche toi ! s'écria t-il.

Excédée, je laisse échapper un soupir, j'avale le médicament avant de lui donner la boîte. J'espère que le médicament fera effet rapidement, il fallait que ça tombe sur moi. De nouveau, je m'oriente vers l'armoire à pharmacie et récupère tout type de matériel de soin que je dépose sur la table sur laquelle Faustino était avachi.

- Appuie suis sa blessure, je vais chercher du désinfectant, me dit-il en laissant la plaie de Faustino béante.

Il se dirige vers la sortie me laissant seule avec lui.

- Tu veux que je me vide de mon sang ? me demanda Faustino.

Je m'active et appuis sur sa blessure masquant mes réflexes vomitifs. Ma respiration s'accélère, maintenant tant que possible le flot de sang hors de mon champ de vision.

- Quel ironie du sort, n'est-ce pas ?

- Devoir te soigner alors que je suis moi-même malade ? rétorquais-je.

- Être susceptible de tomber sur une marre de sang n'importe jour sachant que tu n'en supporte pas la vue.

J'ignore sa remarque et attends dans la même position pendant plusieurs minutes pendant que mes forces commencent à faiblir. Du regard, je cherche quelque chose pour faire un garrot mais je ne vois rien.
Peu de temps après, mon regard croisa de nouveau celui de Faustino pendant ma recherche désespérée. Des gouttes de sueur coulent de son front caché par ses cheveux bruns, eux-aussi trempés. La lueur de ses yeux noisettes se perd dans sa douleur.

- Patrick m'avait dit... que tu... lui ressemblait beaucoup, déclare-t-il cherchant son souffle.

Je crois qu'il perd trop de sang, je faiblis et ma pression n'est plus suffisante. Je dégagea mes mains pour chercher de l'aide mais il me rattrape faiblement avant même avoir eu le temps de me retourner.

- Continue, ce n'est pas... grave si tu... perds en pression. Alex ne... vas pas tarder.

Malgré son air peu commode, des parcelles de peur et de fatigue se dévoilent partiellement. Je me remets en position pour refaire pression sur sa blessure.

- Tu perds trop de sang.

- Je sais. Il reviendra dans... pas longtemps, contente-toi... d'appuyer, m'ordonne t-il avec essoufflement tout en me regardant dans les yeux.

L'observant, je vois ses forces s'évaporer au fur et à mesure que le temps passe.

- J'ai parlé avec... mon père plus tôt. Tu n'as absolument rien de spécial, Davidson, dit-il en insistant sur ses derniers mots. Tu quittes GBI dès qu'on récupère...

Il se débrouille à être désagréable alors que sa vie dépend peut-être de moi, c'est quoi son problème ?

- Je n'ai rien demandé, rétorquai-je en maintenant le regard. Je risque ma vie en faisant ce que ton père me demande, si ça peut te rendre heureux.

Les Liens de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant