Chapitre 3

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                   Je me tiens immobile, telle une statue, le regard fixé sur la porte que Deacon vient de fermer derrière lui. Les mots qu'il a laissés en suspens dans l'air résonnent encore dans ma tête : « Le patron t'ordonne de te doucher. Dépêche-toi ou il risque de sévir. ». Sa voix, étonnamment posée, contraste avec le tumulte intérieur qui me déchire.

La chambre autour de moi semble se rétrécir, les murs se rapprochent. Je me glisse dans un coin en fermant les yeux.

— Calme-toi, Catherine, me répété-je tremblante.

Je prends une grande inspiration et j'ouvre les yeux. Je me dirige vers la porte que j'ouvre. Deacon dans son costume noir, le crâne rasé et tatoué, tourne la tête dans ma direction. Avec sa stature imposante et son regard impassible, il s'est transformé en geôlier, veillant à ce que je reste confinée entre ces quatre murs. Sa présence devant ma porte est une chaîne invisible me liant à Nathaniel Frost. C'est un rappel constant que ma liberté m'est désormais étrangère.

Pourtant, au milieu de cette tempête d'émotions, une étincelle de rébellion continue de briller. La fenêtre qui n'est pas verrouillée est un phare dans la nuit noire de mon désespoir. Deacon a peut-être fermé la porte. Toutefois, il n'a pas enfermé mon esprit. Ma volonté de fuir est plus forte que jamais. Les premières vingt-quatre heures sont cruciales dans ce genre de situation.

Avec une résolution fragile, je m'approche de la fenêtre, mes doigts effleurant le verre froid. C'est une ouverture vers un monde que je désire désespérément rejoindre. Loin de Nathaniel, de ses menaces et de son emprise terrifiante. J'ouvre et je pousse la fenêtre avec précaution.

— Un deuxième étage... c'est jouable, tenté-je de me convaincre.

La fenêtre grince légèrement. Je grimpe sur son rebord, mes jambes tremblantes non pas de froid, mais de peur et aussi un peu d'espoir. Je prends une profonde inspiration. Jetant un dernier regard derrière moi, je me laisse glisser hors de la pièce, suspendue dans le vide. La froideur du vent caresse mon visage alors que je descends lentement le long de la façade du château, mon cœur tambourinant dans mes oreilles. Chaque pierre, chaque crevasse dans le mur est un obstacle à surmonter. Mes doigts crispés s'accrochent désespérément à la maçonnerie tandis que mes pieds cherchent une prise sur la paroi verticale.

— Ne regarde pas en bas, me répété-je inlassablement.

Je poursuis ma tentative de fuite quand la lampe de ce qui semble être une chambre est allumée. Une silhouette athlétique apparaît derrière une vitre et me foudroie de son regard le plus sombre.

Nathaniel !

Sa présence me glace le sang à tel point que je manque de vaciller.

Il ouvre la fenêtre.

— Catherine, quelle drôle d'idée as-tu ? lâche-t-il exaspéré.

Avant même que je puisse réagir, Nathaniel, nu, me saisit par la taille avec une facilité déconcertante. Le prédateur vient d'attraper sa proie.

Il me soulève et je me retrouve jetée par-dessus son épaule comme une poupée de chiffon dans les mains d'un géant. Ma résistance est vaine. Je me débats, mais contre lui, je suis aussi menaçante qu'une mouche contre un lion. Il me ramène à l'intérieur du château avec une détermination qui broie ma volonté.

— Lâchez-moi espèce de brute ! Gros rustre !

— Tout doux, princesse, assène-t-il en me claquant la fesse d'un geste vif.

Je hurle de plus belle.

Nathaniel me pousse sous la douche, mes vêtements toujours sur moi. L'eau glaciale me frappe.

— On t'a demandé de te laver. Ne dégueulasse pas les draps, gronde-t-il, sa voix résonnant dans le carrelage comme le tonnerre dans une vallée.

Je me débats sous le jet d'eau, tentant de repousser Nathaniel. C'est peine perdue. Il reste stoïque. Un roc contre lequel mes vagues de rébellion viennent se briser.

— Kate, il va falloir te calmer.

J'arrache le pommeau de douche et le retourne contre mon geôlier qui me le prend des mains et l'écarte de nous.

— Agir de la sorte n'arrangera pas ta situation. Tu ferais bien de t'en souvenir si tu tiens à ta vie... et à celle de tes proches.

Sa menace, dite d'une voix basse, mais chargée d'intention, me transperce le cœur.

La peur, plus forte que la colère et que la honte, m'envahit. Les mots de Nathaniel sont une étreinte glaciale. Ils me rappellent ma vulnérabilité, mon impuissance. Mes proches... Oh mon Dieu ! Je n'avais pas pensé à eux. L'idée qu'ils puissent souffrir à cause de moi est insupportable.

— Laissez ma famille en dehors de tout ça !

— Par famille, tu entends ta mère alcoolique ? Le père qui a quitté le domicile conjugal pour sa jeune assistante ? Fais-tu référence à ton oncle ? Ce drogué.

— Enfoiré ! Vous êtes bien renseigné ! craché-je.

— Je ne laisse jamais rien au hasard, conclut-il en lâchant mon poignet qu'il tenait fermement entre ses longs doigts.

Ma résistance s'effondre. Je cesse de me débattre, laissant l'eau froide bientôt tiède me nettoyer.

— Je vais attendre derrière la porte de la salle de bains dans ma chambre. J'imagine que nous ne partagerons pas le même lit, cette nuit, ironise-t-il.

— Allez au diable, murmuré-je en évitant son regard, d'un bleu clair, perçant.

Nathaniel, satisfait, quitte enfin la pièce. Je m'écroule contre la paroi de la douche.

Alors que l'eau continue de couler, chaque goutte est un rappel de ma situation précaire. De la fragilité de ma vie et de celle de ceux que j'aime.

Cette humiliation est une leçon que je ne suis pas près d'oublier. Nathaniel m'a montré qu'il est le maître de mon destin, qu'il peut modeler ma vie selon son bon vouloir. S'il croit tenir une proie douce et docile, il se trompe. Je ne me laisserais pas faire.

Que me veut-il ?

Alors que je ferme le robinet d'eau grelottante et vulnérable, une résolution amère se forme dans mon esprit.

La vengeance est un plat qui se mange froid.

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Beaucoup de questions sans réponse pour Catherine !

XOXO

CAGE DORÉE - PrisonnièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant